Plus de 900 objets archéologiques et ethnographiques issus de pillage et de trafic illicites ont été officiellement rétrocédés, le 7 décembre, aux autorités maliennes, en provenance des États-Unis. C’était lors d’une cérémonie présidée par le Premier ministre de transition et l’ambassadeur américain au Musée national du Mali.
Les Etats-Unis volent au secours du pillage des œuvres culturelles volées au Mali. En effet, 900 objets dérobés au Mali ont été récupéré par les douaniers américains. Et la remise a été opérée le 7 décembre à Bamako. Dans une salle d’exposition bondée, ils sont des centaines à être venus au Musée national voir les quelque 900 œuvres historiques de retour dans leur pays. La plupart de ces objets, saisis par les douanes américaines entre 2008 et 2011, avaient été exportée illégalement vers les États-Unis.
Une satisfaction pour Choguel Maïga, Premier ministre de transition, pour qui cette étape entre dans le débat plus large des restitutions. « Notre patrimoine culturel, ne doit pas rester prisonnier des musées des autres pays. Le bel exemple que les États-Unis d’Amérique vient de donner, mérite d’être suivi par tous les pays où sont conservé des objets du patrimoine culturel et archéologique africain.» Dans un geste symbolique et sous le crépitement des photographes, Dennis Hankins l’ambassadeur américain remet une pierre taillée pluricentenaire au Premier ministre de la transition.
Sous le regard de Daouda Keita directeur du musée. « C’est maintenant le travail de documentation qui va commencer, il va consister d’abord à faire l’inventaire ensuite la documentation avant que les objets ne rentrent dans la collection du musée. Ça, c’est très important d’avoir des informations sur chaque pièce qui se trouvent dans ce colis.» Cette opération a été rendue possible grâce à un accord bilatéral entre les deux pays sur les restrictions et l’importation d’objets culturels signé en 1993. Sur 23 pays dans le monde, le Mali est le seul État d’Afrique subsaharienne à bénéficier de ce type d’accord avec les États-Unis. Une exposition thématique autour de ces œuvres est annoncée pour les mois qui viennent. Pour sensibiliser les populations maliennes contre les pillages et leur permettre d’accéder à leur patrimoine.
Faire entendre l’appel pour le retour des biens
L’appel lancé en 1978 par le directeur général de l’Unesco, Matar M’Bow, pour le retour des biens culturels de l’Afrique doit être entendu tout comme la déclaration du président français, Emmanuel Macron à Ouagadougou en novembre 2017, a indiqué Choguel Kokalla Maïga. Avant de soutenir que les phénomènes de pillage et de trafic illicite des biens culturels, bien que n’étant pas nouveaux, ont pris au cours de ces dernières années, une dimension toute particulière dans les pays du Sahel.
Près de 88.000 œuvres d’art d’Afrique subsaharienne sont détenues dans les collections publiques françaises, dont 70.000 au seul Musée du Quai Branly. Dès le lendemain des indépendances, plusieurs acteurs africains n’ont eu cesse de réclamer leur restitution. Ils se sont toujours heurtés au mur de l’inaliénabilité et du silence, tant ces sollicitations exhumaient des sévices coloniaux encore inavoués à l’époque. En 1970, l’Unesco allait cependant briser ce silence en adoptant une convention qui interdit le commerce de biens spoliés pendant la période coloniale. En 1978, dans un discours historique, son directeur, Mahtar Mbow, lançait un appel aux anciennes puissances coloniales « pour le retour à ceux qui l’ont créé d’un patrimoine culturel irremplaçable ».
« Du British Museum (69 000 objets d’Afrique) au Weltmuseum de Vienne (37 000), du musée Royal de l’Afrique centrale en Belgique (180 000) au futur Humboldt Forum de Berlin (75 000), des musées du Vatican à celui du quai Branly (70 000) en passant par les nombreux musées missionnaires protestants et catholiques en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Autriche, en Belgique, en Italie, en Espagne : l’histoire des collections africaines est une histoire européenne bien partagée », rappelle le rapport Savoy-Sarr.