L’histoire de la République démocratique du Congo, son passé, ses avancées et ses défis a été le thème de la conférence organisée le 27 juin à l’ambassade de la RDC au Benelux à Bruxelles, par le Forum des intellectuels congolais de l’étranger (FICE), section Belgique, en marge de la commémoration des 65 ans d’indépendance, en vue de dégager le rôle que doit jouer « la diaspora de l’excellence » sur l’avenir de son pays.
« Nous avons voulu recontextualiser les événements qui ont conduit à l’indépendance et porter un regard intelligent sur les perspectives qui s’offrent à la RDC », a déclaré Mme Mireille Sedi, vice-présidente de FICE-Belgique dans son mot d’introduction de cette conférence qui entre dans le cadre des journées culturelles organisées du 26 au 28 juin, en collaboration avec l’ambassade de la RDC, l’association Mabiki et le Groupe Épiphanie. Elle a expliqué que ce Forum est un cadre de réflexion sur la problématique du développement national et de mise à disposition des expertises développées à l’extérieur pour faire face aux défis économiques et sociaux du pays.
Intervenant le premier, Dr Joseph Kabongo Mudimba, Secrétaire général de la Conférence des Églises en Suisse, a retracé l’histoire du Congo depuis la Conférence de Berlin en 1885 jusqu’à l’indépendance le 30 juin 1960, estimant que dans l’ensemble des événements, « les Africains n’ont jamais été consultés ni associés, engendrant une situation de crise qui perdure jusqu’à aujourd’hui ».
En effet, a-t-il précisé, après l’indépendance, le Premier ministre Lumumba est assassiné, le Président Kasa-Vubu est déposé par Mobutu. Ensuite il y a l’arrivée de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila qui institue « une crise que nous connaissons encore aujourd’hui, malgré tous les dialogues initiés ». « Il nous faut réfléchir pour briser ce cycle hérité de la colonisation et transformer nos immenses richesses, qui attirent la convoitise, en une opportunité de décollage économique », a plaidé Dr Kabongo.
Placer la RDC dans sa situation géostratégique
Pour Prof. José Kamina Bena, la RDC a besoin d’un soft power en interne et dans sa diaspora pour booster sa situation de pays riche et le placer dans la position géostratégique qui est la sienne dans le concert des nations. « Notre pays doit se départir de ‘’ la rationalité prédatrice ‘’, une logique qui a toujours guidé nos actions à travers l’histoire, avec des routes et des chemins de fer construits pour évacuer les matières premières vers l’extérieur, des hôpitaux pour garder la main d’œuvre en bonne santé et des écoles pour que les autochtones ne raisonnent jamais au-delà des besoins primaires », a-t-il souligné.
« Nous devons sortir de la simple extraction et créer une industrie manufacturière et des emplois », a-t-il suggéré, expliquant qu’un projet tel que celui du Corridor de Lobito doit être une opportunité pour convoquer une conférence économique, avec des experts pour insuffler une réelle ambition de développement.
Dans son style imagé, l’opérateur culturel Pie Tshibanda est intervenu sur le thème « Blanc et Noir » pour expliquer, par des exemples, que dans toute entreprise, il y a toujours quelque chose à prendre et qu’il est faux de croire que toute la colonisation a été négative. « Dans nos sociétés, quand le roi mourrait, il était enterré avec ses dizaines d’épouses, une situation impensable aujourd’hui », a-t-il indiqué avant d’estimer que le contact avec la colonisation a changé toute la vie des populations mais que « le problème central reste l’homme, qui doit enrayer la corruption et le déficit de gouvernance.
Quant à M. Bertin Mampaka, président du Parlement bruxellois, il a estimé que les membres de la diaspora sont des acteurs importants pour le développement de la RDC et a suggéré la création d’une structure devant travailler pour le retour coordonné des Congolais de l’étranger, à l’instar des diasporas d’autres nations.
Enfin deux filles du fils aîné du premier président de la RDC, Mmes Tina et Tania Kasa-Vubu, ont livré un témoignage sur l’intégrité morale de leur grand-père qui, même sur son lit avant de rendre l’âme, a continué à se soucier de l’avenir de son pays. L’ambassadeur de la RDC au Benelux et auprès de l’Union européenne, M. Christian Ndongala Nkunku, a assisté cette conférence.
