Accueil Politique Côte d’Ivoire : Trois des principaux opposants exclus de la présidentielle

Côte d’Ivoire : Trois des principaux opposants exclus de la présidentielle

La Commission électorale de la Côte d’Ivoire a publié le 17 mars la liste des candidats pour la présidentielle du 25 octobre, avec trois des principaux opposants manquants dont l’ancien président Laurent Gbagbo. Autant de figures de proue qui ne devraient donc pas défendre leurs chances.

L’ancien président Laurent Gbagbo, son ex-bras droit Charles Blé Goudé et son ex-Premier ministre Guillaume Soro, en exil depuis 2019, sont parmi les opposants connus parmi tant d’autres qui n’ont pas été retenus par la Commission électorale indépendante pour la présidentielle.
À sept mois du scrutin du 25 octobre, les choses se précisent donc en Côte d’Ivoire. 8,7 millions d’électeurs seront appelés aux urnes, aux termes de la même « liste provisoire », dont 969 000 nouveaux électeurs.
L’ancien président Laurent Gbagbo, leader du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé et lex-Premier ministre Guillaume Soro sont, eux, exclus pour condamnations judiciaires.
Tidjane Thiam, président de la principale formation politique de l’opposition, Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), pourtant au cœur d’une controverse au sujet de sa double nationalité franco-ivoirienne, figure bel et bien sur la liste querellée.
Ses détracteurs, ayant activé la fibre du nationalisme identitaire, avaient fait brandi un article du code de la nationalité de 1961, en vertu duquel « perd la nationalité ivoirienne le majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité ». Tidjane Thiam avait acquis la nationalité française à 25 ans, en 1987.

Quinze jours pour faire appel

Mais, l’opposant bénéficie du principe que le même article prévoit un alinéa stipulant que « pendant un délai de quinze ans, la perte de la nationalité ivoirienne est subordonnée à l’autorisation du gouvernement par décret », aucun Exécutif n’ayant promulgué un tel décret dans le délai après son acquisition de la nationalité française.
Par ailleurs, pour se conformer à la Constitution exigeant que le candidat à l’élection présidentielle soit « exclusivement de nationalité ivoirienne », Tidjane Thiam avait déposé début février une demande de perte volontaire de la nationalité française.
Néanmoins, les partis des candidats exclus ont d’ores et déjà annoncé qu’ils exigeraient la réintégration de leurs leaders respectifs, la loi autorisant que « tout électeur a quinze jours pour déposer un recours ».
Le PPA-CI de Laurent Gbagbo a estimé que l’exclusion de son candidat de la liste électorale provoquerait des « tensions », allant jusqu’à menacer qu’« il n’y aura pas d’élection sans Gbagbo ». Le président exécutif du parti, Sébastien Dano Djédjé, a jugé « illogique » que l’ancien chef de l’État subisse encore les conséquences de sa condamnation par la justice ivoirienne à vingt ans de prison pour « braquage de la BCEAO » en 2018, alors même qu’il a été lavé de tous les crimes liés à la crise post-électorale de 2010-2011 par la Cour pénale internationale (CPI) en 2021.

Gbagbo et Blé Goudé recalés, mais pas l’ancienne Première dame Simone Ehivet Gbagbo

Dano Djédjé a par ailleurs dénoncé, dans une conférence de presse le 18 mars, une décision de la Commission électorale prise « par orgueil, par mépris ou par vengeance » afin de « saper le moral de nos militants et sympathisants » et de « provoquer des troubles pour se maintenir au pouvoir par les armes ».
Il en est de même de Charles Blé Goudé, l’ancien chef des Jeunes Patriotes qui a pris ses distances de son mentor Laurent Gbagbo, et également acquitté par la CPI pour des faits similaires, mais qui reste sous le coup d’une condamnation à vingt ans de prison prononcée par la justice ivoirienne.
Pour sa part, l’ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo qui, elle, a été amnistiée en 2018 par Allassane Ouattara, se retrouve bien sur la liste électorale. Son parti, le Mouvement des générations capables (MGC), ensemble avec une vingtaine d’autres formations dont le PDCI, le Cojep et le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan, également candidat, ont constitué début mars la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI). La possibilité d’une candidature unique est depuis sur la table, avec Tidjane Thiam comme fer de lance.
Ce rassemblement de l’opposition exige l’organisation d’un « dialogue politique » et une « réforme du système électoral ivoirien » afin de garantir une élection « inclusive », « transparente » et « apaisée ».
La CAP-CI soutient ainsi la demande de réinscription de Charles Blé Goudé sur la liste électorale, en plus de réclamer une nouvelle opération de révision de la liste avant le scrutin.
De son côté, le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Son porte-parole Amadou Coulibaly a rappelé que les assises réclamées ont eu lieu en 2022 et que « l’une des principales conclusions de ce dialogue politique était que dans notre pays, toutes nos institutions sont installées et fonctionnent et que les requêtes soient adressées à ces institutions ». Pas sûr donc que le scrutin d’octobre soit organisé dans un climat apaisé.

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