Plus de trois semaines après la signature d’une déclaration de principes à Washington, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont reçu une version consolidée du projet d’accord de paix à enrichir par les deux parties en conflit.
Le document, version améliorée de l’accord de principes signé, pour la RDC, par la ministre d’État aux Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, et, du côté rwandais, par son homologue Olivier Nduhungirehe, a été transmis par les médiateurs américains, chapeautés par le Secrétaire d’État Marco Rubio.
Il vise à poser les bases d’une résolution durable du conflit dans l’Est de la RDC, mais selon les observateurs, le processus reste encore fragile, alors que les États-Unis souhaitent accélérer les négociations.
À en croire les indiscrétions, le projet d’accord transmis reprend les propositions initiales des deux pays, formulées peu après la déclaration de principes signée sous l’égide américaine. Le texte, encore au stade de brouillon, doit à présent faire l’objet de discussions approfondies.
Des sources proches du dossier estiment que les négociations s’annoncent délicates, notamment sur des points sensibles comme la coopération commerciale autour des minerais stratégiques de la RDC ou les aspects sécuritaires. Pour impulser un nouvel élan, Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au département d’État américain, a personnellement échangé avec les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Le consensus demeure problématique
Si l’Américain Boulos a tout de même qualifié de constructives les discussions avec les deux chefs d’État, il reconnaît néanmoins la difficulté d’aboutir à un consensus. Il faut relever que ce processus s’inscrit dans un contexte régional marqué par une longue histoire de tensions entre Kinshasa et Kigali, notamment liées à la présence et aux activités de groupes armés dans l’Est congolais, comme le M23, massivement appuyé en hommes et en matériel par l’armée rwandaise.
La signature de la déclaration de principes, le 25 avril à Washington, avait suscité un certain optimisme, mais la persistance des combats sur le terrain rappelle la complexité de cette situation qui a trop longtemps duré.
Par ailleurs, d’autres acteurs internationaux, dont la France, le Qatar et l’Union africaine représentée par le Togo, restent impliqués dans les efforts de médiation, soulignant l’enjeu géopolitique de ce dossier.
Sur le plan des perspectives, Kinshasa et Kigali ont été invités à formuler leurs remarques et amendements d’ici au 18 mai sur la version consolidée du projet, un délai visiblement court de l’avis de certains observateurs. Parallèlement, un autre projet d’accord, soumis par les médiateurs qataris lors de discussions à Doha, circule également, bien que peu d’informations soient disponibles au sujet de ce dernier document. Les États-Unis, de leur côté, cherchent à coordonner ces différentes initiatives pour consolider un accord global.
La poursuite des combats complique les efforts diplomatiques
Cependant, la tenue d’une réunion cruciale à Lomé, prévue pour aligner les efforts, reste incertaine, ce qui reflète la fragilité des différentes dynamiques diplomatiques.
Sur le terrain, et ce malgré des tentatives de cessez-le-feu, les affrontements entre forces gouvernementales et notamment le M23, se poursuivent, le groupe terroriste appuyé par les Forces armées rwandaises allant jusqu’à revendiquer la prise de nouvelles localités.
Ce contexte sécuritaire tendu alourdit la tâche des médiateurs et freine les espoirs d’une paix rapide. Des experts estiment que sans un cessez-le-feu effectif, les négociations risquent de stagner.
Plus encore, la dimension économique de l’accord en gestation, notamment la gestion commune des ressources minières, reste un point clé qui pourrait influencer l’issue du dialogue dans un sens comme dans l’autre. Enfin, ce processus met en lumière les difficultés rencontrées pour résoudre un conflit aux multiples facettes, mêlant enjeux sécuritaires, économiques et géopolitiques.
La participation des puissances étrangères, tout comme l’implication des acteurs régionaux, sera déterminante dans les prochaines étapes. Les observateurs intéressés restent en tout cas à l’affût, car les prochains jours s’annoncent cruciaux pour évaluer si l’accord de paix entre les frères ennemis pourra enfin dépasser le stade des intentions pour déboucher sur une réelle stabilité dans l’Est de la RDC. Le décollage de cette grande nation, longtemps entravé par une longue période d’insécurité, dépend de l’issue de cette ultime tentative.