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Environnement : Près de 1000 nouvelles epèces découvertes dans le Bassin du Congo

Plusieurs nouvelles espèces découvertes dans le Bassin du Congo. Ces espèces restent menacées par l’activité humaine. (Source : dailygeekshow.com)

Un rapport du WWF publié le 9 décembre révèle la découverte de 742 nouvelles espèces dans le Bassin du Congo entre 2013 et 2023. WWF a profité de l’opportunité pour appeler à des efforts urgents pour protéger cet écosystème vital, surnommé le «poumon de l’Afrique».

Le rapport, intitulé « Des nouvelles vies dans le Bassin du Congo, une décennie de découvertes d’espèces (2013-2023 ) », documente le travail de centaines de scientifiques issus de diverses institutions internationales.
Il révèle une incroyable diversité, incluant 430 plantes, 140 invertébrés, 96 poissons, 22 amphibiens, 42 reptiles, 2 oiseaux et 10 mammifères. Parmi ces découvertes, des espèces uniques comme de nouvelles grenouilles griffues, un crocodile, un poisson électrique, des orchidées rares et même une espèce de singe, le lesula.
Ces trouvailles, réparties sur six pays, illustrent la richesse exceptionnelle de cette région sous pression :

. Cameroun : 238 espèces
. République démocratique du Congo : 259 espèces
. Gabon : 262 espèces
. République du Congo : 65 espèces
. Guinée équatoriale : 59 espèces
. République centrafricaine : 25 espèces

Le plus grand puits de carbone du monde

Climat : Le trésor de la forêt du Bassin du Congo /Source : greenpeace.fr / (Image d’illustration)

Le Bassin du Congo est le plus grand puits de carbone au monde, surpassant même l’Amazonie. Sa forêt tropicale séquestre environ 600 millions de tonnes métriques de dioxyde de carbone par an.
En plus de son rôle crucial pour la lutte contre le changement climatique, cet écosystème assure la sécurité alimentaire et le moyen de subsistance de millions de personnes tout en abritant des espèces emblématiques comme les éléphants de forêt et les gorilles des montagnes.
Cependant, il fait face à des menaces majeures : déforestation, braconnage, exploitation minière, conflits homme-faune et impacts du changement climatique. Ces pressions mettent en péril non seulement les espèces nouvellement découvertes, mais aussi l’équilibre de l’écosystème tout entier. Pour le Dr Martin Kabaluapa, Directeur régional du WWF pour le Bassin du Congo, cette richesse découverte s’accompagne d’une lourde responsabilité: « Tout en célébrant ces découvertes, nous reconnaissons également la responsabilité urgente de préserver cet écosystème vital. Ce rapport est un appel à l’action pour les gouvernements et tous les autres acteurs impliqués, afin qu’ils unissent leurs efforts pour protéger ce patrimoine naturel irremplaçable ».
Les gouvernements de la région se sont engagés à placer 30 % de leurs terres sous protection d’ici 2030, mais nécessitent un soutien international pour identifier et gérer efficacement ces zones.

L’importance des savoirs autochtones

(Image d’illustration / Source : greenpeace.fr)

Le rapport met également en avant le rôle des communautés autochtones dans la conservation. Ces populations, qui vivent en harmonie avec ces forêts depuis des générations, jouent un rôle clé dans la préservation de cette biodiversité.
Moïse Kono, coordinateur des Peuples autochtones pour le WWF Cameroun, souligne : « Depuis des siècles, les communautés autochtones vivent en harmonie avec les forêts. Reconnaître leurs connaissances est essentiel au succès des initiatives de conservation ».
Le WWF intensifie ses actions dans le Bassin du Congo, en travaillant aux côtés des communautés locales et des gouvernements pour préserver cet écosystème.
Des projets d’éco-surveillance à la certification FSC des concessions forestières, ces efforts visent à garantir un avenir durable pour les générations à venir.


La 2ème édition du Forum du Bassin du Congo du 10 au 13 juin 2025

Le fleuve Congo – À la découverte d’une légende (Source : visapourlimage.com)

Axé sur le thème « Libérer le potentiel des services des ressources en eau en vue d’atteindre le développement durable dans le bassin du Congo », le deuxième forum du bassin du Congo se tiendra du 10 au 13 juin 2025 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Organisé par l’École régionale de l’eau (ERE) et le Centre de recherche en ressources en eau du bassin du Congo (CRREBaC), « ce forum poursuit plusieurs objectifs, notamment diffuser les résultats des recherches sur le bassin du Congo, évaluer les connaissances actuelles et les progrès réalisés dans la gestion des ressources en eau, favoriser l’échange d’expériences entre acteurs régionaux et internationaux, et promouvoir le partenariat et le réseautage », a déclaré à la presse le directeur de l’École régionale de l’eau, Raphaël Tshimanga, le 1ᵉʳ novembre.
« Ce 2ᵉ forum du bassin du Congo constitue donc une opportunité unique d’échange de connaissances et de renforcement des capacités pour contribuer à un développement durable dans le bassin du Congo. Il est axé sur les outils et technologies innovants pour les services des ressources en eau », a poursuivi le professeur.

« La guerre de l’eau » de plus en plus sur les lèvres

Les ressources en eau du bassin du Congo sont confrontées à plusieurs défis, notamment le changement climatique, la déforestation, les activités minières, la pollution, ainsi qu’un déficit critique d’informations scientifiques et un manque d’infrastructures. La pénurie d’eau peut même conduire à des conflits armés entre les peuples.
« Le bassin du Congo offre un potentiel pour soutenir la coopération régionale dans la gestion des systèmes d’eau partagée. D’autre part, cette ressource fait l’objet de conflits potentiels entre utilisations concurrentes. Aujourd’hui, le thème de la guerre de l’eau est fréquemment évoqué dans la littérature et les débats sur le bassin comme l’une des nombreuses facettes des conflits émergents, exacerbés par les impacts du changement climatique et les nouveaux modes de migration », a ajouté l’enseignant.
De ce forum, les organisateurs attendent de nouvelles orientations pour les recherches sur les ressources en eau du bassin du Congo et l’engagement des partenaires publics et privés pour améliorer la collaboration régionale.
« L’état des lieux des connaissances actuelles et des progrès réalisés dans la compréhension de la dynamique et des processus liés aux ressources en eau dans le bassin du Congo sera établi à cette occasion pour permettre aux participants d’avancer sur de nouvelles bases dans la gestion des ressources. Il facilitera l’échange d’informations pour définir les axes d’orientation de la recherche scientifique innovante pour ce bassin », a conclu le professeur Tshimanga.


Soutien de la RDC à la lutte pour la pénalisation de l’écocide

L’Ambassadeur de la RDC au BENELUX, le professeur Christian Ndongala Nkunku

La République démocratique du Congo apporte un « soutien résolu » à l’initiative portée par les États insulaires du Pacifique afin que l’écocide soit reconnu comme crime international dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré son ambassadeur au Benelux, lors de la 23ème session de l’Assemblée des États faisant parties de cette institution qui s’est tenue à La Haye aux Pays-Bas du 2 au 7 décembre.
« Cette initiative marque un changement de paradigme fondamental. La nature n’est pas une réserve inépuisable de ressources à exploiter sans retenue et sans sagesse. Il est temps de reconnaître que l’on ne peut extraire indéfiniment d’une planète aux ressources limitées, et que détruire la nature revient à compromettre la pérennité même de la vie et la survie de l’humanité », a expliqué le Pr Christian Ndongala Nkunku dans un document remis à l’Agence congolaise de Presse (ACP).
La RDC salue cette initiative, du Vanuatu, de Fidji et de Samoa, qu’elle considère comme « une solution efficace, car le droit pénal, de par son caractère contraignant, constitue un outil puissant pour répondre aux graves dommages environnementaux, en temps de paix comme en temps de conflit », a-t-il souligné.

« Nos écosystèmes nous fournissent divers services essentiels »

En effet, a poursuivi l’ambassadeur Ndongala, « nos écosystèmes, qui abritent la deuxième plus grande forêt tropicale du monde reconnue comme le premier poumon mondial en termes de séquestration de carbone, nous fournissent des biens et services vitaux tels que l’approvisionnement en nourriture et en médicaments, la régulation du climat, la purification de l’air et de l’eau ainsi que la pollinisation et autres. Tous ces services essentiels sont gravement menacés par des activités destructrices qui, dans de nombreux cas, relèvent de véritables crimes contre la nature ».
Pour le représentant de la RDC au Benelux, la reconnaissance de l’écocide devient une étape cruciale pour amener l’humanité à vivre en harmonie avec la nature, « afin d’inverser la tendance de perte de la biodiversité, et remettre la nature sur la voie du rétablissement ».
Le Pr Christian Ndongala a enfin indiqué que la RDC, en tant que « pays solution face au changement climatique et à la perte de la biodiversité », réaffirme sa détermination à soutenir cette « initiative cruciale, qui constitue une étape essentielle pour guider la communauté internationale vers une coexistence harmonieuse avec notre planète ».

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