La fondation Mo-Ibrahim a rendu, le mercredi 23 octobre, son rapport 2023 sur la « bonne gouvernance » en Afrique, et montre dans cette édition que les progrès en termes de gouvernance sont à l’arrêt sur le continent. Il s’agit d’un classement établi par l’organisation fondée par le milliardaire anglo-soudanais dans lequel 96 indicateurs, comme l’éducation, l’environnement, la corruption ou l’existence de services sociaux, sont pris en compte pour chacun des 54 pays.
Sur l’ensemble du continent, le classement Mo-Ibrahim pour 2023 constate une stagnation en matière de progrès de la bonne gouvernance, sous l’effet de la dégradation sécuritaire et du paysage démocratique dans de nombreux pays africains. Un coup d’arrêt depuis 2022, qui s’explique donc par une détérioration de critères comme ceux de la sécurité et de l’État de droit. Ces derniers minorent d’autres améliorations en matière d’accès à la communication ou de législation sur la violence dont sont victimes les femmes.
« L’Afrique a fait de grands progrès au cours des premières années de ce siècle. Mais sur les dix dernières, nous avons constaté très peu de progrès et sur les cinq dernières, la situation a commencé à stagner et même à se dégrader dans certains cas », a souligné auprès de l’AFP Mo-Ibrahim, le président de la fondation. « Ne résumons pas trop vite le paysage de la gouvernance en Afrique à une seule moyenne », tempère toutefois celui-ci en insistant sur les profondes différences entre les pays présents dans ce classement qui relève des progrès de gouvernance dans 33 pays de 2014 à 2023. Pour les 21 autres, « la situation est pire » aujourd’hui qu’en 2014.
Le continent est une mosaïque complexe de 54 pays qui ont des histoires, des géographies, des trajectoires différentes.
Les Seychelles se hissent à la première place
Reste que les quatre pays qui ont le plus progressé globalement en termes de bonne gouvernance en 2023 sont les Seychelles – à la première place du classement grâce à des améliorations notables dans plusieurs domaines, notamment les infrastructures, l’égalité hommes-femmes, la santé et l’éducation -, la Gambie, la Somalie et la Sierra Leone.
À l’inverse, les pays ayant de leur côté enregistré les plus fortes détériorations en la matière sont les Comores, la Tunisie, le Mali, l’île Maurice et le Burkina Faso. Certains pays comme le Soudan, le Soudan du Sud et l’Éthiopie ont été confrontés à des conflits dévastateurs au cours des dix dernières années, et peinent à améliorer leur résultat.
Détériorations concernant la sécurité et la pauvreté
Dans l’ensemble de ce classement 2023, si des indicateurs comme l’accès au numérique ou le leadership féminin progressent, ce qui inquiète les auteurs est plutôt la détérioration constatée en ce qui concerne la sécurité, la sureté des citoyens et les difficultés liées à la pauvreté et à la protection sociale. Le rapport relève en outre que « de façon préoccupante, malgré les progrès observés dans plusieurs domaines essentiels, les perceptions des citoyens témoignent d’une insatisfaction croissante ».
Créée en 2006, la fondation Mo-Ibrahim produit des données et des analyses sur les enjeux du continent africain. Son rapport, publié tous les deux ans depuis 2007, est considéré comme l’aperçu le plus complet, rassemblant des données sur 322 variables, dont les services publics, la justice, la corruption et la sécurité.