
(Source : actucameroun.com)
Réunis du 7 au 8 juillet au Palais des Congrès de Yaoundé à l’occasion de la deuxième édition des Concertations nationales sur l’Intelligence artificielle (CONIA 2025), les acteurs du secteur public, du privé, du monde académique, de la société civile et les partenaires internationaux ont planché sur les ambitions du Cameroun en matière d’IA autour du thème de « la stratégie nationale de l’IA, socle d’une économie numérique inclusive et durable au service de l’émergence ».
Panels de débats, expositions, hackathons et démonstrations de jeunes développeurs ont rythmé les travaux de cette seconde édition des CONIA, avec pour objectif de bâtir une IA éthique, souveraine, performante et adaptée aux réalités locales. Selon Minette Libom Li Likeng, ministre camerounaise des Postes et Télécommunications, son pays entend devenir le hub africain de référence en IA d’ici 2040. Pour y parvenir, un cadre légal structurant est en cours d’élaboration, adossé à une stratégie nationale qui mise autant sur la performance technologique que sur la souveraineté numérique.
Les ambitions du gouvernement camerounais sont notamment de former 60 000 talents dans les métiers de l’intelligence artificielle et créer 12 000 emplois dans les secteurs liés à l’IA ainsi qu’à l’économie numérique. À terme, cette dynamique pourrait porter à 1,2 % du PIB national, selon les estimations de son ministère.
La stratégie nationale de l’IA repose sur sept piliers majeurs, à savoir la gouvernance éthique et souveraine de l’IA, la gestion des données et le développement des infrastructures, une IA multilingue et inclusive, une infrastructure technologique souveraine, la formation et la recherche, l’usage innovant dans les secteurs prioritaires ainsi que la coopération internationale pour un meilleur positionnement régional.
« Se positionner stratégiquement, au risque de subir les choix technologiques d’ailleurs »
« En 2025, les investissements mondiaux dans l’IA dépasseront les 250 milliards de dollars, et d’ici 2032, ce marché pourrait franchir les 1 700 milliards. Ce mouvement impose à chaque pays de se positionner stratégiquement, au risque de subir les choix technologiques venus d’ailleurs », a averti la ministre.
Les assises de la deuxième édition du CONIA ont débouché sur une série de recommandations structurantes qui balisent les priorités du Cameroun dans les domaines de l’infrastructure numérique, des talents, de la compétitivité, de l’éthique, du financement, de la gouvernance et de l’IA générative. Dans le domaine des talents et de la recherche, il est proposé la mise en place d’un Programme national IA pour former 60 000 jeunes à l’horizon 2040, de renforcer l’alphabétisation numérique en zone rurale, d’introduire l’IA dans les curricula de formation dès le secondaire et d’encourager les postes de gestionnaires de données dans les organisations. Le texte recommande également de soutenir l’entrepreneuriat local, d’encadrer l’usage éthique de l’IA, de promouvoir les métiers émergents du secteur et de favoriser la création d’incubateurs universitaires pour rapprocher la recherche de l’innovation technologique
Les travaux ont aussi insisté sur la nécessité d’intégrer l’IA générative dans la stratégie nationale, avec des formations dédiées pour enseignants, journalistes, traducteurs ou agronomes, la création de contenus en langues locales, et le soutien à des projets pilotes dans les secteurs clés comme la santé, l’éducation ou les transports. En matière de confiance, sécurité et régulation, il a été recommandé d’adopter un cadre législatif spécifique, de renforcer la protection des données locales, de créer un organe national dédié à l’IA, et d’intégrer des clauses de cybersécurité dans les projets numériques publics. L’élaboration de lignes directrices éthiques, notamment pour encadrer les dérives de l’IA générative (désinformation, plagiat, atteinte à la vie privée), a également été proposée.
Batteries électriques : Un brevet d’invention pour la Congolaise Ngalula Mubenga

La créatrice congolaise, Prof Sandrine Ngalula Mubenga, experte en génie électrique et fondatrice de STEM DRC Initiative, a annoncé le 8 juillet l’octroi officiel d’un brevet d’invention décerné par l’Office américain des brevets et des marques (USPTO). Une avancée majeure qu’elle qualifie de « révolution pour l’industrie des batteries ».
« C’est officiel. l’USPTO a rendu public mon brevet d’invention. Ces outils et logiciels dont je suis inventrice vont révolutionner l’industrie de la fabrication des batteries. C’est la RDC qui gagne », a-t-elle écrit sur ses plateformes numériques. Professeure à l’Université de Toledo aux États-Unis, Dr Mubenga, est également directrice générale de l’Agence de Régulation de l’électricité (ARE) en RDC. Son travail est salué à l’international pour son impact dans les domaines des énergies renouvelables, de l’électrification rurale et de l’innovation technologique.
Son brevet représente un symbole fort d’espoir et de fierté pour la RDC, pays riche en ressources naturelles mais encore à la quête de transformation technologique. Le logiciel et les outils développés par la scientifique congolaise devraient faciliter la fabrication des batteries plus efficaces et durables, un enjeu stratégique mondial dans la transition énergétique. À travers son initiative STEM DRC, Dr Mubenga œuvre également à former et inspirer une nouvelle génération d’ingénieurs congolais à s’investir dans les sciences, la technologie et l’ingénierie.
Ousmane Dicko, quand le génie africain dompte l’intelligence artificielle
Ousmane Dicko figure dans le classement Forbes des 30 jeunes Africains les plus prometteurs de l’année 2025. À seulement 17 ans, ce jeune Malien dirige la première agence d’Intelligence artificielle à Bamako et est devenu un acteur de référence dans le domaine de l’intelligence en Afrique.
Le geek malien a créé en 2022 Dicken AI, la première agence d’automatisation avec intelligence artificielle au Mali. L’entreprise s’est attaquée à un problème concret. « Dans la majorité des entreprises que nous accompagnons, les équipes sont débordées à force de répondre aux mêmes questions, encore et encore. Cela entraîne une perte de réactivité, de clients et d’argent. Ainsi, nous avons créé un agent conversationnel IA capable de gérer jusqu’à 90% des échanges clients de façon totalement automatisée ».
« Nos agents IA, créés sur mesure et disponibles 24 heures sur 24, peuvent répondre sur tous les canaux clés : WhatsApp, Instagram, Facebook, site web. Concrètement, nous permettons aux entreprises de réduire les coûts, d’augmenter leur efficacité et d’améliorer l’expérience client », explique Ousmane Dicko.
À 7 ans, il s’initie aux bases de la filière – création d’algorithmes, codage et encodage, conception de logiciels – en jouant aux jeux vidéo. Adolescent, il va investir Internet. « La première chose que j’ai faite, c’est taper sur Google : ‘’comment lancer un business en ligne’’. J’ai enchaîné lectures, vidéos, formations… », fait-il savoir.
De nombreux partenariats stratégiques en vue à l’échelle internationale
Pour la création de l’agence, le jeune Malien a reçu peu d’aide. « J’ai décidé de me débrouiller autrement. Je me suis inspiré d’entrepreneurs comme Oussama Ammar, un Franco-libanais, cofondateur de The Family, un incubateur d’entreprises qui a réussi à engranger des millions de dollars. À défaut de pouvoir l’avoir à mes côtés, j’ai développé un clone IA de lui, un assistant personnel alimenté par ses idées, ses principes, ses discours ». Ce « clone » m’a permis de structurer mes réflexions, de prendre de meilleures décisions et surtout de ne jamais me sentir seul dans ma progression », confie-t-il.
Aujourd’hui, Dicken AI développe des chatbots services clients, des générations de leads, des intégrations WhatsApp, la personnalisation d’intelligences artificielles ainsi que des services en matière de soutien et de formation. Elle est sur le point de nouer de nombreux partenariats stratégiques à l’échelle internationale. Le Canada, la France, le Sénégal et la Côte d’Ivoire font partie des possibles portefeuilles clients et partenaires.
Alors qu’il prépare son baccalauréat, Ousmane compte, à moyen terme, créer une communauté d’entraide autour de l’IA en Afrique, une sorte de Silicon Valley, et à long terme faire émerger un LLM (modèle de langage de grande taille) à même de répondre aux réalités linguistiques, culturelles et économiques de l’Afrique.