Accueil Société USA : Trump lance la plus grande vague d’expulsions de l’histoire américaine

USA : Trump lance la plus grande vague d’expulsions de l’histoire américaine

Le rêve américain est-il en train de s’évanouir ? Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier 2025 semble le confirmer. En tout cas depuis qu’il a rempilé, près de 47,8 millions de migrants en situation illégale vivent aujourd’hui dans l’incertitude.

Si le rêve de l’Eldorado où chacun pouvait espérer réaliser ses ambitions est devenu réalité pour certains, il est hors de portée pour d’autres. En effet, dès son premier mandat, du 20 janvier 2017 au 20 janvier 2021, Trump avait initié ce changement, bien que ses décisions aient souvent divisé la classe politique. Il réaffirmait sa volonté de mettre en œuvre une mesure forte : la construction d’un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique afin de freiner l’immigration clandestine.
À l’époque, Washington exigeait du gouvernement mexicain qu’il finance le projet. Trump assurait alors : « Nous serons remboursés a posteriori grâce à des transactions avec le Mexique ».
Cette fois-ci cependant, il adopte une approche particulière en appliquant strictement l’expulsion des personnes en situation irrégulière, ciblant particulièrement celles reconnues coupables d’infractions sur le sol américain.
Le nouveau locataire de la Maison-Blanche a signé près de 200 décrets, parmi lesquels sur l’immigration irrégulière, qu’il entend contrôler avec une rigueur absolue. Pour concrétiser cette vision, les autorités militaires ont été déployées pour assurer le transfert des individus interpellés, tandis que le pays est en pleine agitation. D’après plusieurs sources, de nombreuses arrestations ont déjà été effectuées. Les travailleurs en situation irrégulière ainsi que les personnes ayant enfreint la loi sont appréhendés par les services compétents. Un grand nombre d’entre eux sont reconduits à la frontière ou expulsés vers leur pays d’origine.
Dans cette optique, le secrétaire à la Défense par intérim, Robert Salesses, a annoncé que les troupes auront recours à des hélicoptères pour appuyer les agents de la police des frontières afin de contribuer à l’installation de barrières. Il a également précisé que l’armée américaine serait mobilisée pour organiser l’expulsion de migrants par voie aérienne.

Près de 1 500 000 non-citoyens sous le coup d’expulsion, dont des Belges, des Congolais et des Français

« Le ministère mettra à disposition des moyens de transport aérien militaires afin de soutenir les vols d’expulsion, permettant ainsi le renvoi de plus de 5 000 étrangers en situation irrégulière depuis les zones de San Diego, en Californie, et d’El Paso, au Texas », a-t-il indiqué dans un communiqué.
Par ailleurs, dans le cadre du programme d’exécution et d’expulsion (ERO) du Service de l’immigration et des douanes des États-Unis (ICE), une liste datant de 2024 a été publiée. Celle-ci indique qu’au 24 novembre 2024, un total de 1 445 549 non-citoyens figuraient dans le registre des non-détenus de l’ICE et étaient sous le coup d’une ordonnance définitive d’expulsion.
Parmi les nationalités concernées, on retrouve notamment les Mexicains (252 000), Honduriens (261 000), Salvadoriens (203 000), ainsi que des ressortissants de plusieurs autres pays, dont le Maroc (495), le Cameroun (1 736), la Côte d’Ivoire (1 224), le Gabon (60), le Sénégal (1 689), le Liberia (1 663), le Kenya (1 282), le Ghana (3 228), la Guinée (1 897), l’Éthiopie (1 713), l’Égypte (1 461), l’Algérie (306), l’Arménie (2 808), l’Autriche (60), l’Australie (261), la Belgique (46), le Bénin (102), la France (402), le Japon (281) et la RD Congo (795).
Néanmoins ceux-ci ont la possibilité de demander un sursis ou une protection contre l’expulsion, notamment par le biais de l’asile, du refus d’expulsion ou de la protection accordée en vertu de la Convention contre la torture. Ainsi, lorsqu’un non-citoyen obtient l’un de ces dispositifs de protection, l’ICE ne peut pas procéder à son expulsion.

Certains gouvernements étrangers font de la résistance

Le gouvernement américain considère certains gouvernements étrangers ralentit cette démarche et, dans de nombreux cas, entrave le processus d’expulsion. Dans cette perspective, les autorités américaines exhortent ces gouvernements à prendre les mesures nécessaires pour confirmer la nationalité des personnes concernées, notamment en menant des entretiens, en délivrant rapidement des documents de voyage et en acceptant le retour physique de leurs ressortissants via des vols commerciaux ou des charters réguliers, conformément aux directives d’expulsion de l’ICE et du gouvernement étranger.
Le président des États-Unis dispose d’environ 100 jours après son investiture pour démontrer aux citoyens américains, et en particulier à ses électeurs, sa capacité de concrétiser les engagements pris durant la campagne. À travers les mesures mises en place, il s’efforce d’appliquer le programme pour lequel il a été élu. Et parmi les sujets majeurs abordés dans le projet de société de Trump, la question de l’immigration occupe une place centrale.

Les protections et alternatives à l’expulsion aux États-Unis

Les protections et alternatives à l’expulsion sont régies par plusieurs normes. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ( UNHCR), le gouvernement américain a la responsabilité de traiter les demandes d’asile et de décider si quelqu’un peut obtenir la protection légale.
Ensuite, il y a le sursis d’expulsion, une mesure permettant aux non-citoyens de demeurer aux États-Unis s’ils encourent un risque de persécution dans leur pays d’origine. Il constitue une alternative à l’asile, offrant ainsi une autre possibilité d’éviter l’expulsion. Les demandeurs doivent satisfaire à des exigences probatoires plus strictes que pour l’asile, à savoir démontrer qu’il est plus probable qu’improbable qu’ils soient persécutés en cas de retour dans leur pays d’origine et prouver que cette persécution serait motivée par leur race, leur religion, leur nationalité, leurs opinions politiques ou leur appartenance à un groupe social spécifique. Là, il est autorisé à rester et à travailler légalement aux États-Unis pour une durée indéterminée.
Il y a également la suspension de l’exécution, une protection obligatoire interdisant l’expulsion des non-ressortissants vers un pays où ils risquent de subir des actes de torture.
Par ailleurs, plusieurs facteurs peuvent conduire à classer un pays comme non coopératif en matière d’expulsion. Parmi eux figurent l’entrave aux efforts de l’ICE, notamment le refus de mener des entretiens consulaires lorsque requis, le rejet des missions d’expulsion par le vol charter, un ratio de libérations jugé inacceptable par rapport aux expulsions, ainsi que le refus ou le retard dans la délivrance de documents de voyage, tels que les passeports.


Trump accorde la priorité à une catégorie d’Africains

Dans un décret rendu public le 7 janvier, le président Trump a ordonné aux responsables gouvernementaux de donner la priorité à la réinstallation des Sud-Africains blancs par le biais du programme américain pour les réfugiés, qu’il a suspendu dès le premier jour de son mandat. Trump ordonne aussi de mettre fin à toute aide américaine à l’Afrique du Sud.
Plusieurs Noirs africains, Sud-américains et Caribéens sont en attente de décision de leur demande d’asile. Ils ne sont évidemment pas concernés par cette décision qui sera certainement critiquée de « discriminatoire » par l’aile gauche des États-Unis. Selon les experts, les Afrikaners et autres Blancs sont une minorité « privilégiée » en Afrique du Sud, où ils ont conservé leur domination sur l’économie d’un pays très industrialisé et plein de richesses minières.
Donald Trump a accusé le gouvernement sud-africain de discriminer les « Afrikaners », les descendants des colons européens, principalement originaires des Pays-Bas, arrivés dans le pays dans les années 1600 et qui ont imposé au 20ème siècle le système d’apartheid où les non Européens – qui formaient la majorité – étaient privés de leurs droits.
L’apartheid a pris fin en 1994 avec la première élection libre et démocratique qui a élu le premier président Noir de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, une icône de la lutte pour la liberté et les droits civiques.

Pour Elon Musk, « les Sud-Africains blancs sont victimes d’oppression »

Le milliardaire blanc d’origine sud-africaine Elon Musk – dont une partie de la famille se trouve toujours en Afrique du Sud – allègue que les Sud-Africains blancs sont désormais « la cible de l’oppression du gouvernement du pays », citant une loi qui, selon les conservateurs américains comme Elon Musk, autorise les saisies de terres appartenant à des Sud-Africains blancs.
L’Afrique du Sud compte plus de 3 millions de Blancs d’origine afrikaaner qui dominent avec les « Anglos » et autres Européens l’économie du pays. Plusieurs autres ont immigré dans le pays de leurs ancêtres en Europe et d’autres en Australie ou aux États-Unis. À présent 7,5 % de la population sud-africaine est d’origine européenne de plusieurs générations. Les Afrikaaners parlent leur propre langue proche du Néerlandais – Afrikaans – et ont la réputation d’être de bons fermiers. Ce qui leur a valu le sobriquet de « Boers » qui ont résisté à l’invasion britannique à la fin du 19ème Siècle.
Donald Trump est très populaire dans les cercles sud-africains blancs de la diaspora. Son conseiller spécial Elon Musk semble avoir pesé de son influence pour accorder un traitement favorable aux Blancs sud-africains.
La gestion du parti ANC au pouvoir depuis la fin de l’apartheid n’est pas non plus sans reproche. Une mauvaise gouvernance, la corruption, le déclin des services publics et la violence urbaine donne des arguments aux racistes qui estiment que les Noirs ne peuvent correctement gouverner le pays.

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