Les pouvoirs publics en Afrique sont généralement conscients du rapport indissociable entre le développement, le niveau d’instruction et l’éducation de la population. Mais ils croient concomitamment que l’enseignement engloutit trop de revenus, négligeant par là à y accorder priorité. C’est ici qu’intervient le rôle de la Société civile pour rappeler les obligations de chacun, face au délabrement du système éducatif. LNA consacre à cette problématique une série d’analyses, dont celui-ci sert d’introduction, dans la lignée des objectifs de l’Education pour tous.

Face à l’inadéquation constatée dans les pays africains en matière d’éducation, devant pourtant agir comme l’outil fondamental du développement, un groupe d’associations oeuvrant en Europe a créé une organisation internationale, IDAY comme Journée internationale de l’Enfance africaine, dans le but d’inciter les décideurs à la prise en compte de l’éducation des enfants africains en vue de leur insertion dans la vie active.

La persistance de la crise sur le continent, mais aussi la multiplicité des zones de conflits, a en effet exacerbé les conditions déjà précaires de la qualité du système éducatif, qui n’a pas reçu les moyens dévolus pour son développement et, de ce fait, a connu plutôt une détérioration sensible.

La crise a aussi engendré de nouveaux phénomènes au sein des sociétés africaines. On déplore dans ce registre l’émergence des « enfants sorciers » et des « enfants de rue », ces sans domicile aussi dénommés « phaseurs », à côté des « enfants domestiques », des enfants mariés à bas âge et d’autres catégories d’enfants qui restent en marge de la société et qui sont, de par leur statut, exclus du système éducatif.

De même, selon les spécialistes, la cause première de la pauvreté étant l’ignorance de ses droits, on ne peut qu’œuvrer dans le sens de fournir à l’ensemble de la population une éducation de base en vue de l’aider à en prendre connaissance. L’urgence saute aux yeux, en vue de combler le déficit sans cesse croissant entre les pays dits avancés où les budgets de l’éducation ont atteint d’autres proportions et ceux d’Afrique, encore à la traîne.

Les communautés rurales, on s’en doute, ont été les plus touchées par la marginalisation des efforts en direction de l’éducation et, partant, sont souvent plus pauvres que celles des zones urbaines. Ce qui a conduit à l’exode et, donc, à la multiplication des problèmes de précarité et à une plus forte pression sur l’éducation dans les milieux où la croissance démographique devenait exagérée. C’est ici que la notion de l’éducation pour tous devrait encore revêtir tout son sens pour les gouvernements africains.

Les facteurs exogènes

A cet effet, les spécialistes en la matière ont dressé un constat imparable : Les pays les plus pauvres à travers le monde sont ceux où le niveau d’éducation est le plus bas. Plusieurs facteurs, auxquels il convient de s’attarder, sont à l’origine de la disparité. On accuse erronément la globalisation de paupériser les populations du Tiers Monde.

En réalité, il s’agit plutôt de leur incapacité de bénéficier des avancées technologiques par manque d’éducation qui est à l’origine du problème. Car dans un monde globalisé, et où la concurrence est exacerbée, la main d’œuvre non spécialisée est condamnée aux salaires bas. D’où une inégalité croissante des niveaux de vie des revenus entre les gens éduqués et non éduqués, tel que le démontre de dernier rapport du FMI en la matière.

Par ailleurs, la plupart des pays africains affectent à l’éducation un financement avoisinant % de leurs budgets, privilégiant les dépenses liées à l’armement militaire. Il faut aussi déplorer les différents problèmes d’ajustements structurels imposés à l’Afrique, qui ont également eu un impact dévastateur sur les services sociaux, dont le financement de l’éducation.

Ces ajustements jugés nécessaires pour assainir les finances publiques n’ont, en effet, pas tenu compte de la priorité en matière d’acquisition des connaissances, creusant considérablement le fossé déjà béant entre les pays riches et les pays pauvres.

Sans oublier les programmes importés de l’Occident et qui, sans se référer aux réalités du terrain, ont par ailleurs englouti des sommes précieuses sans produire les effets escomptés, l’essentiel pour les donateurs se limitant aux effets d’annonce.

Comme il est aisé de le comprendre, les restrictions financières imposées par le Fonds Monétaire International ont produit un impact négatif sur l’avenir des pays concernés, du fait qu’elles ont hypothéqué l’avenir de plusieurs générations, les gouvernements se retrouvant dans l’incapacité de réaliser les investissements nécessaires en matière d’éducation. Il a également été démontré que cette hypothèque devient plus prononcée dans les pays en conflit et post-conflit.

Des signes timides d’amélioration

(Image source: changingourcampus.org)

A contrario, le Japon est devenu une puissance mondiale dans les années ‘70 parce qu’elle n’avait pas de dépenses militaires aux termes de l’interdiction faite par les Alliés après la guerre, permettant ainsi la mise à disposition de toutes ses ressources dans l’éducation.

Les statistiques mondiales démontrent également que l’Union européenne, contrairement à l’Afrique, a mis tous les atouts financiers de son côté pour devenir la première économie du monde, notamment par le renforcement de son système d’éducation.

Mais il faut tout de même reconnaître qu’aux termes du dernier rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous, élaboré en 2007, on note une augmentation de 36 % des effectifs de l’enseignement primaire en Afrique subsaharienne, même si les disparités à l’intérieur des pays demeurent répandues consécutivement à la qualité de l’éducation.

Mais du fait que les ménages pauvres présentent des faibles taux d’assiduité scolaire, la situation la plus critique est observée en Afrique subsaharienne où plus de 60 % des pays présentent un taux net de scolarisation inférieur à 80 % et plus d’un tiers un TNS inférieur à 70 %.

De même, en nombre intrinsèque, sur 72 millions d’enfants en âge scolaire recensés à travers le monde, près de la moitié, soit 33 millions se trouvent en Afrique subsaharienne, alors qu’il y’a 20 ans ils y étaient au nombre de 42 millions.

Parallèlement, si les dépenses publiques d’éducation ont augmenté de plus de 5 % par an dans cette partie d’Afrique, le rôle des Sociétés civiles demeure prépondérant pour la mise en place des mesures visant à promouvoir l’inclusion, la qualité ainsi que l’amélioration des capacités et du financement de l’éducation.

Les organisations non gouvernementales devraient également persévérer à faire pression pour être associées à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques d’éducation, seul gage pour un développement durable.

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