Le pape François a entamé le vendredi 22 septembre une visite de deux jours à Marseille, où il devait assister aux « rencontres méditerranéennes », une série d’échanges autour des défis de la Méditerranée.

Apres les rencontres méditerranéennes, le Souverain Pontife s’est entretenu avec le président français Emmanuel Macron, avant de clore son voyage par une grande messe au stade Vélodrome. Mais ce 44ème voyage apostolique pourrait bien être l’un des derniers du pape, âgé de bientôt 87 ans.

Se pose alors la question de sa succession et de l’héritage qu’il va laisser au sein d’une Église catholique clivée. Depuis le début de son pontificat il y a dix ans, le pape François a initié un ambitieux projet d’ouverture et de modernisation de l’Église catholique.
Jorge Mario Bergoglio, du vrai nom du pape François, incarne d’ailleurs lui-même la nouveauté : il est le premier pape jésuite, mais aussi le premier originaire d’Amérique latine. François est Argentin et aussi fils d’immigrés.

« Il a une double identité. Il est premièrement Européen par ses parents qui sont Italiens. Il a ensuite fait des études en Europe. Deuxièmement, il a une identité latino-américaine », souligne Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS et co-auteur avec le pape François de Politique et société, aux éditions de l’Observatoire. « La Méditerranée fait donc partie de son histoire ».

C’est justement là qu’est attendu François, à Marseille. La ville n’a pas été choisie au hasard, car elle incarne un carrefour des religions et un lieu de migrations : deux sujets chers au souverain pontife, comme l’explique Dominique Wolton : « Marseille est une ville multiculturelle et multireligieuse. Elle illustre donc exactement ce qui l’intéresse, c’est-à-dire essayer d’arriver à ce que la paix s’installe en Méditerranée ».

Un pape « ouvert et moderne »

Le pape François devant la foule, au Vatican. PHOTO AFP/LA CROIX

Depuis sa prise de fonctions au Vatican en 2013, le pape prône une Église plus ouverte sur le monde et ancrée dans son époque. En témoignent ses voyages dans des pays considérés comme périphériques ou le choix de ses priorités. Il s’est notamment intéressé à l’écologie, au mariage des prêtres ou encore à la place des femmes dans l’Église.

Pour le chercheur Dominique Wolton, il est même le « premier pape de la mondialisation, le premier à avoir directement pris le monde comme échelle ».

Le pape argentin se veut aussi engagé en faveur des inégalités. « Pour lui, la plus grande trahison des valeurs chrétiennes est la posture de l’Europe et son comportement par rapport aux migrants. C’est peut-être l’une des choses qui restera le plus de son pontificat, c’est-à-dire essayer de réveiller les pays riches pour mettre fin à ces milliers de morts en Méditerranée », relève Dominique Wolton.

Un projet ambitieux encore non abouti, mais qui doit plutôt être vu comme une graine semée par le souverain pontife. C’est en tout cas l’interprétation de Piero Schiavazzi, journaliste vaticaniste et universitaire italien : « François n’a jamais pensé, à mon avis, pouvoir atteindre les objectifs qu’il s’était fixé. Mais il a plutôt entamé un processus irréversible. Nous sommes au début d’une saison de réformes dans l’Église, bien qu’il faudra du temps ».

Ciblé par les conservateurs

Le pape espère alors voir son successeur poursuivre ce mouvement. « Il aimerait que le chemin continue à s’ouvrir », explique le journaliste François Vayne, basé en Italie, qui officie également dans la communication d’institutions religieuses. « Il aimerait voir une unité des chrétiens, un dialogue avec les autres religions, une ouverture de l’Église aux plus pauvres. Et il est sûr que le cardinal qui sera élu pape ira dans ce sens ».

Mais l’Église catholique est clivée. François est régulièrement attaqué en interne par la frange conservatrice qui freine l’ouverture. « Ce n’est pas un mouvement facile », pointe François Vayne. Pour autant, cela ne veut pas dire, selon le journaliste, « que les opposants sont ses ennemis ». Il évoque la « peur » de certaines figures catholiques « qui craignent que l’Église perde son essence, sa doctrine ».

Il y a deux ans, le pape François a lancé un synode,  un espace de réflexion qui est l’occasion d’évoquer les changements à venir dans l’Église catholique. Ce vaste chantier doit s’achever l’année prochaine et dessinera les contours du catholicisme post-François.

Le pape François en Mongolie pour la fraternité entre les religions

Voyage du pape : François vante une Mongolie « démocratique » et « pacifique » entre deux pays autoritaires (Source : la-croix.com)

Le dimanche 3 septembre, à l’occasion de sa troisième journée en Mongolie, le Souverain pontife avait participé à une rencontre interreligieuse et œcuménique dans un théâtre non loin de la capitale, Oulan Bator, où il a plaidé pour l’harmonie entre les religions et leur apport à la société.

« Le fait d’être ensemble dans le même lieu est déjà un message. Les traditions religieuses, dans leur originalité et leur diversité, représentent un formidable potentiel de bien au service de la société », a déclaré le pape François, après avoir remercié chaque leader spirituel : des représentants bouddhistes, le président de l’Union chamanique mongole, mais aussi un orthodoxe, un hindou, un juif ou encore des responsables de différentes branches du protestantisme.

Le pape fustige le fondamentalisme

François s’est arrêté aussi sur un mot : « Harmonie ». Un mot « au goût typiquement asiatique », a-t-il souligné. Le Souverain Pontife a fustigé, à l’inverse, « la fermeture, le fondamentalisme et la contrainte idéologique » qui ruinent la fraternité, alimentent les tensions et compromettent la paix. « L’Église catholique veut marcher en croyant fermement au dialogue œcuménique, interreligieux et culturel » a-t-il encore rappelé.

Chaque représentant religieux a pu brièvement évoquer son histoire dans le patrimoine spirituel mongol. Parmi les discours marquants, celui du leader chaman, alors que le chamanisme est considéré comme « la vraie » religion ici, celle de Gengis Khan. « Notre objectif est de restaurer la tradition, d’adorer et d’honorer nos racines nationales mongoles », a-t il déclaré, en évoquant les persécutions du passé et la nature toujours menacée.

Publicité