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France – Sommet « Choose France » : 20 milliards d’euros d’investissements nouveaux annoncés

Près de 200 patrons français et étrangers étaient attendus le 19 mai au sommet Choose France, à Versailles. L’événement est organisé chaque année depuis l’élection d’Emmanuel Macron. L’occasion d’annoncer en grande pompe des investissements à hauteur de 20 milliards d’euros cette année.

Les investissements annoncés concernent les domaines de l’industrie, de la finance ou encore du tourisme pour tenter de faire oublier la crise de l’industrie européenne et la guerre commerciale.
Le 8ème sommet Choose France, événement destiné à attirer les investissements étrangers, devait battre un nouveau record avec 20 milliards d’euros concernant au total une cinquantaine de projets nouveaux annoncés, et 17 milliards d’euros de projets concrétisant des engagements en matière d’intelligence artificielle (IA) pris en février, après les 15 milliards d’euros de l’édition 2024.
Plus de 200 patrons des cinq continents étaient attendus au château de Versailles sur le thème « France, terre de créativité », pour rencontrer les officiels français et discuter de futurs investissements en France ou en annoncer.
Sur la liste des invités, il y a les dirigeants de la banque Goldman Sachs, du puissant fonds souverain saoudien ou encore du géant de la chimie BASF. Emmanuel Macron devait aussi rencontrer personnellement le magnat mexicain Carlos Slim ou encore Stella Li, la n°2 du fabricant chinois de voitures électriques BYD.

Des milliards d’euros d’investissement en data centers et en IA

Le géant américain de la logistique Prologis va investir France 6,4 milliards d’euros, en entrepôts et data centers, annonce l’Élysée. Parallèlement, le Canadien Brookfield devait confirmer un investissement allant jusqu’à 10 milliards d’euros pour un site d’infrastructures d’intelligence artificielle (IA), qui sera localisé à Cambrai (Nord), avec près de 4 000 emplois directs et indirects à la clé.
L’investissement de Prologis comprend un milliard d’euros pour 750 000 m2 d’entrepôts d’ici à 2028, ciblant les marchés de Marseille, Lyon, Paris et Le Havre, et permettant la création de plus de 3 200 emplois directs et 2 400 emplois indirects.
De même, Prologis veut développer quatre grands projets de centres de données en région parisienne, représentant une capacité totale de 584 mégawatts. Ces développements, précise l’Élysée, « s’inscrivent dans le cadre de la stratégie européenne plus large de Prologis », qui inclut déjà 435 MW de capacité sécurisée – dont 184 MW en France – avec 400 MW supplémentaires visés d’ici au troisième trimestre 2025. La mise en service complète est prévue d’ici à 2035, « avec une projection de plus de 400 emplois directs et 3 000 emplois indirects créés ».
Le projet de Brookfield fait partie du partenariat stratégique de 20 milliards d’euros annoncé avec le gouvernement français lors du Sommet pour l’action sur l’Intelligence artificielle de février, qui avait recueilli 109 milliards d’euros d’annonces d’investissement privés étrangers et français en France dans les infrastructures d’IA.
Cette année, Choose France comptait chercher aussi à attirer des capitaux sur le tourisme et le patrimoine ainsi que sur le cinéma et l’audiovisuel.

Baisse du nombre de projets et d’emplois

Cet événement intervient quelques jours après que le cabinet EY a couronné la France pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers. Cela ne doit pas occulter une baisse du nombre de projets et du nombre d’emplois créés par rapport aux années précédentes, ni la crise de l’industrie, estime Anaïs Voy-Gillis, du laboratoire CEREGE de l’IAE de Poitiers. « L’objectif (de Choose France) est de valoriser la France et montrer ce qu’elle a à offrir pour favoriser des investissements sur le territoire français. Cela a un côté un peu schizophrénique parce que d’un côté, on tente de faire voir que la réindustrialisation se produit puisqu’on annonce des investissements. De l’autre, cela occulte le fait que l’industrie ne va pas bien », prévient-il.
L’an dernier, plus d’emplois ont été supprimés en France qu’en 2023, et moins d’emplois ont été créés tous secteurs confondus, selon le cabinet Trendeo. En cause notamment, l’incertitude après la dissolution de l’Assemblée nationale en France, ou encore la réélection de Donald Trump.


Emmanuel Macron veut attirer les chercheurs étrangers

Choose France : plus de 200 chefs d’entreprises étrangers ont été reçus à Versailles

Le président français tend la main aux chercheurs étrangers, particulièrement ceux aux États-Unis qui sont affectés par les mesures du gouvernement de Donald Trump. L’objectif d’Emmanuel Macron en lançant l’initiative « Choose France for Science » est de faire de la France un leader mondial de la recherche en renforçant l’accueil de ces chercheurs étrangers.
Emmanuel Macron y va alors que le budget de l’enseignement supérieur ne cesse de chuter depuis de nombreuses années. « La France peut accueillir des centaines de chercheurs ». L’ambition est posée par le président français et son gouvernement. Ils mettent en avant une nouvelle plateforme – « Choose France for Science » – qui permet aux universités, écoles et organismes de recherche de demander un cofinancement du gouvernement pour accueillir des chercheurs.
Parce que cela coûte cher, a rappelé le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Philippe Baptiste le 18 avril sur France Info. « Un chercheur qui vient chez nous, c’est difficile de faire une moyenne. Parce qu’entre un mathématicien qui vient avec un crayon ou un chercheur en physique nucléaire, les équipements et les environnements ne sont pas les mêmes. Mais pour faire venir un chercheur de très bon niveau avec sa petite équipe autour de lui, pour donner des ordres de grandeur, c’est à peu près un million d’euros sur trois ans, le temps qu’il vienne s’installer ».

Accueillir les chercheurs américains malmenés par l’administration Trump

(Image d’illustration : lors de la 5ème édition avec l’équipe du Kenya/Source : campusfrance.org)

La France est « très en pointe sur le sujet » de l’accueil de chercheurs dont le travail est menacé aux États-Unis à cause de la politique de l’administration Trump, a indiqué Philippe Baptiste. En effet, depuis le retour de Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées et financements sabrés.
De plus en plus de chercheurs ou d’aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu’ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.
Mais pour attirer ces chercheurs, il faut être compétitif. Or, le budget de l’enseignement supérieur par étudiant a baissé de près d’un quart entre 2012 et 2025, une fois l’inflation prise en compte. En France, un chercheur d’environ 35 ans touche autour de 3 600 euros brut par mois, bien en dessous des salaires américains.
Il y a quatre ans, la France ne consacrait à la recherche et développement que 2,22 % de son produit intérieur brut. Loin des États-Unis et d’autres pays européens également, comme le rappelle l’universitaire Théo Besson, précisant qu’en Allemagne, Belgique ou Suède, les investissements dans la recherche dépassent les 3 % du PIB.

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