Cela fait quatre ans, que la diva, la prestigieuse « Queen of Soul », celle que Ray Charles,  « the Genious », considère comme la plus grande chanteuse que le monde ait produite et  la seule qui l’ait égalé, cela fait quatre ans, maintenant,  qu’Aretha Louise Franklin a tiré sa révérence, à l’âge de 76 ans, à Detroit, dans le Michigan.

Invoquer le nom d’Aretha Franklin, qui était à la fois chanteuse, pianiste, auteure-compositrice américaine dont le talent s’est épanoui aussi bien dans la soul music, que dans le jazz, le gospel, et le rythm and blues, vous plonge dans une nostalgie indescriptible d’une époque que l’on pourrait qualifier, dans de nombreux domaines, comme la décennie glorieuse, incluse dans les « 30 glorieuses », ces années, qui, après la seconde guerre mondiale, se sont caractérisées par un incomparable progrès économique et social,  en Europe et en Amérique, avec des répercussions heureuses dans le reste du monde. 

Bénéficiant des fabuleuses innovations technologiques, l’industrie discographique venait de créer le disque vinyle 45 tours, et ce produit a permis, par son faible coût, de mettre les musiques du monde à la portée des moins nantis. 

Les années soixante, les sixties, comme disent les anglo-saxons, seront donc, sur le plan musical, un moment glorieux, où apparaissent, à travers le monde, des talents incomparables et des productions jusque-là inégalées :

Qu’on se rappelle, venant de la Grande Bretagne et des Etats Unis, ces groupes musicaux, qui vont faire éclore la Pop music 

les Beatles, les quatre garçons dans le vent, qui, à partir de Liverpool et de leur Twist and Shout, vont trôner aux premières places des Hit-parade internationaux et conquérir le monde, avec des chefs-d’œuvre comme Hey Jude, Let it be et Yesterday, dont Ray Charles fera un remix tout simplement ineffable ; les Rolling Stones, de Mick Jagger et Keith Richard et leur tube Satisfaction repris par le plus grands, dont Otis Redding ;

Les Kinks, les Moody Bleus dans leur Night in white Satin et le Spencer Davis Group, les Animals d’Alan Price et Eric Burdon et leur inégalable hit The house of the rising sun, repris par Johnny Halliday sous le titre  le Pénitencier.

Qui se rappelle My generation des Who ou encore Wild thing des Troggs ? Et les Small Faces de Steve Mariott avec les titres comme All or nothing, Tin soldier, Itchicoo Park, et Lazy Sunday ?

Les « Jackson Five » mettent déjà en vedette celui qui, plus tard, sera sans doute l’une des plus grandes stars mondiales, Michael Jackson.

Sur le continent européen, au même moment, Edith Piaf séduit l’humanité entière avec « la foule », « la vie en rose », mais qui s’en va beaucoup trop tôt, en laissant la place, notamment, à Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Juliette Greco, mais aussi à Johnny Halliday, Dick Rivers, Eddy Mitchell, Hugues Aufray, et Richard Anthony, rendu célèbre par son tube planétaire Et j’entends siffler le train.  

En Afrique, de précieuses révélations

De la RDC, Kallé Jeff, Pascal Tabu Ley, dit Rochereau, deux voix sublimes de l’orchestre African Jazz donnent à l’Afrique et au monde, les chansons Indépendance Cha cha et Kellya ; en même temps, Franco et son OK Jazz posent les fondements de ce que sera le Tout Puissant OK Jazz des années 70 et 80, avec les tubes Mamou et Mario ;

Myriam Makeba, la sublime diva sud-africaine et son Pata pata, remix d’une chanson folklorique, qui devient un tube mondial ; mais aussi son trompettiste de mari, Hugh Masekela, qui produit un jazz assez particulier influencé par des musiques locales sud-africaines ; l’artiste camerounais Francis Bebey honore Kin la belle, la capitale de la RDC, dans sa chanson, Kinshasa ;  

C’est aussi l’époque où le monde va découvrir la Soul music venue des Etats-Unis et dont les principaux représentants sont : Al Green, Marvin Gaye, I heard it through the grapevine, The Temptations, Sam and Dave, le grand Otis Redding, qui connaîtra une mort précoce, à 26 ans ; James Brown, The Godfather of Soul, chez qui tout est grandiose, démesuré, monumental, gigantesque et prodigieux ; Eddy Floyd et son tube planétaire Knock on Wood, repris, des années plus tard, par Ray Charles accompagné par la chorale féminine « The voices of jubilation ».

Simplement fabuleux ! De la lointaine Australie, surgissent les frères Gibb, Robin, Barry et Maurice, avec leur groupe  « The Bee Gees ». Ils  vendront près de 220 millions de disques.

D’Amérique latine, quelques noms prestigieux : Johnny Paheco, Pete El Conde Rodriguez, Guillermo Portabales, Raphael Cortijo, et beaucoup d’autres, qui nous viennent de la république Dominicaine, de Cuba, de Colombie avec des rythmes comme le Son montuno, la guajira, la cumbia colombienne…

C’est aussi l’époque où Arsenio Rodriguez va créer la Salsa, fusion du Son et du Guaguanco, que Johnny Pacheco et son « Fania all stars » vont propager à travers le monde entier dans les années 70. La Jamaïque produira Jimmy Cliff et Desmond Dekker, véritables précurseurs du grand Bob Marley

La plus belle voix féminine ? Aretha Franklin ?

Ceux qui ont écouté  Billie Holliday, Ella Fitzgerald, Dusty Springfield, Edith Piaf, Celia Cruz, Nicole Croisille, Nicoleta, Maurane, Diana Ross, Withney Houston et … donneront leur appréciation. Mais, ces quelques statistiques sont assez édifiantes !

Aretha Louise Franklin, est la chanteuse la plus classée dans l’histoire de l’industrie discographique américaine avec 112 titres placés dans les Hit-parade américains, dont 20 numéro Un.

Les 75 millions de disques vyniles vendus, font d’elle l’une des artistes féminines les plus performantes.

Elle a reçu 18 Grammy Awards, la récompense artistique la plus élevée aux Etats-Unis, avant d’être la première femme à intégrer le très fermé « Rock and Roll Hall Fame », à la fois musée et panthéon, où sont conservés et archivés les moments les plus significatifs des grands artistes de rock ; elle reçoit la médaille nationale des Arts sous la présidence de Bill Clinton et la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction pour un citoyen américain, sous George W. Bush.

Le magazine Rolling Stone la place en tête des meilleurs chanteurs de tous les temps. Dans le classement des 500 meilleurs albums de tous les temps, établi, en 2019, par ce même magazine, en collaboration avec trois cents professionnels de la musique, Aretha Franklin place quatre (4) albums.

En 2020, le Prix Pulitzer lui est décerné pour sa contribution à la musique, pendant sa carrière. Ce prix, le plus prestigieux du monde, a été créé par l’université Columbia de New York et, est remis à des personnes, des journaux, des magazines, des revues ou des agences de presse dans les domaines suivants : journalisme, littérature, fiction et musique.

Il est considéré comme.

Un dernier mot ? La réaction et l’appréciation d’Otis Redding, sur la version remixée de sa chanson Respect par la grande Dame. 

Il serait trop fastidieux de parler ici du contenu politique qu’Aretha Franklin, militante des droits civiques, aux côtés du Pasteur Martin Luther King et féministe engagée, a donné à sa version de cette chanson ; mais déjà, l’interprétation qu’elle en avait fait a propulsé Respect à la 5ième position des meilleures chansons de tous les temps, par le magazine Rolling Stone en 2004, derrière de Bob Dylan, (I can get no) Satisfaction des Rolling Stones, Imagine de John Lennon et What’s going on ? de Marvin Gaye.

Quelques temps avant de mourir, dans un accident d’avion, Otis Redding, a joué Respect, au festival de Monterey. A cette occasion, il a rendu un hommage élogieux à Aretha en déclarant : « La prochaine chanson est une chanson qu’une fille a emmenée loin de moi. Une bonne amie, cette, elle m’a juste pris la chanson. Mais je vais quand même la jouer. »

Rip and Respect, Mrs Franklin.Les anciens auront compris ; les jeunes pourront découvrir, s’ils le souhaitent.

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