Accueil Culture Résistance et commémoration : Une exposition sur la participation des Congolais d’origine...

Résistance et commémoration : Une exposition sur la participation des Congolais d’origine dans la résistance belge

La présidente de l’asbl Bakushinta au centre et la vice-ministre à l’Égalité (à dr.)

L’asbl Bakushinta, le Musée de la Résistance et la commune d’Anderlecht à Bruxelles ont organisé, du 29 août au 8 septembre, à l’Espace 16 Arts, une exposition originale autour des résistants d’origine congolaise en Belgique dans les années 1940-1945, en marge des 80 ans de la Libération de Bruxelles.

Cette exposition est l’occasion de présenter « la valeur ajoutée de la communauté congolaise, ce à quoi les Congolais d’origine ont contribué pour l’édification de la Belgique », a déclaré la présidente de cette association, Mme Georgine Dibua Athapol, lors du vernissage de l’exposition.
« Restaurer les mémoires est un thème sur lequel Bakushinta s’attelle depuis de longues années par l’organisation de différents événements », a-t-elle ajouté, en rappelant que le roi des Belges, Philippe, avait fait savoir qu’ « il est temps d’assumer notre histoire, dans la vérité et la dignité ».
Mme Dibua a estimé pour sa part qu’il faudrait surtout raconter pleinement cette histoire, avec d’autres narratifs qui sont jetés dans les oubliettes, afin de « permettre à tous ces héros de se reconnaître et d’être reconnus pour leurs actes ».
De son côté, Mme Marie-Colline Leroy, secrétaire d’État belge à l’Égalité des chances, a précisé que cette exposition sur la Deuxième Guerre mondiale, où la participation des Congolais d’origine est une réalité particulièrement méconnue, consiste à honorer la mémoire de ces personnages qui ont fait preuve de courage et qui ont combattu pour la paix et la justice en Belgique et en Europe.

Bâtir un monde plus juste et respectueux de chacun

Pour la secrétaire d’État à l’Égalité des chances, « c’est également pour nous l’engagement de contribuer, au-delà des conflits armés, à bâtir un monde égalitaire, plus juste, où tout le monde doit être respecté », a-t-elle souligné.
L’exposition intitulée « Résistants d’origine congolaise dans la Résistance belge 1940-1945 », est constituée d’illustrations, photographies et publications avec, en point de mire, le « Groupe des Congolais du refuge 24 », une armée secrète de résistants à l’occupation allemande formée en 1941 et qui comptait 130 personnes dont 54 Congolais de vingt à cinquante ans installés à Bruxelles. C’étaient notamment d’anciens soldats, employés de bureau, mécaniciens, cuisiniers, ouvriers fondeurs et même coiffeurs, la plupart mariés à des femmes blanches.
C’est le cas de François Kamanda, qui a fait l’objet d’un ouvrage préfacé par le député fédéral Pierre Kompany. Né à Kabinda vers 1906, François Kamanda arrive par bateau à Anvers en 1930, amené comme domestique, avant de devenir coiffeur en 1936 puis de rejoindre la résistance. Un autre, Michel Longo, né à Seke-Banza en 1895, avait déjà combattu sur le sol belge au sein du 17ème régiment d’infanterie en 1914. Quant à Antoine Yoka, né à Équateurville (ex-Mbandaka) en 1892, il a été fait chevalier de l’Ordre de Léopold. Ce, pour ne citer que cet échantillon sur les 54 Congolais de l’armée secrète.
Plusieurs portraits de soldats congolais ayant participé aux différentes campagnes, notamment à celles d’Abyssinie, de Somalie, de Madagascar et de Birmanie, sont également mis en valeur dans cette exposition, qui constitue une importante restitution d’un pan encore méconnu de l’histoire de la République démocratique du Congo.

Un monument à Anvers aux victimes congolaises de l’exposition universelle en 1894

La ville d’Anvers au nord de la Belgique érigera un monument au cimetière Schoonselhof pour rendre hommage aux sept Congolais qui ont perdu la vie lors de l’exposition universelle de 1894, a annoncé l’agence Belga le 31 août.
À l’époque, les Congolais étaient hébergés dans un village censé représenter leur vie quotidienne, mais ils ont succombé de suite de maladies comme la dysenterie et la pneumonie.
Au total 144 Congolais ont été déportés du Congo et transférés à Anvers pour l’exposition. Des dizaines d’entre eux sont tombés malades en chemin ou dans le village reconstitué, qualifié plus tard de « zoo humain ». Sept n’ont pas survécu. Ils ont été enterrés dans des tombes au cimetière de Kiel destinées aux Anversois les plus pauvres et qui ont ensuite été déblayées.
La ville souhaite désormais leur offrir un lien de commémoration au cimetière Schoonselhof, en concertation avec la communauté congolaise d’Anvers.
« Pour comprendre notre présent, nous devons regarder le passé droit dans les yeux », a estimé le bourgmestre d’Anvers, M. Bart De Wever. « C’est pourquoi ce cénotaphe est particulièrement nécessaire pour les Congolais décédés en 1894. Parce qu’ils font partie indissociable de notre histoire et de notre communauté. Nous voulions garder vivant le souvenir de leur histoire dans un lieu digne, serein et visible », a-t-il souligné.

Inauguration à Saint-Josse d’une stèle des anciens combattants congolais

À Bruxelles, une stèle en hommage aux anciens combattants de la Force publique du Congo ainsi qu’aux volontaires et résistants africains ayant combattu durant les deux guerres mondiales a été inaugurée le 8 août au cimetière de la commune de Saint-Josse-Ten-Noode, en présence de l’ambassadeur de la RDC au Benelux, Christian Ndongala Nkuku, du bourgmestre Emir Kir et de l’échevine aux Relations internationales Dorah Ilunga.
Cette stèle « symbolise la nécessité de reconnaître et d’honorer la mémoire de toutes les victimes des guerres du siècle dernier : des héros dont les noms ne figurent guère dans le roman national et qui ne sont pas référencés dans l’imaginaire collectif », a déclaré le Pr Christian Ndongala Nkunku, ambassadeur de la RDC au Benelux et auprès de l’Union européenne, dans son mot de circonstance.
Le diplomate a rappelé qu’en 14-18, la Force publique se retrouva engagée sur plusieurs fronts, loin de ses terres, notamment « pour la maîtrise du lac Tanganyika puis dans l’héroïque bataille de Tabora en Tanzanie et lors de la prise de Mahenge au Mozambique ».
« Plus tard, en 1940, avec l’appui du ministre De Vleeschauwer et du gouverneur Ryckmans, la colonie se rangea résolument du côté des alliés. Ce qui amena la Force publique à se retrouver dans la campagne d’Abyssinie, en Ethiopie, et au Nigéria », a-t-il renchéri.
Pour le Pr Ndongala, cette stèle « doit être un outil pédagogique exceptionnel qu’il nous faudra préserver. Car en elle réside également une autre fonction, celle de contribuer au renforcement de la visibilité des combattants d’origine congolaise dans les champs de bataille ».
Ce monument est appelé « à marquer la reconnaissance de la Belgique aux milliers de Congolais, soldats et porteurs, qui ont participé et se sont illustrés à la guerre », a estimé l’ambassadeur de la RDC.

La stèle, avec le bourgmestre de Saint-Josse et l’ambassadeur de la RDC à g, l’échevine Ilunga à dr.
Publicité