Gavi, l’OMS et l’UNICEF annoncent l’allocation de 18 millions de doses du tout premier vaccin antipaludique à douze pays africains pour la période 2023-2025.
En réponse à la forte demande pour le tout premier vaccin contre le paludisme, douze pays d’Afrique vont recevoir un total de 18 millions de doses du vaccin RTS,S/AS01 pour la période 2023-2025. Les pays qui ont participé au Programme de mise en œuvre de la vaccination contre le paludisme, à savoir le Ghana, le Kenya et le Malawi, recevront des doses pour poursuivre la vaccination dans les zones pilotes.
Des doses ont également été allouées pour les deux prochaines années à d’autres pays, qui vont pouvoir ainsi introduire le vaccin dans leurs Programmes de vaccination systématique. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, de la République démocratique du Congo (RDC), du Libéria, du Niger, de l’Ouganda et de la Sierra Leone.
Aux termes de cette annonce qui a été faite début juillet simultanément à Genève et à New York, ce déploiement constitue une étape cruciale dans la lutte contre l’une des principales causes de décès sur le continent africain.
La priorité aux pays à fort risque
L’attribution des doses a été déterminée conformément aux principes énoncés par le Cadre d’allocation des stocks limités de vaccins antipaludiques, qui donne la priorité aux zones où les besoins sont les plus importants et où le risque de maladie et de décès liés au paludisme chez les enfants est le plus élevé.
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le vaccin antipaludique dans le cadre du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique (MVIP, pour Malaria Vaccine Implementation Programme), coordonné par l’OMS et financé par Gavi, l’Alliance du vaccin, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et Unitaid.
Dans ces trois pays, le vaccin RTS,S/AS01 a été administré à plus de 1,7 million d’enfants depuis 2019. Il s’est avéré sûr et efficace, entraînant une réduction substantielle des cas graves de paludisme et une diminution du nombre de décès chez les enfants. Au moins 28 pays africains ont exprimé leur intérêt à recevoir le vaccin contre le paludisme.
C’est Gavi, l’Alliance du vaccin, qui fournira les doses, par l’intermédiaire de l’UNICEF. Les premières doses devraient arriver dans les pays concernés au cours du dernier trimestre 2023, et ces derniers devraient commencer à les administrer au début de l’année 2024.
« Ce vaccin pourrait avoir un impact considérable dans la lutte contre le paludisme. S’il est largement déployé en même temps que les autres interventions, il devrait permettre de prévenir des dizaines de milliers de décès chaque année », a déclaré Thabani Maphosa, directeur général du Département Implémentation des programmes pays de Gavi, l’Alliance du Vaccin.
« Alors que nous travaillons avec les producteurs de vaccins pour augmenter l’offre, nous devons nous assurer parallèlement que les doses dont nous disposons sont utilisées le plus efficacement possible. Il faut, pour cela, s’appuyer sur les enseignements tirés de nos programmes pilotes et les étendre maintenant à l’ensemble des douze pays concernés ».
Le paludisme reste l’une des maladies les plus meurtrières d’Afrique, où il tue chaque année près d’un demi-million d’enfants de moins de 5 ans. En 2021, 95 % des cas de paludisme et 96 % des décès liés à cette maladie se sont produits en Afrique.
« Presque chaque minute, un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme », a reconnu Ephrem T Lemango, directeur associé de l’UNICEF chargé de la vaccination. « Depuis longtemps, il est possible de traiter la maladie et d’éviter ces décès, mais l’introduction du vaccin donnera aux enfants, en particulier en Afrique, une meilleure chance de survie. Avec l’augmentation de l’offre, nous espérons pouvoir faire bénéficier encore plus d’enfants de cette avancée susceptible de leur sauver la vie ».
« Le vaccin antipaludique constitue une avancée majeure dans le domaine de la santé et de la survie des enfants ; les familles et les communautés veulent, à juste titre, que leurs enfants bénéficient de ce vaccin. Cette première distribution de doses de vaccin antipaludique est destinée en priorité aux enfants qui risquent le plus de mourir du paludisme », a déclaré la Dre Kate O’Brien, directrice du Département Vaccination, vaccins et produits biologiques de l’OMS.
« La forte demande de vaccins et la portée considérable de la vaccination des enfants permettront d’accroître l’équité dans l’accès à la prévention du paludisme, et de sauver un grand nombre d’enfants. Nous travaillerons sans relâche pour augmenter la disponibilité du vaccin jusqu’à ce que tous les enfants à risque puissent en bénéficier ».
Un comité d’experts réunis pour le partage
Compte tenu de l’offre limitée au cours des premières années de déploiement de ce nouveau vaccin, l’OMS a réuni en 2022, un comité d’experts – principalement originaires d’Afrique où le fardeau du paludisme est le plus lourd – qui a contribué à l’élaboration du Cadre d’allocation des stocks limités de vaccins antipaludiques, et orienté l’attribution des premières doses. Ce Cadre, qui se fonde sur des principes éthiques et sur la solidarité, propose d’allouer les vaccins en priorité dans les zones où les besoins sont les plus importants.
Le groupe chargé de la mise en œuvre du Cadre était composé de représentants des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), de l’UNICEF, de l’OMS et du Secrétariat de Gavi, ainsi que de représentants de la société civile et de conseillers indépendants. Les recommandations du groupe ont été examinées et approuvées par le Senior Leadership Endorsement Group de Gavi, de l’OMS et de l’UNICEF.
Jusqu’à 60 millions de doses en 2026
Estimée entre 40 et 60 millions de doses pour la seule année 2026, la demande mondiale de vaccins antipaludiques devrait passer à 80-100 millions de doses par an d’ici 2030. Développé et produit par GSK, le vaccin RTS,S/AS01 sera fourni à l’avenir par Bharat Biotech.
Par ailleurs, un deuxième vaccin, R21/Matrix-M, développé par l’Université d’Oxford et produit par le Serum Institute of India (SII), devrait également être bientôt préqualifié par l’OMS. Gavi a récemment présenté sa feuille de route visant à augmenter l’offre afin de répondre à la demande.
Depuis sa création en 2000, Gavi a aidé à vacciner une génération tout entière – soit plus d’un milliard d’enfants – et à prévenir à terme plus de 16,2 millions de décès, ce qui a permis de réduire de moitié la mortalité infantile dans 73 pays à faible revenu. Gavi joue également un rôle essentiel dans l’amélioration de la sécurité sanitaire mondiale en soutenant les systèmes de santé et en finançant les stocks mondiaux de vaccins contre la maladie à virus Ebola, le choléra, la méningite et la fièvre jaune.
Après deux décennies de progrès, Gavi s’attache désormais à protéger la nouvelle génération et surtout à atteindre les enfants zéro dose qui échappent encore à la vaccination et n’ont reçu aucune dose de vaccin, en recourant à des mécanismes financiers innovants et en faisant appel aux technologies de pointe – allant de l’utilisation de drones à la biométrie – pour sauver des millions de vies supplémentaires, prévenir les épidémies et aider les pays à atteindre l’autosuffisance.