Au Yémen, les femmes sont la population la plus vulnérable. Non seulement elles ne jouissent pas de leurs droits fondamentaux mais aussi, leurs libertés individuelles sont bafouées.

Les Houthis ont toujours ciblé les femmes, principalement les journalistes, les militantes des droits de l’homme, les personnalités politiques et d’autres personnes influentes, telles que les top model. Les femmes libres et indépendantes sont l’ennemie de l’idéologie extrémiste des Houthis, qui veulent subordonner et endoctriner les jeunes filles afin de gagner leur guerre idéologique contre les femmes et les hommes libres.

Cibler les femmes est une stratégie utilisée par la milice, soutenue par l’Iran, pour faire taire leurs voix et les priver de la jouissance de leurs droits de participer à la vie sociale, politique et économique du pays, principalement après la révolution arabe.
Il existe de nombreux exemples de la politique des Houthis visant à discriminer les femmes et à recourir systématiquement à la violence physique, psychologique, économique et verbale contre les femmes et les jeunes filles.

Interdiction de voyager sans mahram

Les Houthis ont sévèrement harcelé les femmes qui voyagent sans mahram, empêché les femmes de travailler, imposé la ségrégation sexuelle dans certaines universités, exigé des femmes qu’elles s’habillent d’une certaine manière et mis en danger les femmes en les empêchant d’avoir accès à la santé reproductive  et aux soins.

Plusieurs incidents ciblant les femmes ou restreignant les droits des femmes ont été répertoriés.
Par ailleurs, le 8 août 2020, le président de l’Université de Sanaa, nommé par les Houthis, avait publié une résolution appelant à la séparation des étudiants masculins et féminins lors de la cérémonie de remise des diplômes. Un mois plus tard, les responsables houthis, flanqués d’hommes en armes, s’étaient présentés à une cérémonie dans une université privée yéménite et ont forcé les étudiants à partir, en raison d’infraction sur « l’interdiction de mélange », a témoigné une femme de 28 ans.

Les Houthis ont également cherché à imposer leur vision sur la façon dont les femmes devraient être habillées. Fin 2020, les responsables houthis ont forcé de nombreuses universités publiques et privées, dont l’Université internationale libanaise et l’Université allemande, à publier des consulaires avec des règles sur le code vestimentaire pour les étudiantes.

Des agents pour surveiller l’accoutrement

Il est en outre interdit aux filles et aux femmes de se maquiller lors des mariages et des fêtes, de porter des vêtements courts, une abaya serrée et des couvre-chefs courts. À cet effet, des employées sont chargés, dans les salles lors de mariage, d’assurer que les dispositions sont respectées et de n’autoriser que les femmes portant une abaya et sans maquillage d’assister à la fête.
Une dame, Insaf Hamadi, a même été séquestrée depuis 3 ans, du simple fait que, pour le pouvoir, elle représente la liberté et la beauté yéménite et inspire les jeunes filles et les femmes à la féminité.

Les femmes empêchées de travailler

Il a été souligné que l’expulsion des femmes travaillant à Sanaa par les Houthis avait produit ses effets et que certains employeurs n’aimaient pas embaucher des femmes pour éviter des problèmes similaires. Des cas ont également été rapportés, dans lesquels les Houthis ont interdit à des femmes de travailler dans la province d’Al Hudaydah. En  les empêchant d’avoir accès à leur travail, les Houthis ont recours à la violence économique contre les femmes yéménites, les rendant vulnérables et complètement dépendantes des hommes.
Un rapport de 300 pages, initié par les Nations Unies en janvier 2021 et clôturé le 5 décembre 2021, avant d’être soumis au Conseil de sécurité, révèle que « des femmes politiquement ou professionnellement actives ont été emprisonnées, torturées, handicapées, sexuellement abusées ou opprimées ».

Les experts de l’ONU ont fait état d’abus, de viols et de détentions arbitraires de militantes dans les zones contrôlées par les Houthis.
Ces zones ont également été gravement dévastées par la guerre et sont affectées par l’idéologie radicale que les rebelles imposent à leurs citoyens.

L’année dernière, il y a eu une vague d’arrestations, de tortures et de violences sexuelles contre des femmes politiquement actives, dans l’objectif de les terroriser et les obliger à cesser leurs activités. Ce qui, à coup sûr, menace leur existence.
L’oppression croissante des femmes exprimant une opinion politique affecte leur capacité à participer au processus décisionnel de résolution des conflits. Selon le rapport de l’ONU, « ces mesures ont un effet calmant sur les autres dirigeantes ».

La politique houthie de violence sexuelle et d’oppression des politiciennes et des experts opérant dans la capitale nationale Sana’a et dans la partie nord du pays est utilisée, depuis le début, pour tenter de faire taire les voix libres qui appellent à la liberté, à l’égalité des sexes, à la démocratie et la liberté d’expression.

Les femmes quasiment exclue de la gestion

Le 28 Juillet dernier, la Coalition yéménite des femmes indépendantes menée par leur présidente, Dr Wesam Basindawa, a exprimé son mécontentement face aux développements sur la scène yéménite et aux discussions sur les remaniements ministériels, les changements dans les institutions gouvernementales et missions diplomatiques, ainsi que le processus de nomination, qui a une fois de plus démontré le mépris des partis politiques pour leurs obligations de nommer des femmes.

Il est inadmissible de réformer le gouvernement sans l’implication des femmes dans les postes de décision. Ce qui constitue une volonté délibérée de marginaliser les femmes yéménites et ce, malgré les victoires remportées dans tous les domaines. 
La Coalition yéménite pour les femmes indépendantes a appelé le président du Conseil présidentiel de direction, le Dr Rashad Al-Alimi, et tous les membres du conseil à mettre en œuvre le système de quotas tel que le stipulent les textes sur les résultats du dialogue national, qui a réservé aux femmes yéménites 30% dans le quotte des nominations, pour assurer leur participation au processus de construction du pays, la réalisation de la stabilité et le développement durable. 

La coalition insiste sur la nécessité d’inclure au moins 30% de femmes dans les négociations de paix et dans tous les pourparlers, de renforcer leur participation dans la prise de décision et de parvenir à un équilibre politique et social. Elle rappelle aux membres du Conseil de direction présidentiel le processus d’exclusion et de marginalisation des femmes yéménites depuis le premier gouvernement après la création du syndicat en 1990 jusqu’au dernier gouvernement en 2020, et à travers les 14 gouvernements qui ont été surveillés, au moment où le nombre de portefeuilles ministériels a atteint 444 portefeuilles ministériels, avec la part du lion aux hommes avec 95,9 %, alors que les femmes n’ont bénéficié, au cours des 30 dernières années, que de 18 portefeuilles ministériels, soit un taux de 4,1 %.

Les violations des droits des femmes au Yémen rappellent que l’idéologie radicale des Houthis est incompatible avec les valeurs de démocratie, de liberté, d’égalité des sexes et de justice chères aux pays aspirant à la liberté et à l’indépendance.
L’avenir du Yémen dépend également des femmes. Les exclure des sphères décisionnelles empêche le pays d’avoir un système politique et économique équilibré. Aussi, l’ONU, l’UE et les États-Unis ainsi que les dirigeants du monde libre devraient œuvrer à autonomiser les femmes yéménites et les aider à se libérer du contrôle de la milice houthi, afin d’avoir une vie digne et participer à la construction de leur pays, avec leurs homologues masculins.

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