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Canada – La page Trudeau se tourne : Mark Carney devient le nouveau Premier ministre

Mark Carney, le nouveau Premier ministre du Canada

Tout le monde connaissait Justin Trudeau, le Baby Face. Il faudra désormais s’habituer à un autre visage qui représentera le Canada. Mark Carney, 59 ans et donnée largement favori du scrutin, a été élu le 9 mars pour remplacer Justin Trudeau à la tête du parti libéral.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, qui a officiellement lancé sa campagne le 16 janvier 2025, deviendra ainsi le Premier ministre du Canada.
Justin Trudeau, après 12 années au pouvoir, a annoncé sa démission en janvier 2025, en pleine tourmente politique. Il avait subi des pressions internes en raison de son extrême impopularité auprès des électeurs, frustrés par la crise du logement et l’augmentation du coût de la vie.
Mais la passation de pouvoir pourrait prendre quelques jours, le temps de former un nouveau gouvernement. Le prochain Premier ministre devra rapidement rassembler le parti en vue des élections fédérales prévues au plus tard en octobre 2025.
Mark Carney n’a jamais occupé une fonction élective, mais son expérience internationale et son attitude posée ont rassuré de nombreux électeurs pour le poste d’un Premier ministre qui devra – il l’a assuré aux électeurs – gagner la guerre commerciale contre Trump, dont la rhétorique dérange beaucoup les Canadiens.
Mark Carney a promis qu’il ne laissera pas Donald Trump « réussir dans la guerre commerciale ».

Des attaques claires à l’encontre de Trump

Dans une grande partie de son discours de victoire, M. Carney a attaqué M. Trump, qui a imposé des droits de douane au Canada et a déclaré vouloir faire du pays le 51ème État américain. « Les Américains ne doivent pas se tromper », a-t-il déclaré. « En matière de commerce, comme au hockey, le Canada gagnera ».
M. Carney l’a emporté dès le premier tour de scrutin, en recueillant 85,9 % des suffrages et en battant sa rivale la plus immédiate, l’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland, créditée à peine de 8% des voix.
M. Carney, qui dirigera un gouvernement minoritaire au parlement, pourrait soit convoquer lui-même des élections générales anticipées, soit les partis d’opposition pourraient en forcer la tenue avec un vote de défiance plus tard dans le mois.
Les libéraux au pouvoir ont connu un revirement politique remarquable depuis la sortie de Trudeau, les Canadiens ayant été galvanisés par les menaces commerciales de Donald Trump et son soutien à l’annexion de leur pays
Au début de l’année, ils talonnaient les conservateurs, dirigés par Pierre Poilievre, de plus de 20 points dans les sondages électoraux. Ils ont depuis réduit l’écart et certains sondages les donnent statistiquement à égalité.


Un nouveau Premier ministre à un moment de psychose de récession

Une grande partie du discours de M. Carney a porté sur ce qu’il a appelé les « droits de douane injustifiés » imposés par M. Trump au Canada, le plus grand partenaire commercial des États-Unis.
Quelques jours auparavant, soit le 4 mars, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens, mais se sont après ravisés pour exempter les produits conformes à un accord commercial existant.
Le Canada a réagi en imposant ses propres droits de douane, tandis que M. Trudeau accusait son homologue américain d’essayer de faire s’effondrer l’économie du pays. M. Carney s’est fait l’écho de ces propos dans son discours de victoire, affirmant que M. Trump « s’en prenait aux travailleurs, aux familles et aux entreprises du Canada ».
« Nous ne pouvons pas le laisser réussir », a-t-il ajouté, sous les huées de la foule. Il a déclaré que son gouvernement maintiendrait les droits de douane sur les importations américaines « jusqu’à ce que les Américains nous montrent du respect ».

Des droits de douane synonymes de récession

L’économie canadienne dépend fortement du commerce avec les États-Unis et risque de basculer dans la récession si les droits de douane considérables décidés par M. Trump sont pleinement imposés.
« Je sais que nous vivons des jours sombres », a déclaré M. Carney. « Des jours sombres provoqués par un pays auquel nous ne pouvons plus faire confiance ».
« Nous nous remettons du choc, mais n’oublions jamais les leçons : nous devons prendre soin de nous-mêmes et nous devons veiller les uns sur les autres. Nous devons nous serrer les coudes dans les jours difficiles qui s’annoncent ».
M. Carney s’est également engagé à « sécuriser nos frontières », une exigence clé de M. Trump, qui a accusé le Canada de ne pas contrôler le flux de migrants.
Le président américain a même été mentionné dans les attaques de M. Carney contre son principal adversaire, le leader conservateur Pierre Poilievre. « Le plan de Pierre Poilievre nous laissera divisés et prêts à être conquis », a déclaré M. Carney qui a expliqué qu’« une personne qui vénère l’autel de Donald Trump s’agenouillera devant lui, et ne se dressera pas contre lui ».

Une campagne où tous les coups étaient permis

Peu avant le scrutin, les conservateurs ont accusé les libéraux d’avoir un plan « sournois » pour remporter un quatrième mandat en remplaçant simplement leur chef. Le parti de M. Poilievre a également chargé M. Carney d’avoir menti sur son rôle dans le transfert du siège social de la société d’investissement Brookfield Asset Management de Toronto à New York.
M. Carney avait en effet déclaré que la décision officielle des actionnaires avait été prise après son départ du conseil d’administration au début de l’année. Mais une lettre a été publiée démontrant le contraire et prouvant qu’il avait recommandé le déménagement en décembre.
Peu avant l’annonce des résultats et l’entrée en scène du nouveau Premier ministre, son prédécesseurs M. Trudeau a prononcé un discours d’adieu émouvant, revenant sur ses 12 années passées à la tête du parti libéral. Il a averti que le Canada, confronté aux menaces de Donald Trump, faisait face à un « défi existentiel » de la part des États-Unis.
« La liberté n’est pas un acquis, même le Canada n’est pas un acquis », a-t-il mis en garde, assurant néanmoins que « le Canada se battra quand il le faudra ».

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