La nouvelle politique culturelle de la République démocratique du Congo a été expliquée mi-avril aux opérateurs culturels de la diaspora congolaise de Belgique par la ministre de la Culture, des Arts et du patrimoine lors d’une visite qu’elle a effectuée au Centre culturel congolais à Bruxelles.
« La Rumba congolaise a été inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, mais ce privilège comporte également un cahier de charges dont la matérialisation est vérifiée tous les quatre ans », a d’emblée averti Mme Yolande Elebe ma Ndembo, qui a précisé que des initiatives ont été prises par son ministère en vue de répondre aux impératifs relatifs à cette inscription.
Dans cette optique, une commission a été mise en place fin 2024 pour se pencher sur les différents aspects de la réflexion, à savoir comment pérenniser la Rumba et l’étudier de manière scientifique, a-t-elle poursuivi, en précisant que la Rumba « n’est pas seulement la musique, mais aussi un état d’esprit et un style vestimentaire, qui constituent ce qu’on appelle la Planète rumba ».
Mme Elebe a révélé qu’un travail est en train d’être effectué depuis les origines de la Rumba congolaise, en synergie avec les Afro-descendants qui ont été déportés vers les Amériques en provenance du Bassin du Congo. Dans ce cadre, un Festival Rumba et Tourisme (voir Encadré) sera organisé en juillet prochain à Kinshasa en collaboration entre les deux ministères concernés, en mettant en exergue l’aspect de cette musique comme vecteur de la cohésion nationale.
Protéger les expressions artistiques pour générer des emplois

Le ministère de la Culture s’attelle également à produire plusieurs textes juridiques en vue de la protection de l’artiste et des droits d’auteur, la sécurité sociale mais aussi le statut de l’artiste en RDC pour faire de lui un acteur du développement socio-économique.
« La Rumba congolaise est usée et abusée à travers le monde sans qu’elle ne puisse participer au développement du pays. Nous sommes en train de poser les bases pour que notre culture, en ce comprises toutes les disciplines et toutes les expressions artistiques, puisse être protégée et contribuer à la création des emplois », a fait savoir Mme Yolande Elebe.
Pour sa part, Mme Lydia Mutyebele, députée fédérale d’origine congolaise, a souligné que le Centre culturel congolais de Belgique est le premier en Europe, mais le 12ème centre en tenant compte de la pluralité des communautés composant la Ville de Bruxelles, qui investit énormément dans la culture pour permettre à la jeunesse de cette métropole multiculturelle de connaître ses racines et ainsi lutter contre les bandes urbaines.
La diaspora a beaucoup à apporter à la RDC

La présidente de la Commission socioculturelle de l’Assemblée nationale congolaise, Mme Dorothée Madiya, qui accompagnait la ministre lors de cette visite, s’est réjouie de l’initiative et de l’intérêt que les membres de la diaspora congolaise accordent à leur pays. « Mais il était intéressant d’être en face de vous pour vous écouter et pouvoir répercuter votre ressenti, car vous avez beaucoup à apporter à la RDC », a-t-elle reconnu.
Auparavant, la coordinatrice du Centre culturel congolais de Belgique, Mme Nancy Mariam Kawaya, avait expliqué que Ia ministre de la Culture, des Arts et du patrimoine, arrivée le même jour en Belgique à l’occasion de la réouverture du Musée africain de Namur (MusAfrica), a tenu à visiter ce centre dans le cadre d’une dynamique de mise en valeur des initiatives de la diaspora et du renforcement des liens institutionnels entre Kinshasa et ses représentations culturelles à l’étranger.
« C’est l’occasion pour la ministre congolaise de dialoguer avec les opérateurs culturels et d’apprécier l’apport du Centre culturel congolais, qui s’affirme comme un acteur majeur de la diplomatie culturelle de la RDC en Europe », avait-elle indiqué à l’ouverture de la cérémonie.
Kinshasa capitale du monde en juillet pour le 1er Festival mondial de la musique et du tourisme

Lors d’une conférence de presse tenue le 15 mai au Centre culturel et artistique d’Afrique centrale, le ministre du Tourisme, Didier M’pambia, a présenté les préparatifs du premier Festival mondial de la musique et du tourisme, prévu dans la capitale congolaise du 16 au 18 juillet 2025.
Placé sous le thème « Paix en RDC, cœur de l’Afrique », l’événement vise à promouvoir la diversité culturelle et à renforcer les liens entre les peuples d’Afrique et des Amériques. Des troupes artistiques de plusieurs pays sont attendues pour célébrer la richesse culturelle congolaise et internationale.
Le ministre M’pambia a souligné que ce festival représente une opportunité majeure pour redorer l’image de la RDC sur la scène internationale. « Nous voulons donner une image positive de la RDC dans le secteur du tourisme. Il faut enlever cette image négative », a-t-il conseillé.
Répondant aux préoccupations liées à la fluidité des déplacements et aux embouteillages pour les touristes, le ministre y est allé de manière imagée : « Quand vous avez une chaise belle, mais qui a un trou, on fait un effort de le couvrir pour garder l’image belle auprès des visiteurs ».
Tourisme 7 milliards de dollars de recettes annuelles prévues d’ici à 2030

Le ministre du Tourisme a expliqué que malgré les défis, la RDC regorge de beautés à montrer, faisant remarquer qu’il ne faut pas se laisser freiner par un seul aspect négatif.
La ministre de la Culture, Mme Yolande Elebe Ma Ndembo, a également pris la parole pour souligner l’importance de la culture dans le développement du tourisme. Elle a rappelé l’initiative « Culture 360 » visant à promouvoir non seulement la musique, mais aussi d’autres formes d’art et de disciplines culturelles, avant d’insister sur la nécessité de valoriser le patrimoine culturel congolais, y compris les musées, pour attirer davantage de visiteurs.
Le festival mondial de la musique et du tourisme s’inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement congolais pour diversifier l’économie et promouvoir le tourisme comme un levier de croissance. Le ministère du Tourisme envisage de générer environ 7 milliards de dollars de recettes annuelles d’ici à 2030 grâce au développement du secteur.
L’événement a reçu le soutien de l’ONU Tourisme, dont le secrétaire général Zurab Pololikashvili a salué l’initiative et promis de participer à cette première édition. Il a déclaré que ce festival est une grande opportunité pour chaque pays d’y participer et de promouvoir sa culture ainsi que son potentiel touristique.
Avec ce festival, la RDC espère inverser la perception internationale de ce pays et montrer qu’elle est une destination touristique fréquentable et riche en culture et en diversités.