La culture semble faire l’objet d’un regain d’engagement dans l’agenda de l’Union Africaine (UA), qui a perçu l’importance de révéler la grandeur de la richesse culturelle du continent.

« La culture, déclare un pédagogue japonais, c’est ce qui demeure en l’homme, lorsqu’il a tout oublié ». Cette citation prouve à souhait que la culture est l’ADN de chaque être humain. L’Afrique a besoin de révéler la grandeur de sa richesse culturelle car, cette richesse est le socle de sa singularité.

L’Union africaine essaie tant bien que mal d’inscrire dans son Agenda 2023. La question de la culture fait partie des sept aspirations de l’UA dans l’agenda U63 intitulé «Nos aspirations pour l’Afrique que nous voulons ». L’aspiration 5 relative à la culture est libellée : « Une Afrique dotée d’une forte identité culturelle, d’un patrimoine commun et de valeurs et d’éthique partagées ».

Atteindre cet objectif exige ainsi « une renaissance culturelle africaine prééminente qui inculque l’esprit du panafricanisme; l’exploitation du riche patrimoine et la culture de l’Afrique pour faire en sorte que les arts créatifs contribuent de manière significative à la croissance et à la transformation de l’Afrique ; et la restauration et la préservation du patrimoine culturel de l’Afrique, y compris de ses langues ».

La création au sein de l’UA, d’un conseil dédié à la promotion de la culture participe de la volonté de concrétiser cette aspiration. Des orientations stratégiques et un plan d’action devraient être élaborés dans ce sens. Aussi, entre autres, les chefs d’État ont proposé le renforcement des échanges intercommunautaires et interculturels sur le continent.

Un des projets phares annoncé au niveau de l’UA est celui du grand musée africain qui vise à faire connaître « les artefacts culturels vastes, dynamiques et divers de l’Afrique ainsi que l’influence que le continent a eue et continue d’avoir sur les différentes cultures du monde dans des domaines tels que l’art, la musique, la langue, la science, etc ».

De la restitution des biens culturels

La Restitution des biens culturels africains : Macron face à l’histoire.(Source : pressafrik.com)

L’engagement de l’UA pour la promotion des arts, de la culture, et du patrimoine africain s’exprime dans un contexte marqué par le débat sur la restitution des biens culturels africains. Le Benin qui avait réclamé officiellement, le 1er août 2016, le retour de son patrimoine fait partie des premiers défenseurs de la cause sur le continent.

Le 17 janvier 2020, ce sont 28 objets appartenant aux anciens rois d’Abomey qui ont été rendus au Benin, après leur acquisition par un collectif d’antiquaires français passionnés d’art africain et du Bénin. Les échanges se poursuivent entre les autorités béninoises et françaises pour fixer ensemble les étapes et modalités de restitution de ces biens culturels.

Dans la même dynamique, en novembre 2019, le premier ministre français Edouard Philipe avait remis symboliquement au président sénégalais Macky Sall un sabre qui appartenait à Elhadj Oumar Tall, le fondateur de l’empire Toucouleur. Ce geste s’inscrit, selon Edouard Philipe, dans l’engagement du président Emmanuel Macron de commencer la restitution du patrimoine culturel africain. Un engagement exprimé depuis novembre 2017, lorsque le président Macron déclarait dans son discours à l’université de Ouagadougou :

«Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique». Ce qui constitue une ouverture dans la politique patrimoniale de l’Hexagone, fondée jusque-là sur l’inaliénabilité des œuvres conservées dans les établissements français et qui protège de ce fait les biens culturels africains répertoriés dans les collections nationales en France.

Une réponse est proposée à travers le « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle éthique relationnelle » de  Felwine Sarr, à l’époque professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (Sénégal), et Bénédicte Savoy, historienne d’art et membre du Collège de France.  

Perspective de restitution

Restitution des œuvres d’art africaines: les nouvelles règles de la Belgique (Source : rfi.fr)

Dans la perspective de la restitution de ce patrimoine culturel africain la concrétisation par l’UA du projet du grand musée africain serait d’une grande importance même si, dans le contexte actuel, il se pose la question de la conception de cette institution.

En effet, dans la même lancée que son collègue Felwine Sarr, et à l’opposé de Stéphane Martin, le philosophe camerounais Achille Mbembé propose de revoir la conception du musée. « Le musée tel qu’il existe est une institution occidentale moderne.

Les objets avaient pour vocation de disséminer les énergies vitales, d’accompagner les communautés. Si on veut réanimer ces objets, il faut les libérer du musée conçu par l’Occident au XIXème siècle, il faut les sortir de la captivité », estime l’universitaire camerounais.

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