Plusieurs milliers de personnes ont manifesté le samedi 9 août dans les rues de la commune de Yopougon à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à l’appel du Front commun composé des deux principales formations d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Une nouvelle manifestation lancée par l’opposition, qui survient après celle de juin dernier, et autorisée par les autorités qui relance les craintes sur le retour d’une période trouble dans ce pays.
Les milliers de personnes qui ont défilé dans les rues d’Abidjan manifestaient pour dire « Non à un quatrième mandat ! » d’Alassane Ouattara. le président sortant qui a annoncé fin juillet qu’il était candidat à un quatrième mandat consécutif, alors que plusieurs grandes figures de l’opposition ont été exclues du scrutin. Dans la foule, il y avait beaucoup de partisans de Laurent Gbagbo, qui portaient des t-shirts à son effigie. Et d’autres, qui arboraient une chemise verte, avec l’image de Tidjane Thiam, deux leaders exclus du scrutin mais qui n’ont pas pris part à la marche, leurs militants se faisant leur porte-parole pour réclamer leur réintégration sur la liste électorale en vue de leurs candidatures à l’élection du 25 octobre.
« Je marche pour que nos leaders participent à l’élection présidentielle », affirme une dame, un drapeau de la Côte d’Ivoire à la main. « Nous voulons que les noms de nos leaders, le président Laurent Gbagbo soit inscrit, le nom du président Tidjane Thiam soit écrit. C’est la raison pour laquelle nous sommes sortis », précise-t-elle tout en vendant des arachides en marchant et en portant haut le drapeau de la Côte d’Ivoire.
Une manifestation calme, parfois avec des allures de fête
« Non à un quatrième mandat ! » et « Trop c’est trop ! » ont scandé les manifestants pendant plus de quatre heures, portant les uns des pagnes à l’effigie de Laurent Gbagbo, à la tête du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire, les autres de Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, tous deux réunis depuis juin au sein d’une alliance baptisée « Front commun ». Beaucoup ont défilé en brandissant le drapeau bleu du PPA-CI dans une main et le drapeau vert du PDCI dans l’autre. À leurs côtés aussi, il y avait des sympathisants de Pascal Affi N’Guessan, le leader du FPI qui affiche son soutien pour un dialogue politique.
« Nous exigeons le respect de la Constitution. Quel article autorise un quatrième mandat ? », interroge ce militant du PPA-CI. Mais comme presque partout en Afrique, le président sortant trouve toujours une emphase pour faire une lecture originale du même texte. Dans sa déclaration prononcée le 29 juillet dernier, Alassane Ouattara assurait que la Constitution lui permet de briguer un nouveau mandat. Sans autre précision.
Pari réussi néanmoins pour l’opposition ivoirienne, à moins de trois mois de l’élection présidentielle. La manifestation était autorisée malgré un climat politique tendu marqué par l’annonce de la candidature du président Alassane Ouattara à un quatrième mandat consécutif ainsi que par une série d’arrestations et de convocations judiciaires de cadres de l’opposition, celle-ci dénonçant des « manœuvres visant à semer la peur ». Mais le tout s’est déroulée dans le calme, sans oublier les slogans très critiques lancés pendant la manifestation, avec par moments des airs de fête, les militants chantant et dansant sur le boulevard de la Solidarité à Yopougon, commune la plus peuplée de la capitale économique et fief traditionnel de l’ancien président Laurent Gbagbo.
