Le Belge Fisher est alors Gouverneur général de l’État indépendant du Congo à Boma lorsqu’il importe sa première voiture, en 1924. Non content, en 1927 il fait venir une deuxième voiture. Les deux sont encore visibles aujourd’hui. C’est dans ce contexte que le Directeur général adjoint de l’Office congolais du Tourisme, Paul Diakiese, est arrivé à Boma.
« De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves ». Cet éclairage d’Astérix se confirme de jour en jour. Ainsi, après le domaine de l’aviation et l’exploit réalisé par Edmond Thieffry il y a 100 ans en décollant, le 12 février1925, pour le premier vol transatlantique entre Bruxelles et Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, supplantant l’ensemble du monde occidental, les Belges ont également été les leaders européens dans bien d’autres secteurs.
C’est précisément pour faire découvrir ces merveilles au monde que le Directeur général de l’Office national du tourisme, Paul Diakiese Bembo, a effectué une mission d’itinérance dans la province du Kongo Central du 15 au 22 février.
Le temps fort a été son passage dans la ville de Boma où il a procédé au lancement des travaux de construction d’un hangar devant abriter les épaves des « Premières voitures d’Afrique centrale », les deux véhicules du couple Fisher arrivés à Boma respectivement en 1924 et en 1927. Ceci dans le souci de délocaliser ces trésors gardés entre les pilotis de la résidence du Gouverneur général pour un site plus approprié.
« Du point de vue religieux, historique et politique, cette ville peut remplir une encyclopédie. Nous commettrons, nous, cette génération, un péché grave si nous sommes incapables de valoriser cette ville. Cet acte fait partie du début de rayonnement que nous voulons pour Boma », a fait savoir le DGA Paul Diakiese, qui posait la première pierre de la construction du hangar.
Nécessité de restaurer les voitures

Par ailleurs, il a été envisagé la nécessité de restaurer ces premières voitures d’Afrique centrale, en vue de pérenniser leur existence historique, a-t-il indiqué, précisant toutefois que «même s’il ne faut pas les réhabiliter, par crainte de perdre leurs états naturels et leurs valeurs historiques, il sied de les restaurer pour leur permettre de tenir longtemps, surtout lors de leur déplacement vers un site définitif».
Les deux véhicules ont servi à transporter M. Fisher, gouverneur général et représentant du roi Léopold II, basé à Boma, la deuxième capitale de l’État indépendant du Congo du 1er mai 1886 au 31 octobre 1929, après Vivi, également dans le Kongo central, et avant Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa.
Situé dans le fief colonial, qui a conservé le nom de Quartier Fisher et où l’on peut également admirer la maison du couple belge construite sur pilotis au bord du fleuve, le hangar servira de site touristique pour ce qui reste des deux héroïques voitures. Il s’agit d’une Mercedes aux pneus en caoutchouc plein et une LaSalle, deux épaves auparavant mal conservées, si l’on en croit Le Petit Futé, la bible du tourisme en République démocratique du Congo.
Boma, un grand vivier de sites touristiques

M. Paul Diakiese a vu juste en se rendant en priorité à Boma, qui reste la grande ville touristique congolaise par excellence à plusieurs égards. En plus d’être la capitale de la RDC après Vivi et avant Kinshasa, d’abriter les deux premières voitures ayant circulé en Afrique centrale, sans oublier son port, Boma est aussi la ville où fut construite la première cathédrale du pays, l’ancienne cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, qui existe toujours, aussi majestueuse.
Pour mémoire, la construction de la plus ancienne cathédrale du Congo a été achevée le 2 septembre 1886 dans une usine de forgerie près de Charleroi en Belgique. Les éléments ont été embarqués sur le bateau Africa le 26 septembre 1888 et arrivent à Boma le 21 septembre 1889 pour être assemblés. Mesurant initialement 25 m de longueur, 12 m de largeur et 15 m de hauteur, elle a depuis été rétrécie pour faire de la place à la cathédrale actuelle.
La délégation du DGA a donc profité de son séjour pour visiter quelques uns des sites, à savoir la première cathédrale, le premier Camp militaire du Congo ainsi que le Baobab de Stanley, question de vérifier leur état et envisager leur viabilisation.
27 des 30 attractions de Boma à l’abandon
Sur près des 30 sites historiques que compte la ville, bastion de la première présence occidentale significative au Congo, seuls la première cathédrale, le baobab de Stanley et l’ancienne résidence du Gouverneur général sont régulièrement entretenus et visités, a confié un cadre de la société civile.
La ville de Boma, fondée au XVIème siècle par les Portugais, était un marché important de la traite négrière jusqu’au XVIIIème siècle. Stanley, parti de Zanzibar arrive à Boma en 1874. Alexandre Delcommune prend possession du comptoir pour le compte de l’Association internationale africaine en avril 1884.
Boma a aussi été le premier camp militaire de l’État, qui a fonctionné de 1886 à 1956. La ville est aussi, à partir de 1899, la gare de départ de la ligne de chemin de fer du Mayombe, dont la dernière station était Tshela. Elle a été démantelée sous le régime de Mobutu Sese Seko pour être posée dans la province de l’Équateur. En 1916, un autre camp militaire, le camp Caporal, est construit à Boma.
Visite à Vivi, la première capitale du Congo, et à Matadi

Après des civilités au gouverneur de la province, Grâce Masuangi Nkuanga Bilolo, le DGA de l’ONT a repris son bâton de pèlerin pour se rendre sur le site de Vivi, la première capitale du Congo, ainsi qu’aux monuments aux porteurs, entre Matadi et le territoire de Songololo.
Il a ensuite foulé le sol du village Muanda, dans la ville du même nom, où ont été réhabilités pour des fins purement touristiques le trou de stockage des esclaves, la marmite ainsi que les chaînes. Il reviendra enfin à Matadi pour deux visites clés, celles du pont Maréchal et du site Belvédère.
Le Belvédère, un incontournable du tourisme dans la ville portuaire, se trouve malheureusement englué par des constructions anarchiques empêchant la visibilité de cet endroit combien historique. Une situation qui a mérité des instructions spécifiques du DGA à son directeur provincial en vue d’une solution idoine.