Les États-Unis se disent disposés à envisager des partenariats autour des ressources minières avec la République démocratique du Congo qui, dans un climat de guerre avec le Rwanda appuyant militairement le M23, multiplie les tentatives de rapprochement envers l’administration de Donald Trump.
Dans une déclaration transmise le 9 mars 2025 à l’agence Reuters, le département d’État américain a confirmé que Washington est « ouvert à explorer des partenariats dans le secteur des minéraux critiques » avec la RDC. Vingt-quatre heures auparavant, le Financial Times avait révélé l’existence de discussions exploratoires entre les deux pays dans le cadre d’un accord potentiel visant à donner aux États-Unis l’accès aux ressources précieuses congolaises.
« Les partenariats avec les entreprises américaines renforceront les économies des États-Unis et de la RDC, créeront des emplois hautement qualifiés et intégreront le pays dans les chaînes de valeur régionales et mondiales », a indiqué le magazine britannique, citant un porte-parole du Département d’État.
Selon cet officiel américain, un tel partenariat s’alignerait sur l’agenda « America first » (l’Amérique d’abord) cher à l’administration Trump. Ce modèle pourrait ressembler à celui envisagé avec l’Ukraine, dont le président, Volodymyr Zelensky, déclarait début février être prêt à recevoir des « investissements d’entreprises américaines » dans le domaine des terres rares utilisées dans l’électronique et que Kiev détient sous son sol, en échange du soutien de Washington dans le secteur de la sécurité.
Si l’État congolais se garde d’évoquer pour l’heure publiquement le sujet, les tractations se déroulent en coulisses à cet effet, selon certaines indiscrétions.
Plusieurs intervenants impliqués dans le lobbying
Un nombre d’acteurs congolais et américains sont impliqués dans les négociations, fait savoir l’agence selon laquelle au début du mois de février, André Wameso, directeur adjoint du cabinet du président Tshisekedi, était aperçu à Washington où il est allé discuter des « contours du partenariat ». De même, plusieurs hauts responsables américains ont reçu, toujours en février, une lettre sollicitant l’appui de Washington en échange de l’accès des entreprises américaines aux richesses du sous-sol congolais.
« En tant que premier fournisseur mondial de cobalt et producteur majeur de lithium, de tantale et d’uranium, les ressources de la RDC sont essentielles à la compétitivité industrielle et à la sécurité nationale des États-Unis », écrit dans un des documents le lobbyiste Aaron Poynton du Conseil d’affaires Afrique-États-Unis au nom de Pierre Kanda Kalambayi, président de la Commission de défense, sécurité et protection des frontières du Sénat congolais, au secrétaire d’État Marco Rubio.
Le texte, daté du 21 février 2025, demande l’implication américaine dans l’équipement et la formation des forces armées de la RDC ainsi que le remplacement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, jugées « inefficaces », par une coopération sécuritaire directe entre les États-Unis et la RDC.
Une rencontre Tshisekedi-Trump envisagée

Le lobbyiste estime à la même occasion qu’une rencontre du président congolais Félix Tshisekedi avec son homologue américain Donald Trump à Washington est également requise. L’auteur qualifie par ailleurs la situation dans l’Est de la RDC comme « le conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale », avec près de 15 millions de morts.
Il évoque notamment, sans mentionner le M23, la prise de contrôle, le 22 janvier 2025, de 10 % du territoire congolais par des forces hostiles, visant les gisements minéraux les plus riches. « Si cette instabilité n’est pas contrôlée, elle pourrait déstabiliser les chaînes d’approvisionnement mondiales, augmentant la volatilité pour les fabricants et les industries de défense américaines », insiste le texte.
Le gouvernement américain souhaite aussi encourager l’investissement privé dans le pays, pour une exploitation minière plus responsable et transparente.
Washington préoccupé par la crise en RDC
La crise aussi bien sécuritaire qu’humanitaire provoquée par l’armée rwandaise depuis la prise de Goma et Bukavu préoccupe l’administration américaine, qui a récemment appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, rappelle-t-on. Ce climat de guerre pourrait expliquer en partie des démarches diplomatiques de la RDC pour renforcer sa stabilité, en diversifiant ses partenariats internationaux, notamment en sollicitant l’aide des États-Unis pour sécuriser son territoire et ses ressources.
D’après le média américain Semafor, Donald Trump s’apprêterait à nommer dans la foulée Massad Boulos, dont le fils est marié à sa fille, au poste d’envoyé spécial pour la région des Grands Lacs. Question de suivre plus étroitement les enjeux concernant cette partie sensible de l’Afrique centrale.
S’il est paraphé, l’accord sur les minerais de la RDC, un pays au coeur d’une compétition géopolitique, permettrait aux États-Unis de renforcer leur présence économique et stratégique dans une région déjà dominée par la Chine. Il pourrait également servir de contrepoids aux différentes influences étrangères présentes sur le terrain.