Cela aurait paru totalement insolite, presqu’un gag, si l’événement se déroulait aujourd’hui. Mais l’Histoire retiendra que l’Afrique, particulièrement la République démocratique du Congo, a abrité l’élection Miss Europe. C’était en 1968.

Il y a exactement 54 ans, le 23 septembre, la République démocratique du Congo et toute l’Afrique ont vécu leur premier événement mondain international de l’Histoire. En effet ce jour-là, l’événement glamour majeur du vieux continent, l’élection Miss Europe, avait été délocalisé à Kinshasa, à la Cité de l’OUA.

Initialement prévue en mai dans la ville de Nice, au Sud de la France, comme au cours des trois années précédentes, la compétition avait été reportée, à cause de l’insécurité occasionnée par les grèves et manifestations violentes à travers l’Hexagone. C’est aussi l’année où la grande révolte estudiantine en France s’était propagée à tout le pays, paralysant toutes les activités.

Ainsi, à la suite des émeutes en France, la République démocratique du Congo, déjà célèbre pour son accueil et surtout son hospitalité légendaire, a accepté d’accueillir l’événement chez elle. C’est le ministre de la Culture Paul Mushiete qui fut chargé de concrétiser cette première. L’élection s’est donc tenue le 23 septembre 1968 dans la capitale congolaise.

Une belle vitrine pour le Congo

Des mannequins au Congo lors de la finale de l’élection de Miss Europe 1968. (Photo : kasbah.altervista.org)

Couvert par des centaines de journalistes du monde entier, aussi bien de la radio et de la télévision que de la presse écrite, le concours, on ne pouvait s’en douter, a constitué la vitrine rêvée pour l’Afrique et le Congo.

Et pour couronner l’exploit, c’est même un vol de la compagnie aérienne nationale, Air Congo, qui s’était chargé d’amener les candidates des divers pays européens, qui ont été gratifiées par un accueil délirant sur le tarmac de l’aéroport de N’Djili, à Kinshasa, à leur descente d’avion.

Une fois arrivées, les 21 plus belles jeunes filles d’Europe ont fait le tour de la capitale congolaise à bord de voitures décapotables, sous l’admiration et les acclamations de la population, le clou de la parade étant la descente glorieuse du Boulevard du 30 juin, la grande altère mythique de Kin-la-belle.

La charmante Elisabeth Tavares, la Miss Congo, à l’honneur

À l’issue de la compétition, c’est la Finlandaise Leena Marketta Brusiin qui fut couronnée Miss Europe, tandis que l’Australienne Brigitte Kruger fut proclamée 1ère dauphine et la Suédoise Anne-Christine Kahnberg 2ème dauphine, suivie respectivement de l’Allemande Roswitha Moesi et de la Norvégienne Tone Knaran.

Au podium de la remise des récompenses trônaient la toute belle Elisabeth Tavares, Miss Congo, ainsi que la Finlandaise Miss Europe 1967, sa 1ère dauphine Miss Autriche et la 2eme dauphine Miss Suède

Les candidats posent dans leur maillot de bain officiel à Kinshasa (Photo : chileancharm.com)

Les autres candidates

L’événement était d’une telle intensité que nous serions passible de « crime de lèse majesté » si nous omettons de citer les autres belles créatures d’Europe qui ont foulé le sol congolais à l’occasion de cette élection.

Etaient donc de la partie Miss Belgique Sonja Doumen, Miss Tchécoslovaquie Alzbeta Strkulova, Miss Danemark Berrit Kvorning, Miss Angleterre Jennifer Lowe Summers, Miss France Elisabeth Cadren, Miss Grèce Haris Papanikita, Miss Hollande Marjolein Abbink, Miss Iceland Helen Knutsdóttir, Miss Irlande Mary Fitzgerald, Miss Italie Paola Rossi, Miss Luxembourg Lucienne Krier, Miss Malte Kathlene Farrugia, Miss Espagne Francisca Delgado Sánchez, Miss Suisse Jeanette Biffiger, Miss Turquie Sule Eksigil et Miss Yougoslavie Daliborka Stojsic.

Plusieurs attractions et visites guidées ont par ailleurs été proposées, dont des séances de danses traditionnelles du Congo exhibées par des groupes folkloriques, en vue d’agrémenter le séjour des plus belles jeunes filles d’Europe qui honoraient ainsi l’Afrique de leur présence et leur participation. Un événement qu’Onésha Afrika s’est vu dans l’obligation de rappeler pour que le passé continue de servir de référence et de tremplin à l’avenir.

Les candidats partent, avec le vainqueur de l’année précédente, pour le concours à Kinshasa, en République démocratique du Congo. (Photo : chileancharme.com)

Précurseur du « Combat du siècle »

La grande réussite de cet événement majeur de 1968 a sûrement tracé la voie à un autre, six années plus tard, le 30 octobre 1974, avec une autre première mondiale, l’organisation du « Combat du siècle » opposant, au Stade du 20 mai de Kinshasa, les deux plus grandes stars du noble art, Mohammad Ali face au tenant du titre des Poids lourds, Big George Foreman.

Doublé d’un festival mondial de musique, avec la participation remarquée des sommités congolaises en matière de spectacle musical, à savoir le Seigneur Rochereau Tabu Ley, fraîchement débarqué d’Olympia de Paris, où il était le 1er musicien africain à s’y produire, le 12 décembre 1970, ainsi que l’inévitable Gaby Lita Bembo « le showman » et son Stukas Boys, ce combat des Titans va signer le retour fracassant, à 32 ans, du plus grand boxeur de tous les temps, « Ali boum ye » (pour les anglophones) ou « Ali boma ye » (en lingala), vainqueur par knock out au 8ème round, alors qu’on le disait trop vieux et usé par l’inactivité.

Que de beaux souvenirs qu’on ne pouvait occulter de ce grand Congo, devenu dans l’entretemps Zaïre sous le régime du président Mobutu Sese Seko, Maréchal, décédé – autre coïncidence – il y a exactement 45 ans, le 7 septembre 1997 au Maroc, où il a été inhumé.

Publicité