La journée internationale des droits de la femme, le 8 mars, a été célébrée cette année en République démocratique du Congo dans un contexte morose de violences, surtout faites à la gent féminine dans l’est de ce pays. Sans surprise, les dames qui se sont distinguées jusqu’à ce Mois de la Femme l’ont été dans ce contexte de la guerre.
C’est d’autant plus exaltant que des femmes, et non des hommes, puissent être célébrées pour leurs hauts faits de guerre. Le Président Félix Tshisekedi ne s’y est pas trompé. Lors de son allocution du 22 février, il n’a pas tari d’éloges à l’égard de deux parmi les plus méritantes d’entre elles, devant les cadres de sa majorité parlementaire de l’Union sacrée réunis pour la circonstance à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa.
Des éloges présidentiels qui ont été délivrés à deux dames d’exception pour avoir permis à la RDC de voler de victoire en victoire, souvent à l’unanimité, dans toutes les arènes diplomatiques à travers le monde. Dans ce domaine, le Président congolais peut s’estimer comblé, son pays disposant de deux Amazones en béton armé, qui inspirent le respect. De qui s’agit-il ?
Mme Judith Suminwa Tuluka

La Première ministre Judith Suminwa Tuluka, entrée dans l’Histoire de la RDC comme la première femme à remplir cette fonction, était sur les divers fronts diplomatiques à la fois.
Mais elle s’est surtout montrée remarquable à Addis-Abeba notamment, où elle a été lancée en pôle position sur la ligne de front pour représenter son pays au Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, alors que le président congolais suivait l’exploit en visioconférence. L’ennemi public numéro un était bien dans la salle et mal lui en a pris.
Lors de son intervention à la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, le 14 février dans la capitale de l’Éthiopie, Mme Judith Suminwa n’y est pas allée de main morte. Elle a marqué les esprits, dans un discours sans concession qui a provoqué une onde de choc, particulièrement chez Paul Kagame, mis en difficulté et qui a prestement quitté la séance comme un malpropre.
Le mensonge de Kagame sur les FDLR battu en brèche
Avec des arguments percutants et un ton empreint autant de gravité que de détermination, la cheffe du gouvernement congolais a savamment démonté le mensonge cousu de fil blanc régulièrement débité par Kigali pour justifier ses incursions dans le territoire congolais, le rendant obsolète.
« Lorsqu’on gratte un peu sous la surface des prétextes régulièrement avancés par le Rwanda pour justifier son agression, il brandit la menace existentielle des FDLR et la protection des minorités ethniques en RDC. Mais posons la vraie question : si les FDLR représentaient une menace aussi grave pour le Rwanda, pourquoi le président Paul Kagame a-t-il refusé de se rendre au Sommet de Luanda du 15 décembre 2024 ? », a interrogé Mme Judith Suminwa.
« Ce sommet, conçu précisément pour établir un plan de neutralisation des FDLR, était l’opportunité idéale pour le Rwanda d’obtenir les garanties qu’il prétend réclamer. Son absence est un aveu », a-t-elle ajouté, affirmant que cet argument n’a jamais tenu durant 30 années d’agression.
« Regardons les faits. En 30 ans, combien de fois les FDLR ont-ils envahi le Rwanda ? Combien de villages rwandais ont-ils rasé, combien de civils massacrés, combien de milliers de Rwandais ont-ils poussés à l’exil ? Et que dire du prétexte de la protection des minorités ? », s’est interrogée la Première ministre congolaise.
« Depuis quand protège-t-on une communauté en l’exposant aux pillages, aux massacres et à l’occupation militaire d’une force étrangère ? », a encore questionné la cheffe du gouvernement de la RDC.
Avec neuf voisins, seul le Rwanda pose problème

Elle a rappelé que la RDC partage des communautés transfrontalières avec neuf voisins, notamment les Chokwe/Lunda aveck l’Angola, les Tekes avec le Congo-Brazzaville, les Ngbandi avec la République centrafricaine. « Pourtant, seul le Rwanda prétend faire de cette réalité un motif de guerre. Pourquoi ?
Si le Rwanda prétend que les FDLR constituent une menace existentielle, alors pourquoi, après toutes ces années d’occupation militaire des territoires où Kigali affirme qu’ils opèrent, n’a-t-il toujours pas réussi à les neutraliser ? », s’est demandé Judith Suminwa.
Et de poursuivre : « Comment un groupe armé, prétendument cantonné dans une même zone, peut-il encore être brandi comme une menace réelle alors même que les forces rwandaises et leurs supplétifs du M23 contrôlent ces territoires ? »
« Et surtout, en quoi le pillage systématique des ressources congolaises répond-il au problème des FDLR ou des minorités ? », a-t-elle ajouté avant de circonscrire « l’heure grave » où se tient ce Conseil, celle où « un État membre de notre Union, le Rwanda, a violé les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union Africaine et occupe illégalement des territoires congolais, sous couvert du groupe terroriste M23 ».
Mme Suminwa, qui va d’ailleurs refuser de poser sur la même photo que Kagame, estime que cette attitude du Rwanda constitue « un acte de guerre et une menace pour la stabilité de toute la région ».
Économiste de formation, Mme Judith Suminwa Tuluka a été nommée Première ministre le 1er avril 2024 et investie en juin. Elle est par ailleurs la 77ème parmi les 100 femmes les plus puissantes au monde, à en croire le classement établi par le célèbre magazine Forbes en décembre 2024.
La ministre d’État Thérèse Kayikwamba Wagner

La cheffe de la diplomatie congolaise, elle, a été de de toutes les batailles diplomatiques de la RDC pour obtenir l’ensemble des condamnations infligées au Rwanda. Nommée aux Affaires étrangères dans le gouvernement Suminwa, elle va se révéler un atout majeur dans la politique diplomatique du Président Tshisekedi, surtout en ce moment critique de la guerre. Les félicitations appuyées du chef de l’État congolais en sont une reconnaissance.
Un de ses compatriotes est même allé plus loin dans son admiration. « Jamais nous n’avons été diplomatiquement aussi forts qu’avec la ministre Kayikwamba Wagner », s’est-il d’emblée émerveillé sur X après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la Résolution 2773 intimant « le retrait immédiat et sans conditions des forces rwandaises de la RDC, la cessation des hostilités et le démantèlement des administrations illégitimes du M23, le respect absolu de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC et les sanctions contre les acteurs soutenant l’instabilité dans l’est de ce pays ».
En effet, on a vu la ministre d’État congolaise sur tous les fronts, avec une détermination qui inspire le respect. Aussi bien à New York qu’à Strasbourg au Parlement européen où elle a impressionné les eurodéputés, jusqu’à pousser le zest en optant de délivrer son allocution en langue allemande, et réussi à arracher la condamnation à l’unanimité du Rwanda, pays agresseur qui se tapit derrière le M23 pour assassiner, violer et piller les minerais congolais.
La résolution 2773 pour une paix durable
Nous l’avons souligné, sa victoire la plus éclatante aura sans nul doute été la Résolution 2773, qui paraît désormais être un outil diplomatique décisif pour une solution durable, adoption qui a d’ailleurs été immédiatement couronnée par la démission de l’ambassadeur du Rwanda aux Nations unies.
« Je suis particulièrement fière de cet important jalon. La Résolution 2773 (2025) du Conseil de sécurité de l’ONU est une avancée majeure qui confirme les obligations contraignantes du Rwanda en vertu du droit international. L’application et le respect de cette résolution restent des défis clés, mais elle dissipe toute ambiguïté sur l’occupation documentée et l’ingérence violente du Rwanda en RDC. La communauté internationale – y compris l’ONU, l’UA, la SADC et l’EAC – dispose désormais d’un cadre clair et exécutoire pour coordonner les efforts et garantir la responsabilité. Cette résolution renforce les initiatives africaines de paix, sans les contredire. La RDC est pleinement engagée à respecter cette résolution et à honorer ses engagements », s’était réjouie Mme Kayikwamba sur son compte X.
Elles ont aussi mené un combat appréciable dans leurs secteurs
Mme Aziza Munana
Porter la voix des enfants et des femmes victimes des violences

Ministre des Affaires sociales, Mme Nathalie Aziza Munana s’est empressée dès la première opportunité de porter le plaidoyer de la RDC en vue de l’ouverture d’un corridor humanitaire. Pour elle, il s’agissait d’une urgence devant des populations, parmi les plus vulnérables, piégées entre les feux de la guerre et la barbarie meurtrière de l’armée rwandaise qui appuie le M23.
La ministre congolaise des Affaires sociales, des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale n’a pas raté l’occasion, le 7 février à Malabo en Guinée Équatoriale, où elle participait à la sixième session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Et elle n’y est pas allée avec un discours feutré.
Un tableau d’apocalypse
« Nos populations sont livrées à elles-mêmes, sous le feu d’une agression qui n’a que trop duré », s’est indignée Mme Nathalie Aziza qui a dressé un tableau d’apocalypse : des villages rasés, des familles disloquées et un bilan humain effroyable du fait de l’attaque de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, où l’on a dénombré plus de 3 000 morts, dont 900 corps entassés dans des morgues saturées, en dehors de près de sept millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays depuis le début des hostilités.
Mais pas seulement. « Des camps de déplacés incendiés, des mères en larmes portant leurs enfants amaigris, des ruines fumantes où s’élevaient jadis des écoles et des centres de santé ».
Face à cette catastrophe sans précédent, elle a appelé à l’ouverture en urgence d’un corridor humanitaire, mais aussi à la cessation immédiate des hostilités. Mme Aziza a ainsi fait grimper la pression pour contraindre Kigali à respecter les principes du droit international, en quittant immédiatement le sol congolais.
Ainsi, le vibrant plaidoyer lancé par la ministre Nathalie Aziza Munana a eu cet insigne honneur de mettre les partenaires de la RDC devant leurs responsabilités face à l’histoire.
Yollande Elebe
Sur le front culturel

Le Front culturel issu de la campagne « Congolais Telema » lancé en direct sur la télévision nationale par la ministre de la Culture, Yolande Elebe, est une initiative visant à lutter, à travers la culture et l’art, contre l’agression rwandaise que subit la RDC, un vaste pays, composé de 145 territoires et 26 provinces, qui puise sa plus grande richesse dans sa diversité culturelle.
La ministre a souligné qu’il est essentiel d’encourager les initiatives artistiques qui éveillent les consciences et a annoncé que désormais, les écoles devront intégrer les arts dans leurs programmes, non seulement pour révéler des talents, mais aussi pour inculquer aux jeunes les valeurs de solidarité, de courage et de citoyenneté.
Elle a insisté sur le fait que nos festivals et expositions ne doivent pas se limiter au divertissement mais devenir des espaces où la jeunesse se rencontre pour renforcer sa conscience patriotique et son amour pour la patrie.
JIF-2025 : la reconnaissance du rôle des femmes congolaises pour la paix

Mme Léonie Kandolo Omoyi, ministre congolaise du Genre, Famille et Enfants, a recommandé le samedi 8 mars à Kinshasa la reconnaissance du rôle crucial des femmes congolaises pour la construction de la paix et la reconstruction des communautés, dans son allocution à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
« Nous devons reconnaître le rôle crucial des femmes dans la construction de la paix et la reconstruction des communautés. Leur participation active dans le processus de paix est essentielle pour garantir des solutions durables et inclusives », a-t-elle déclaré.
La ministre du Genre a rappelé le thème national de cette JIF, à savoir « la Congolaise au centre de toutes les ambitions ». À son avis, « ce thème national englobe le développement de la nation, l’éducation, le droit au travail et la consolidation de la paix dans notre pays.
Nous devons montrer notre solidarité envers nos frères et sœurs de l’Est et exiger la paix et la justice pour tous ».
Par ailleurs, Mme Léonie Kandolo a lancé quelques initiatives telle que « Mwasi congolaise », pour soutenir les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les patriotes Wazalendo. « Nous saluons le courage des FARDC et des patriotes Wazalendo, nos vaillants soldats, qui se battent sans relâche. Il est de notre responsabilité collective de les soutenir et de les protéger, en veillant à ce que leurs voix soient entendues et leurs droits respectés », a-t-elle estimé.
L’une des crises humanitaires les plus longues du siècle
Elle a rappelé que la Journée internationale des droits de la femme est célébrée dans le contexte d’une guerre imposée à la RDC par le Rwanda, soulignant que la crise humanitaire engendrée par ces années de violence est l’une des plus longues du siècle, attisée par la cupidité de Paul Kagame qui appuie le M23 et qui convoite les richesses congolaises.
« De Goma à Rutshuru en passant par beaucoup d’autres villes et territoires, des milliers de femmes ont été assassinées et leurs droits à la dignité bafoués, car on se sert de leurs corps comme champ de bataille. Nos mères, sœurs et filles sont violées, mutilées et abandonnées sur les routes sans assistance, elles vivent dans l’insécurité permanente aggravée par des déplacements forcés. Malgré ces épreuves inimaginables, la femme congolaise, ma mère, ma sœur et ma fille, continue à montrer une résilience, une force remarquable», a reconnu Mme Kandolo.
Pour elle, les violences perpétrées dans l’Est de la RDC sont des atrocités qui doivent être condamnées par la communauté internationale, les massacres et les violences systématiques doivent être qualifiés de crimes contre l’humanité.
Elle a félicité la femme congolaise pour son courage et son patriotisme qui font la fierté de la nation congolaise. Elle a salué les FARDC et les Wazalendo, décrivant ces soldats de la patrie comme les défenseurs de la liberté et de la souveraineté de la nation congolaise.
La ministre congolaise du Genre a rappelé que la journée du 8 mars 2025 est l’occasion de reconnaître les progrès réalisés et les défis à relever dans la quête de l’égalité entre les sexes, indiquant que pour la célébration des trente années de Beijing, le thème international de cette édition JIF 2025 est « Pour toutes les femmes et les filles, droits, égalités et autonomisation ».
Ces dames du Collectif des Congolais de Belgique qui ont secoué l’Europe

Si la RDC a engrangé des grandes victoires diplomatiques dans toutes les instances, le mérite revient également, au-delà des politiques, à ces nombreuses femmes congolaises membres de la diaspora qui ont d’emblée fait preuve d’un patriotisme à toute épreuve dès la prise de la ville Goma au Nord-Kivu.
La Belgique a particulièrement été mobilisée dès les premières heures, avec la création d’un Collectif des associations congolaises, placé sous la Coordination de Dr Audrey Mundine Kabeya, une dame qui a démontré des capacités non seulement intellectuelles et de rassembleur, mais surtout une énergie inépuisable.
C’est vrai qu’il fallait des ressources à revendre car, au vue de la gravité de la situation où la RDC était réellement menacée de balkanisation et face au silence complice de la Communauté internationale devant toutes ces violences, viols et pillages, le collectif a décrété l’organisation des manifestations et sit-in au finish.
Respect aux hommes qui les accompagnaient et aux élus d’origine congolaise

Chapeau bas particulièrement aux dames que l’on a vues déterminées aussi bien lors de la grande manifestation du 29 janvier, qui avait été relayée à Kinshasa, à Paris, à Londres et à Ottawa entre autre, lors des différents sit-in devant l’ambassade du Rwanda, devant les institutions européennes et même devant le Parlement européen à Strasbourg ou encore le Parlement du Grand-Duché de Luxembourg, l’unique pays qui avait bloqué un paquet de sanctions européennes contre le Rwanda, avant de se rebiffer, contraint par des pressions grandissantes.
Il faut également saluer la contribution de tous ces hommes qui ont fait partie des différentes commissions créées pour soutenir ces pressions permanentes. Pourquoi ne pas citer parmi eux Honoré Kabuta et Alby Bweya, mais aussi Cornelis Nlandu qui a assuré la direction de la Communication.
Un clin d’œilh également aux élus belges d’origine congolaise qui n’ont pas hésité un seul instant à se mêler à l’ensemble des actions ainsi qu’à la prise d’initiatives politiques pour des sanctions visant Kigali, aussi bien au Parlement fédéral qu’aux instances régionales. Nous pensons à Lydia Mutyebele et Pierre Kompany, députés fédéraux, ainsi qu’à Gisèle Mandaila, députée bruxelloise.
Impossible non plus d’éluder l’omniprésence de Mme Brenda Odimba, présidente de l’Asbl Mwasi, qui a également été de tous les combats et à la base de plein d’initiatives.