Les composantes de la Société civile du Nord-Kivu se sont engagées à barrer la route à toute stratégie de guerre et de manipulation de la part des rebelles. C’est l’essentiel du message du « Nouvel éveil patriotique » lancé par la représentation des forces vives de cette entité aux populations des zones sous administration parallèle mise en place par la rébellion dans l’espace qu’elle contrôle.
« Plus question d’intégrer les institutions nationales en piétinant les principes de la démocratie. Tous ceux qui concoctent des machinations à travers des dialogues en vue d’un partage du pouvoir pour le pouvoir comme seule finalité ne doivent en aucun cas escroquer malicieusement le soutien de la population par des consultations sans fondement légitime ».
C’est en ces termes que le speaker des forces vives et autres composantes de la Société civile de la province du Nord-Kivu, M. Placide Nzilamba, s’est exprimé le 25 juin 2025 depuis la ville de Kinshasa où il s’est exilé, autour de l’état sécuritaire dans la zone sous tension depuis environ 30 ans, revêtu de sa qualité de point focal préséant.
Il reconnaît la souffrance que traversent les populations muselées par les baïonnettes et les canons du M23/AFC et leurs alliés RDF/SOF. « Ceux qui sont sous le joug de l’ennemi sont incapables de s’exprimer. Mais ils sont clairement fatigués de cette situation de crise émaillée de violations récurrentes des droits de l’homme », assure-t-il.
Les tentatives de balkanisation avec les nouvelles technologies en toile de fond

Au sujet des causes des guerres à répétition dans la zone, les acteurs de la société civiles estiment que les véritables raisons consistent en la recherche de l’identité, l’acquisition des terres et le positionnement stratégique des pays voisins sur les minerais rentrant dans la transition énergétique. Pour eux, les tentatives de balkanisation de la grande RDC ne trouvent leur justification que sur les nombreux produits des nouvelles technologies convoités par les États voisins et certaines multinationales en quête de domination sur le marché mondial.
Le gouvernement congolais comme les organisations internationales relèvent en même temps plusieurs crimes innommables dans le chef des nouveaux occupants. Des statistiques sont fournies en temps réel par l’entremise des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Les mêmes cas sont étayés par des parties indépendantes en rapport avec le conflit, notamment les agences des Nations Unies. Nul n’ignore non plus la récente résolution 2773 des Nations Unies votée à l’unanimité par les États membres, dans le cadre de l’instauration de la paix et de la sécurité des populations. Aujourd’hui, la mise en application de ses prescrits devraient préoccuper la communauté internationale au premier chef.
Sur le terrain, bien qu’un processus de paix « multipolaire » évolue, les rebelles ne manifestent aucune volonté de s’engager dans une solution pacifique, apparemment tombée en obsolescence à voir leurs agissements.
« La paix ne passera pas forcément par le partage du pouvoir »
La représentation de la Société civile a fait référence aux anciennes consultations telles que le Dialogue inter-congolais de Sun City. « Le même lobby qui attaque le pays avait accédé aux affaires, notamment dans l’armée régulière, dans le gouvernement ainsi que dans d’autres espaces de la vie politique nationale, consacrant la vague d’infiltrations dont souffre actuellement la RDC ».
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la stratégie d’un énième dialogue contribuera à coup sûr à renforcer l’infiltration et l’affaiblissement de la démocratie encore naissante en République démocratique du Congo. On comprend dès lors que de nombreux opérateurs politiques se soient soustraits sciemment du récent processus électoral pour privilégier l’option de la guerre, l’objectif étant de naviguer dans des eaux troubles d’où ils comptent soutirer gracieusement des dividendes.
Le discours ségrégationniste et les mensonges du M23/AFC

La cabale semble avoir été dévoilée. Plusieurs décennies durant, la guerre s’est basée sur un postulat selon lequel il existerait une ethnie marginalisée parmi les 450 autres en République démocratique du Congo. Cette rhétorique tribalo-ethnique, née des conséquences du génocide de 1994 au Rwanda, a longtemps attisé des conflits dans la région, exacerbés par une certaine naïveté et la complicité d’une communauté internationale à double vitesse. Malheureusement, lesdits conflits ont coûté les vies de plus de 10 millions de personnes au-delà des frontières du « pays des mille collines », dont il était pourtant possible de faire l’économie avec une connaissance de la géopolitique du moment.
La résurgence du M23/AFC respecte du reste l’ensemble des éléments caractéristiques des rébellions made in Rwanda et dirigées par des Congolais contre leur propre pays.
La stratégie software, le cheval de Troie
« Nous sommes venus créer de l’emploi pour autonomiser surtout les jeunes et favoriser un véritable climat des affaires pour faire prospérer du business ». Il s’agit là du refrain souvent fredonné par le Coordonnateur de l’AFC lors de ses sorties médiatiques. Pour la société civile locale, cette manipulation rocambolesque n’est que du bluff.
« Le vécu quotidien de tous ces jeunes qui ont mordu à l’hameçon en trahissant leur mère-patrie ne reflète pas l’image d’un bien-être retrouvé », fait remarquer le directoire de la société civile du Nord-Kivu qui explique qu’au contraire, cette rébellion téléguidée à partir de l’extérieur, selon plusieurs rapports d’experts, s’illustre tristement dans le pillage des ressources minérales et la destruction du tissu économique des zones sous occupation.
La vaste campagne de sensibilisation des populations par le M23/AFC veut désolidariser le peuple du pouvoir central à Kinshasa. Pour la société civile, « il est grand temps de se liguer derrière le Président de la République, qui développe un plaidoyer avec des résultats palpables au niveau régional et dans les hautes sphères de la politique internationale afin de libérer toutes les zones encore sous occupation ».
Il apparaît nettement que tous les discours adoptés par les protagonistes ne rassurent plus les audiences des grands salons politiques et diplomatiques internationaux dans leur posture nouvelle. Dernièrement, le Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies a ouvertement condamné l’implication du Rwanda dans le conflit dans l’Est de la RDC.
Un message d’éveil patriotique

Mais pour M. Placide Nzilamba, « la population a tout intérêt à faire échec à toute initiative visant à promouvoir la violence en lieu et place du processus démocratique ». Par ce message fort, un vent nouveau d’éveil patriotique souffle depuis le Nord-Kivu, dans l’objectif de réveiller la conscience nationale et pousser les Congolais à des actions concrètes de patriotisme.
À l’unanimité Les forces vives scandent : « la patrie passe avant tout ! » Pour elles, « il n’existe pas de règne sans fin. La RDC survivra », faisant allusion aux différents montages basés sur des considérations communautaires et des préjugés qui ont tenté de semer la division. Au-delà des appartenances tribales, seule l’unité nationale compte. Le clivage est-ouest, alimenté par l’armée numérique du M23, tente vainement d’entamer la cohésion nationale. Et des politiques exploitent cette brèche pour leur propagande personnelle au détriment des intérêts du peuple.
Pour la coordination des forces vives du Nord-Kivu, « toutes les industries de la balkanisation doivent savoir que la RDC restera une et indivisible. Si certains préfèrent intégrer les troupes rebelles, les véritables patriotes congolais doivent plutôt rejoindre les FARDC pour faire échec à ce plan qui se trame contre la Nation tout entière ».
Alors qu’un accord de paix est prévu entre la RDC et le Rwanda, il ne peut se conclure qu’à l’avantage de la paix et de la préservation de l’intangibilité territoriale de la RDC. Une occasion de plus pour le Président Félix Tshisekedi d’honorer sa promesse solennelle de pacifier l’Est de son pays. Une fois pour toutes.