Le concert caritatif « Solidarité Congo », organisé le mercredi 22 avril dans la salle Accor Aréna de Paris en France, s’est transformé en un front culturel international lancé par la pléiade de stars congolaises présentes à cette manifestation haute en couleurs vainement combattue par certains lobbies.
L’événement qui devait avoir lieu à Paris le 7 avril mais qui avait suscité beaucoup de controverses après des actions menées par des lobbies pro-Tutsi rwandais qui avaient mis à contribution la justice française pour son annulation, a finalement été organisé avec tout son faste le 22 avril, se muant même en un soutien mondial aux enfants victimes des conflits armés en République démocratique du Congo.
« Solidarité Congo » a rassemblé près de 11 000 personnes à l’Accor Arena de Paris, témoignant d’une mobilisation sans précédent dans le monde de la musique. Environ trente artistes de renommée internationale, parmi lesquels le rappeur et chanteur congolais Gims, évoluant en France comme son frère Dadju, mais aussi Fally Ipupa et le chanteur gospel Moïse Mbiye, tous deux venus de Kinshasa, se sont produits pour soutenir les victimes des atrocités souvent ignorées dans l’est de la RDC.
Ce concert a vu une palette variée d’artistes monter sur scène, allant du célèbre rappeur Gazo à Youssoupha, accompagné de Singuila, en passant par le musicien malien Sidiki Diabaté.
« Le Congo compte plus de cent millions d’habitants dont près de 20 millions à Kinshasa et d’autres millions disséminés dans le monde. Cet évènement pour le grand Congo constitue un front culturel solide qui va s’étendre au niveau international pour soutenir les enfants victimes de la guerre injuste qui a trop duré en RDC », a déclaré sur la scène d’Accord Arena la star congolaise Ghandi Djuna alias Maître Gims, principal organisateur.
« Il faut multiplier désormais ces genres d’action partout en Belgique, en Amérique, au Canada pour faire entendre la voix du pays dans le monde. Merci infiniment à vous d’avoir répondu présents pour soutenir ce projet caritatif. La série continue », a-t-il assuré.
Bien avant, son frère biologique, le rappeur Prince Dadju Djuna a également, au cours de sa prestation, réitéré le même message pour la paix en RDC. « Vous faites partie de la réussite de ce concert de solidarité Congo. Votre présence témoigne de l’amour et de la grandeur pour la RDC », a-t-il soutenu. Pour sa part, le chanteur Fally Ipupa qui a enflammé la salle, a lancé un message d’unité pour garantir l’intégrité territoriale de son pays. « Le Congo restera un et indivisible. Tous contre la guerre », a martelé la star kinoise.
Une autre présence remarquée, celle du célèbre pasteur congolais et chanteur gospel Moïse Mbiye, qui a été magistral avec ses cantiques et son adresse. « Ça fait plus de 30 ans que la population est tuée en RDC. Disons tous qu’il est un temps pour mettre fin à cette barbarie. Nous confions la situation, la guerre en RDC entre la main de Dieu Tout-puissant, d’où viendra notre secours », a déclaré le pasteur également connu sous l’appellation de « La réserve de l’Éternel ».
Un concert à la dimension des stars conviées

Le concert lui-même a débuté à 22 heures GMT pour se clôturer à 01 heure. C’est Didiston Olomide, top modèle de la diaspora congolaise en Europe et fille du célèbre chanteur Koffi Olomide, qui a eu l’honneur d’ouvrir le show. « C’est plus qu’un concert, c’est un moment historique qui restera gravé dans les annales. On s’en souviendra. C’est un moment d’éveil, de conscience. Nous sommes là pour porter notre voix. Nous sommes là pour nous faire entendre. Nous ne pouvons plus être silencieux. Nous devons dénoncer ce qui se passe au Congo », a-t-elle affirmé en sa qualité de présentatrice de cette soirée qui a répondu aux attentes par la qualité et la diversité de la musique proposée par ces différentes stars de renommée internationale.
D’autres grands noms de la scène musicale africaine qui caracolent en France et dans le continent ont aussi défilé sur le podium pour présenter chacun son répertoire. C’est le cas de la légende de la musique malienne Sidiki Diabate qui a fait sensation en étonnant une mélodie alignée à l’emblématique hymne national de la RDC « Debout Congo », repris en chœur par toute l’assistance dans la salle. « On n’a pas besoin de la guerre, on a juste besoin de la paix en RDC », a-t-il également confié.
Soutien de la communauté africaine de la diaspora
Très enthousiasmée par les diverses prestations, les membres de la communauté africaine venus des différents coins de France et d’ailleurs à travers l’Europe, ont salué l’initiative. « La cause du Congo me tient à cœur. L’idée est de soutenir le Congo à l’échelle internationale. Le concept m’a agréablement surpris parce que je n’ai jamais vu ça. C’est très intéressant. Faire un concert avec les artistes francophones et congolais pour une cause caritative est génial », a déclaré la Camerounaise Carla Laitchais, la vingtaine révolue, qui a effectué le déplacement d’Accor Aréna.
« J’ai aimé les musiques de tous les artistes qui ont été sélectionnés pour jouer à cet événement mémorable. L’initiative me plait beaucoup dès lors qu’elle va dans le sens du soutien aux enfants victimes des conflits en RDC. Mon message c’est d’arrêter la guerre », a-t-elle conseillé.
La jeunesse congolaise de France y est aussi allée de son soutien. « Je suis une congolaise née à Kinshasa. La situation de guerre dans l’Est de la RDC touche tout le monde. Pourquoi pas moi en particulier qui est originaire du pays. Je voudrais que ça change. Je salue l’initiative prise par les artistes-musiciens de soutenir les enfants du pays », a fait savoir Rory Kabongo, jeune congolaise de la diaspora résidant à Amiens en France.
Au-delà des spectacles, chaque artiste avait passé un message spécial en faveur de la paix. Présent dans la salle, un représentant du Fonarev, l’organisme congolais en charge du dédommagement des victimes, a estimé que « les Congolais ont aussi droit à une vie sans violence comme tout être humain dans le monde ».
Des témoignages d’horreur et un vibrant hommage aux victimes
Une vidéo avec des témoignages poignants de femmes survivantes de violences sexuelles dans la guerre de l’Est a été projetée dans la salle. À travers ces images qui dénotent d’une rare bestialité, un hommage particulier a été rendu aux millions de morts et aux populations déplacées, rappelant l’urgence de la paix et de la justice.
Les organisateurs ont par ailleurs souligné l’engagement des artistes, qui ont choisi de se produire gratuitement pour soutenir une cause qui leur tient à cœur. « La musique peut rassembler tout le monde et surtout pour de nobles causes », a déclaré Soolking, tandis que Fally Ipupa a appelé à « faire du bruit pour un Congo indivisible ».
Les récits et la mobilisation des artistes ont résonné avec le public, comme l’a souligné Emmanuel Duciel, un jeune fan de Lille, en notant que même si « un concert ne va pas changer les choses », il est essentiel de « tirer la sonnette d’alarme ».
Gims a clôturé l’événement en rappelant les difficultés énormes rencontrées. Ce concert, initialement programmé le 7 avril, avait été reporté à la suite de controverses sur la date, qui coïncidait avec le jour de commémoration du génocide rwandais. La Préfecture de police de Paris avait menacé d’interdire l’événement si la date n’était pas modifiée. Tout est bien qui finit bien.