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RDC – Agression rwandaise : Le président Tshisekedi reprend la main et mise sur l’unité nationale

le président Félix Tshisekedi dénonce l’agression du Rwanda par la rébellion du M23 (Image d’illustration :rtbf.be)

Alors que d’aucuns le croyaient déboussolé après la prise de Goma puis de Bukavu par l’armée rwandaise qui soutient le groupe terroriste M23, le Président Félix Tshisekedi, en fin tacticien et faute de disposer d’une armée fiable, a sorti un joker de sa manche : la recherche de la cohésion nationale.

Le chef d’État congolais a réuni, le samedi 24 février 2025 à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa, les sénateurs et les députés de sa majorité de l’Union sacrée de la Nation ainsi que les leaders des partis alliés en vue de resserrer les rangs et, au besoin, colmater les fissures apparues depuis la prise des chefs-lieux du Nord et du Sud-Kivu, et pourquoi pas remobiliser certains partisans devenus tièdes.
En cette période délicate où l’intégrité territoriale de la Nation est menacée, les pensées du Président Tshisekedi se sont en priorité dirigées vers les troupes, qui sont au front au risque de leurs vies, et ce malgré des revers.
« Je rends un vibrant hommage à nos soldats, je suis fier d’eux même si nous avons perdu des batailles, ils ont donné leurs vies. Nous faisons face à des trahisons internes mais nous allons monter une armée professionnelle et suffisamment prise en charge», a assuré le chef d’État congolais, fustigeant les actes de trahison entretenus par des officiers dans l’encadrement des troupes. Ces actes ont favorisé la prise de quelques villes et territoires du pays par l’ennemi.
Le commandant suprême de l’Armée congolaise a révélé que le gouvernement a été instruit pour notamment augmenter les primes des militaires au front et améliorer la survie de leurs dépendants.

Pas de dialogue direct avec l’AFC/M23 ni de brassage

Dans son adresse à ses compagnons politiques, le Président Tshisekedi a réitéré sa position restée catégorique de ne jamais dialoguer avec les membres de l’AFC/M23, qu’il considère comme des « pantins du Rwanda ».
« L’ennemi n’est pas seulement celui que vous voyez. Ce que vous voyez n’est que de l’agitation. On a pris quelques esprits faibles de nos compatriotes et on les a placés devant pour donner une illusion de quelque chose. Et je peux vous dire ici que cette illusion ne restera qu’illusion. Elle ne se transformera pas en réalité parce que nous n’allons pas perdre ce combat. Je l’ai dit depuis le début, croyez-moi, je le maintiens », a-t-il déclaré.
À son avis, « discuter avec le M23, c’est chercher à nous humilier ». Félix Tshisekedi a à cet effet expliqué sa vision, qui consiste à déboulonner le système centré sur le pillage des richesses congolaises.
« J’ai compris que le combat va être rude et terrible. Le Rwanda n’est pas seul et ce silence qui a été gardé pendant 30 ans n’est pas par hasard. Ce n’est pas parce que Kagame est le plus beau des hommes, c’est tout simplement parce qu’il y a tout un système derrière. Et là nous sommes occupés à déboulonner le système derrière le pillage de nos ressources naturelles », a assuré FélixTshisekedi.

Des félicitations aux alliés qui se sont démenés pour l’honneur du pays

Le Président Tshisekedi a par ailleurs profité de l’opportunité pour féliciter certains de ses collaborateurs, citant nommément la Première ministre Judith Suminwa Tuluka et la ministre d’État des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, qui ont abattu un travail lourd grâce auquel la RDC a engrangé des victoires sur le plan diplomatique.
« C’est vrai qu’on m’a attribué ce succès, mais je ne suis pas seul. Et je remercie la Première ministre, la ministre des Affaires étrangères, parce qu’elle est montée au front. C’est vrai que c’est avec nos instructions, mais c’est une brave dame qui a pu vraiment bien manœuvrer et qui a été de tous les combats », a reconnu Félix Tshisekedi.
C’était aussi l’occasion de distribuer des mauvais bulletins à d’autres qui sont restés tapis dans leur coin alors que la case était en feu. « Je n’ai pas vu beaucoup de monde monter au créneau pour appeler notre jeunesse à s’enrôler et défendre la Patrie », a regretté le chef de l’État congolais qui a ainsi voulu remotiver ses troupes en les appelant à « rester unis pour faire face à l’ennemi ».

Un appel du pied à l’opposition et à la Société civile

Aussi, face au grand danger de balkanisation du pays qui se profile, Félix Tshisekedi a adopté un profil de rassembleur, tout en voulant faire le ménage au sein de sa propre majorité. C’est ainsi qu’il a annoncé le lancement « dans les prochains jours » de consultations en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Des signes qui ne trompent pas en vue d’un prochain remaniement, il a tenu à féliciter les bons élèves de l’Exécutif, à savoir le ministre des Transports et Voies de Communication le MLC Jean-Pierre Bemba, le ministre de la Fonction publique Jean-Pierre Lihau et le ministre de l’Aménagement du territoire Guy Loando, qui n’ont pas attendu un mot d’ordre pour sillonner le pays et galvaniser les jeunes pour qu’ils rejoignent les rangs de l’armée afin de défendre la patrie.
Ainsi, certains observateurs voient déjà Jean-Pierre Bemba retrouver le portefeuille de la Défense, alors que l’actuel, Guy Kabombo, charrie derrière lui des défaites à répétition et un encadrement désastreux des troupes.

Des signaux également de décrispation

Impossible également d’éluder la mise en liberté de ces deux opposants incarcérés à la Prison ncentrale de Makala pour « outrage au chef de l’État » et un troisième pour « appel à la violence tribale », les trois ayant bénéficié de la grâce présidentielle pour recouvrer la liberté, le 21 février. Jean-Marc Kabund, ancien président par intérim de l’UDPS et artisan de la prise de contrôle de l’Assemblée nationale et du Sénat par le camp présidentiel, condamné à sept ans de prison à été libéré. De même que l’ancien candidat à la présidentielle Seth Kikuni et un cadre d’Ensemble de Moïse Katumbi, à savoir Mike Mukebayi.
Néanmoins, malgré cette volonté d’ouverture exprimée par le Président Tshisekedi, il n’est pas acquis que l’opposant Martin Fayulu de l’Ecidé qui, fin de l’année 2024, avait déjà préconisé des concertations « Vérité, Réconciliation et Cohésion nationale » rejetées par le chef de l’État, soit prêt à saisir la perche tendue.
Et surtout, il faut déjà faire une croix sur la probable présence de l’ancien président Joseph Kabila, de nature taiseux et qui s’est brusquement déchaîné, fin février, devant la presse sud-africaine, dans une volée de bois vert à l’encontre du pouvoir de Kinshasa, et que Félix Tshisekedi tient toujours pour « le principal auteur intellectuel » du mouvement terroriste M23. « Il n’y a d’ailleurs pas de doute. Derrière le M23, il y a Joseph Kabila », ne s’empêche-t-il pas de répéter.
Dans cette atmosphère délétère marquée par l’avancée du M23, la dernière convocation devant la justice militaire des lieutenants de Joseph Kabila, qui nourrit des ambitions à peine voilées de come-back, ne peut qu’envenimer l’animosité que se vouent les deux camps.


L’application de la Résolution 2773 : l’une des solutions à la stabilité dans l’est

Le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté à l’unanimité, le 21 février, la résolution 2773 condamnant directement le Rwanda pour son soutien à l’offensive du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo et réclamait le retrait « immédiat » de ses troupes. La même résolution appelle également le M23 à cesser les hostilités en RDC et le Rwanda à mettre fin à son soutien au M23.
L’application de cette résolution est présentée, par des analystes comme l’une des solutions pour stabiliser la partie Est de la RDC. Le retrait des troupes rwandaises qui soutiennent le M23 est la première option à lever. Il impliquerait, notent-ils, une réduction sensible des effectifs du mouvement terroriste.
La résolution 2773 exige aussi la cessation des hostilités et invite toutes les parties à conclure un cessez-le-feu. Elle appelle au retrait immédiat du M23 de Goma, de Bukavu et de toutes les zones contrôlées.
Cette deuxième injonction devrait permettre aux populations asphyxiées par l’absence des services bancaires à récupérer des liquidités, estiment ces analystes.

Lutter contre l’exploitation illégale des minerais

La résolution du Conseil de sécurité soutient le processus de Luanda et de Nairobi et recommande à la RDC et le Rwanda de reprendre sans conditions les pourparlers pour une solution politique et diplomatique à cette crise. Elle prévoit aussi des mesures pour lutter contre l’exploitation illégale des minerais, qui finance les groupes armés.
Les membres du Conseil ont condamné en outre le trafic systématique des ressources naturelles dans l’Est de la RDC. Ils appellent à restreindre l’étiquetage illégal et à assurer la transparence ainsi que la traçabilité des exportations de minéraux.
À cette fin, le Conseil exhorte toutes les entreprises opérant dans le secteur minier à mettre en œuvre le Mécanisme régional de certification de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
Cette pression pourrait faire subir des pertes au mouvement M23 et à ses soutiens, et donc limiter considérablement le financement des troupes et l’acquisition du matériel de guerre, bref contribuer sensiblement à la fin des hostilités et à l’instauration de la stabilité dans l’est de la RDC.

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