
(Source : nytimes.com)
La créatrice de mode congolaise est réellement une figure particulière. Basée à Washington D.C., Anifa Mvuemba ne passe plus inaperçue depuis qu’elle avait créé un événement mondial en présentant sa collection lors d’un défilé virtuel utilisant la technologie 3D. Une première dans l’industrie de la mode et qui a forcé la reconnaissance de grands magazines féminins et attiré l’attention de grands mannequins et vedettes, dont la célèbre chanteuse Beyoncé.
En 2020 en pleine période de Covid-19 effet, la créatrice de la griffe Hanifa, voulant contourner les contraintes liées aux défilés de mode traditionnels, notamment les restrictions post-confinement liées à la pandémie, avait monopolisé l’attention du monde entier avec sa collection de vêtements en 3D. Le défilé a eu lieu sur Instagram Live et a attiré un public mondial. La collection présentée était composée de silhouettes sans mannequins physiques, mais plutôt de modèles virtuels en 3D qui défilaient sur un fond noir, mettant en valeur les vêtements de manière unique et innovante.
Elle était alors devenue la créatrice que toute la presse anglo-saxonne s’arrache, car la fondatrice de la marque Hanifa venait ainsi d’ouvrir la voie à de nouvelles façons de présenter la mode, en combinant la créativité traditionnelle avec les possibilités offertes par la technologie. Anifa Mvuemba a été saluée pour son audace, son innovation et sa contribution à la révolution de l’industrie de la mode. Elle a démontré que la technologie peut être utilisée de manière créative pour repenser les normes établies et créer des expériences uniques pour les consommateurs.
La créatrice Anifa Mvuemba avait su tirer profit de la réorganisation mise en place pat l’industrie de la mode pour contrer le Covid, avec la remise en question de tout son fonctionnement ainsi que ses méthodes de consommation. Son défilé Pink Label Congo créait l’événement par son innovation : un show en 3D – le tout premier du monde – où l’on pouvait voir des silhouettes sans mannequin ni podium, défiler en live depuis sa page Instagram. Un événement sans précédent dans la mode, dont les images étaient devenues virales au bout de quelques minutes.
Depuis, ses créations sont partout. Elles sont vues sur de nombreux « september issues » des magazines de mode anglo-saxons, sur les actrices Tracee Ellis Ross ou Zendaya, notamment la robe Kinshasa Backless Dress de sa griffe, aux couleurs du drapeau de la République Démocratique du Congo, dont Anifa Mvuemba est originaire.
Et pour cause, même si la créatrice est basée aux États-Unis, elle se ressources constamment sur les richesses et les couleurs vives du soleil de son pays d’origine, qui fait partie intégrante de son processus créatif. En effet, Pink label Congo est plus qu’une simple collection ou qu’un défilé en 3D, elle célèbre les beautés de la République démocratique du Congo, dont il raconte l’histoire en dénonçant l’exploitation des mines et du coltan – notamment utilisé dans la composition de téléphones portables – à l’origine de nombreux conflits dans la région.
Bousculer les codes de la mode


Ainsi, pour cette créatrice engagée, chaque détail des pièces est pensé en référence à ses combats. « Les couleurs phares de la collection sont très importantes : le rouge symbolise la douleur, le bleu la paix et le jaune représente l’espoir. Toutes ces couleurs du drapeau congolais ont été déclinées dans les créations d’Anifa », comme l’explique si bien Sofia Thompson, responsable communication de la marque Hanifa.
Le défilé 3D n’est pas la première innovation de cette créatrice de 34. Alors qu’elle avait lancé sa griffe en 2011, la native de l’État du Maryland aux États-Unis mettait déjà un point d’honneur à mettre en valeur des silhouettes rondes encore trop peu vues sur les podiums de défilés. « Les marques ne sont pas assez inclusives. Par mes créations, je veux m’assurer que des femmes comme moi puissent mettre un pantalon et se dire “oh mon dieu, il me va parfaitement’’ », confiait la créatrice au magazine Teen Vogue. « Mes créations tiennent compte de tous nos atouts et sont conçues pour convenir parfaitement aux femmes noires ». Ainsi pouvait-on également voir sur ses différents défilés 3D qui ont suivi des silhouettes aux corps pas forcément normés.
Mais Anifa Mvuemba pousse son engagement jusque dans le choix des couleurs de ses créations. Ses vêtements sont créés de sorte à ce qu’ils puissent aller à chaque teinte de peau, en particulier aux femmes noires foncées. « Quand je dessine, je dessine pour des femmes non-Blanches, et j’utilise des couleurs qui conviennent à notre teint, des choses qui conviennent à nos hanches et des proportions différentes », a-t-elle expliqué à l’édition américaine du magazine ELLE.
Des prises de positions politiques et artistiques qui lui ont valu d’être adoubée par le magazine Teen Vogue et de figurer, avec cinq autres stylistes, en couverture de la première édition de « Generation Next » de Teen Vogue, initiative de mentorat destinée à donner un coup de pouce à des jeunes créateurs. C’est également cette initiative qui lui a valu d’être adoubée par plusieurs grands acteurs du milieu, dont Anna Wintour, rédactrice en chef de l’édition américaine du magazine Vogue, ou encore Beyoncé qui, sur son site web, avait mis à l’honneur le travail de la créatrice
Mais une chose est sûre, Anifa Mvuemba, cette créatrice révolutionnaire et pleine d’idées novatrices n’a pas fini de bousculer les codes de la mode.