Le dimanche 13 juin, devant les journalistes, le président Tshisekedi s’est exprimé pour la première fois sur les raisons de son déplacement dans cette ville, qui a été gravement touchée par la coulée de lave consécutive à l’éruption du Nyiragongo, le 22 mai. À cet effet, le chef de l’État congolais a fait d’importantes annonces en termes de besoins humanitaires, mais aussi de sécurité dans cette partie du Congo.
Le président Félix Tshisekedi a promis de tout mettre en œuvre pour accélérer la mise en place des logements temporaires pour plus de 15 000 personnes dont les maisons ont été détruites par l’éruption du volcan. Selon ses propos, dès le lundi 15 juin, il devait se rendre sur les sites qui ont été identifiés pour leur construction.
Il a par ailleurs confirmé l’option du gouvernement congolais d’accélérer le processus de dégazage du Lac Kivu, afin d’éviter un drame plus grave dans le futur, mais aussi les réflexions sur l’éventualité de l’extension de la ville de Goma, qui se situe à une vingtaine de kilomètres à peine du dangereux volcan Nyiragongo.
« Mais rien ne se fera avec précipitation et personne ne verra ses droits bafoués », a-t-il rassuré.
Après Goma, l’Ituri
Concernant l’état de siège décrété en Ituri et au Nord-Kivu depuis un peu plus d’un mois, avec l’installation d’une administration militaire en vue de mettre fin aux violences récurrentes, il a promis d’évaluer les progrès réalisés ainsi que les faiblesses constatées, parce que, à son avis, « tout ne se fera pas comme avec une baguette magique ».
Le président congolais a annoncé qu’il se rendra ainsi en Ituri pour y palper du doigt la situation sécuritaire. Il a ajouté qu’il ira également à Beni. Les violences dans l’est du Congo se sont poursuivies en dépit de l’instauration de l’état de siège.
Trois jours avant l’arrivée de Félix Tshisekedi à Goma, en effet, au moins 9 personnes ont été tuées par des présumés combattants ADF dans le village de Mutuweyi-Mayamoto, à la limite entre les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri. En Ituri même, l’actualité est marquée par les attaques ciblant les localités de Tchabi et de Boga. Dans son adresse, le président Félix Tshisekedi a déploré ces attaques, tout en mettant en avant les hauts faits des Forces armées congolaises, qui ont repris une série de localités jadis occupées par des rebelles et détruit la quasi-totalité de l’arsenal militaire des ADF ainsi que leurs points de ravitaillement.
Il a ainsi assuré de maintenir la pression, rappelant: « L’état de siège est décidé parce qu’à un moment donné il fallait donner la parole à la force. Cette force sera appliquée jusque dans les derniers retranchements de ces barbares ».
Il a fait savoir qu’après évaluation de la situation, il va opérer quelques changements. « Ce qui est vrai, c’est que dans les rangs des forces armées nationales, il y avait quelques imperfections. J’y travaille déjà et compte y travailler ».
Le chef de l’Etat congolais a également promis d’accélérer le processus de DDR, consistant à réinsérer socialement les personnes démobilisées, afin de prendre en charge les combattants qui quittent les groupes armés.
Rencontre prévue avec Museveni de l’Ouganda
Toujours à l’étape du Nord Kivu, le président Félix Tshisekedi devrait se rendra jusqu’à Kasindi, à la frontière avec l’Ouganda, pour notamment y rencontrer son homologue Yoweri Museveni. Il devrait y être question d’avancer sur le projet de construction d’une route qui reliera Goma au territoire ougandais, dans le but entre autre de lutter contre les commerces liés aux activités criminelles.
Déjà évoqué en 2019, le projet de routes reliant l’Ouganda à la RDC a connu un coup d’accélérateur en 2021 avec la signature par les deux pays de deux accords. Trois axes sont concernés, à savoir Kasindi-Beni, long de 80 km ; Beni-Butembo, distant de 54 km et Bunagana-Rutshuru-Goma long de 89 km. Le président congolais dit tenir absolument à la réalisation de ce projet.
Pour lui, « cela contribuera aussi à la recherche de la paix et à l’éradication des groupes armés qui, pour certains, utilisent la violence pour faire business ».
Président en exercice de l’Union africaine, le président Félix Tshisekedi croit, selon son entourage, aux solutions concertées et sous-régionales pour résoudre durablement les problèmes de l’insécurité dans l’est de son pays. C’est dans ce sens qu’il convient de situer les efforts qu’il déploie en vue de réaliser l’intégration de la RDC à la communauté des États d’Afrique de l’Est.
