Basketteuse belge originaire de la République démocratique du Congo, Bethy Mununga, du haut de son 1,83 mètre, évolue dans l’équipe nationale de son pays d’adoption. Onésha Afrika l’a rencontrée le mardi 27 mai au Press Club de Bruxelles, pour un entretien à bâtons rompus.
Née d’une famille de sportifs, à trois ans elle arrive avec ses parents en Belgique, où elle a grandi. « Il faut d’emblée retenir que je suis née en RDC, où mon père jouait déjà au basket. Mais à cause des difficultés auxquelles il a dû faire face, il a arrêté le basket pour assurer l’avenir de ses enfants. C’est ainsi que nous sommes arrivés en Belgique », raconte Bethy Mununga.
Au début, elle a voulu devenir la nouvelle Serena Williams. « À la base, je faisais de l’athlétisme et du tennis. Parce que mon père voulait que je sois la nouvelle, la future Serena Williams. Et tout se passait bien ».
Mais le rêve est brisé à cause d’un simple changement de domicile. « Un jour, la famille a déménagé pour la Flandres et j’ai été contrainte d’abandonner l’athlétisme à cause de la distance du lieu d’entraînement. Mais nous sommes une famille très sportive, donc rester à la maison tous les jours n’était pas possible. Mon père m’a un peu forcé la main pour essayer le basket, à l’instar de l’un de mes petits frères. J’ai tenté et voilà, j’y suis toujours ».
Un parcours atypique
Et pourtant à l’origine, elle se destinait à devenir tenniswoman. « J’ai commencé par jouer au tennis. Ça se passait bien. Quant à l’athlétisme, j’aimais beaucoup courir avec mes voisins. Sauf qu’eux faisaient déjà de l’athlétisme, mais pas moi et souvent, j’étais plus rapide qu’eux. C’est comme ça que j’ai pratiqué l’athlétisme pendant deux ans. C’est là que nous avons déménagé ».
À la question de savoir si elle se sentait vraiment à l’aise dans l’équipe nationale belge avec son petit côté originaire de la RDC, elle se veut rassurante. « Bien sûr. Bon, Congolaise je le suis toujours, malgré ma nationalité belge. Mais c’est un choix que j’ai fait. Parce que déjà, j’ai grandi ici depuis mes trois ans, j’ai appris la culture d’ici, j’ai fait ma scolarité ici. C’est vrai qu’on veut toujours représenter le pays dans lequel on est né, mais il faut savoir que les conditions au Congo n’étaient pas bonnes à l’époque. C’est vrai que c’est beaucoup mieux aujourd’hui. Mais en ce qui me concerne, j’ai quand même grandi en Belgique, donc j’ai opté pour représenter les couleurs de la Belgique ».
Des ambitions pour la RDC

Ce qui ne l’empêche pas de relativiser. « Ça ne veut pas dire que je laisse mon pays de côté et que je ne suis pas active. Non. J’ai quand même des projets, j’ai des ambitions pour la RDC et j’y travaille ».
Maus comment s’est-elle retrouvée une fois à évoluer aux États-Unis ? Betty Mununga explique : « J’ai grandi en Belgique mais j’ai fini mes études universitaires aux Etats-Unis, où j’ai résidé pendant cinq ans et où j’ai décroché mes diplômes ».
C’est aussi le conseil qu’elle prodigue aux jeunes. « J’ai pu combiner les études et le sport. Et c’est un privilège, parce qu’en Europe c’est plus difficile ». Pour le basket, elle avoue que tout est parti vite. « En fait, le basket, je ne le connaissais pas. Et pour la petite histoire, j’avais grandi très très vite.
Donc tout le monde dans la rue me posait la question : Ah, tu es grande, est-ce que tu joues au basket ?’ Et donc j’ai commencé », avoue-t-elle.
Elle ajoute : « Je voulais abandonner. Trois mois après, le coach de la sélection provinciale de Bruxelles m’a repérée et tout est allé très vite. Donc je suis arrivée en sélection. J’ai été recrutée par une académie qui déniche les jeunes talents belges. Les collègues avaient commencé depuis leurs 4 ou 5 ans, alors que moi, je suis arrivée à 13-14 ans. Donc déjà là, il y avait un décalage. Et en fait, je voulais juste mettre mon talent à l’œuvre dans le sens où moi, le ballon, je ne le voulais pas. J’étais là seulement pour défendre, pour les rebonds, donc plus mon côté athlétique ».
« L’Afrique regorge de beaucoup de talents »

« Le déclic est venu lors de ma dernière année à l’académie. Alors que je me minimisais, une conversation avec une coéquipière a tout changé. Quand je suis partie aux États-Unis, j’ai dû apprendre à vouloir le ballon et à marquer. Et c’est comme ça que je suis la joueuse que je suis aujourd’hui. Finalement le basket, c’était ma destinée. Et le basket en fait m’a permis de répondre à toutes mes interrogations de la vie ».
Au sujet de son parcours, Bethy Mununga a débuté avec la sélection provinciale de Vaucel, puis à l’académie, où toutes les filles l’ont même nommée « cheveu dans la soupe », parce qu’elle y est arrivée tard et par hasard.
À la question sur d’éventuels projets pour son pays d’origine la RDC, Bethy Mununga n’a pas voulu être très explicite, soulignant néanmoins que « l’Afrique regorge de beaucoup de talents. Le problème, ce sont des opportunités. Il n’y a pas assez de mains tendues pour les aider. Et moi, je veux être l’une de ces mains. Je pourrais aider les jeunes à pouvoir déjà travailler à l’école. Je remercie énormément mon père qui m’a fait comprendre lorsque j’accordais plus d’importance au basket, que sans les études, le sport c’est bien, mais ça n’assure pas la vie ».