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Belgique-Grands Lacs : Le ministre Prévot en visite marathon pour consolider le processus de paix

Maxime Prévot, vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères (Image d’illustration/belgaimage)

M. Maxime Prévot, vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères, s’est envolé le 25 avril pour une visite marathon en Afrique centrale, qui devait le conduire en Ouganda, au Burundi et en République démocratique du Congo dans le but de poursuivre les efforts diplomatiques de la Belgique pour une solution durable au conflit dans l’Est de la RDC.

Pour Bruxelles, M. Maxime Prévot, également ministre des Affaires européennes et de la Coopération au développement, s’est rendu en Afrique centrale jusqu’au 29 avril dans « des pays qui, à divers titres, ont un rôle essentiel à jouer pour mettre fin au conflit et bâtir la paix », précisant qu’après « la rupture des relations diplomatiques décidée par le Rwanda, une visite à Kigali n’est plus possible à ce stade ». Kigali reproche en effet à la Belgique de prendre fait et cause pour Kinshasa, rappelle-t-on.
Après Kampala en Ouganda, le ministre belge a quitté le 27 avril le Burundi, où il s’agissait d’une première pour un chef de la diplomatie belge depuis plus de dix ans. Maxime Prévot a été reçu au palais Ntare Rushatsi par le président Évariste Ndayishimiye pour des échanges qualifiés de « francs et constructifs » par les deux parties.
Le chef de l’État burundais a présenté les priorités de son pays, en insistant sur le besoin d’un capital de démarrage pour atteindre les objectifs fixés dans la stratégie « Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ».
Cette visite a également permis d’évaluer le programme bilatéral 2024-2028 qui couvre plusieurs domaines dont l’agriculture, la santé ou encore l’éducation. Il a été aussi annoncé que la Belgique accompagnera ce pays dans la préparation de sa présidence de l’Union africaine.

Les affaires régionales au menu des discussions

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi avec Maxime Prévot vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères et de la Coopération au développement (le 14/02/2025)

Au sujet des affaires régionales, les deux dirigeants ont échangé sur la sitfuation dans l’est de la République démocratique du Congo et sur leurs rapports respectifs avec les pays voisins. Le Burundi déploie des troupes en RDC en appui aux FARDC, et accuse régulièrement le Rwanda de menacer sa sécurité.
Maxime Prévot est arrivé, le dimanche 27 avril à Kinshasa, après Bujumbura. Reçu en audience le lundi 28 avril par le Président de la République Félix Tshisekedi, le vice-Premier ministre belge a témoigné du soutien de son pays et d’autres États européens aux initiatives en cours prises par le gouvernement congolais.
Il a conclu lundi soir à Kinshasa sa tournée diplomatique dans les capitales de la région des Grands Lacs, saluant les initiatives du Qatar et des États-Unis en faveur d’un apaisement de la crise dans l’est de la RDC, tout en lançant « un appel à la vigilance ».
« Si nous sommes positifs dans l’accueil de ces initiatives, nous souhaitons surtout pouvoir mesurer les résultats concrets, histoire de garantir que si un chemin a été tracé, il continuera d’être emprunté », a déclaré M. Prévot, évoquant les pourparlers de Doha au Qatar entre Kinshasa et le M23 ainsi que l’accord de principes signé le 25 avril à Washington entre Kinshasa et Kigali.
Le ministre belge a par ailleurs plaidé pour un meilleur climat des affaires afin d’attirer davantage d’investissements belges, soulignant que Bruxelles ne cherche pas à « vampiriser » les ressources congolaises, « contrairement à certains acteurs » adoptant selon lui « une approche plus transactionnelle de leur diplomatie ».

Appel à soutenir la démarche des évêques pour un dialogue national inclusif

La Conférence épiscopale de la RDC (Image d’archive)

Sur le plan de la politique interne, il a encouragé le président Tshisekedi à « soutenir les efforts pour un dialogue national, notamment l’initiative portée par les évêques catholiques et protestants, en maximalisant les différentes forces politiques en présence autour de la table ».
Le chef de la diplomatie belge a bouclé sa tournée par l’est du pays où il est arrivé le mardi 29 avril par la ville de Beni, chef-lieu provisoire de la province du Nord-Kivu, depuis que Goma est tombé aux mains des rebelles du M23/AFC. Il a été reçu par le général major Evariste Kakule Somo, gouverneur militaire de la province, avec qui il a eu un tête-à-tête.
« Je salue la prise de position de votre pays la Belgique en cette période de crise sécuritaire aigüe et je peux vous assurer que la population du Nord-Kivu n’aspire qu’à une chose, la paix », a dit le général major à son interlocuteur, assurant que « le Nord-Kivu est un paradis, mais où l’on meurt chaque jour depuis plus de 30 ans. Et on est fatigué avec ce cycle qui ne finit pas ».
Pour sa part, le vice-Premier ministre belge s’est dit satisfait d’être proche de cette population touchée par la guerre. « Étant de passage en RDC, je ne pouvais limiter ma présence à la seule capitale mais, au vue de la portée symbolique forte que cela peut revêtir, j’ai choisi d’être également à l’est de ce pays, près de la population et des autorités qui sont confrontées aux actes de violences depuis des mois, si pas des années, des actes qui ne sont pas tolérables. La Belgique doit mobiliser ses leviers d’actions diplomatiques mais aussi la coopération au développement pour pouvoir amplifier l’aide notamment humanitaire, alimentaire et sanitaire », a appelé Maxime Prévot, qui était accompagné de l’ambassadeur de la Belgique en RDC, Mme Roxane de Bilderling.
Les deux personnalités belges ont ensuite visité le centre hospitalier Unichir, une structure médicale construite aux standards internationaux et gérée par un sujet belge, le Docteur Morels.

Respect de l’intégrité territoriale et fin de l’appui aux groupes armés

La Belgique en RDC : Maxime Prévot et Félix Tshisekedi face à la crise du Rwanda (Source : i.ytimg.com)

La visite du vice-Premier ministre belge en Afrique centrale visait à renforcer la place de la Belgique dans les différents processus en cours pour la paix en RDC : celui de Doha sous l’égide de l’émir du Qatar, de Washington, de l’Union africaine et enfin celui mené conjointement par la SADC et l’EAC.
Pour Bruxelles, la sortie de crise passe par le respect de l’intégrité territoriale de chaque État, la fin de tout appui aux groupes armés et la promotion d’une économie transfrontalière légale et équitable.
La Belgique estime que la solution passe aussi par le retour des réfugiés dans la dignité et l’élimination de la menace posée par les FDLR. Maxime Prévot pense qu’il faut s’attaquer aux causes profondes du conflit pour briser le cycle des violences.
La Belgique mise aussi sur la réforme de l’armée congolaise. C’est dans ce cadre qu’a repris la coopération militaire entre la Belgique et la RDC, interrompue depuis 2017.
Depuis avril 2022, une trentaine d’instructeurs belges du Régiment d’opérations spéciales (SOR) sont déployés à Kindu au camp de Lwama, avec pour mission principale de former la 31ème Brigade de réaction rapide de l’armée congolaise, dont le premier bataillon est déjà opérationnel dans l’est.
« J’aurais voulu également me rendre dans d’autres pays de la région, qui jouent un rôle important », avait posté M. Prévot sur son compte X avant son voyage en Afrique centrale, citant l’Angola, la Tanzanie, le Congo Brazzaville, le Kenya, l’Afrique du Sud ou encore le Togo. Il a annoncé qu’un nouveau déplacement aura lieu « dans les prochaines semaines » dans la même optique.

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