Crise énergétique, pressions budgétaires et soutien financier apporté à plusieurs entreprises publiques déficitaires ont bridé la croissance économique en Afrique du Sud et limité les investissements ces dernières années. Mais Pretoria semble reprendre du poil de la bête.
Le gouvernement sud-africain prévoit cette fois un investissement de 1030 milliards de rands (environ 56 milliards de dollars) dans des projets d’infrastructures au cours des trois prochaines années pour stimuler la croissance économique, a annoncé le ministre des Finances Enoch Godongwana le 12 mars 2025.
« Les infrastructures sont un pilier essentiel de notre stratégie de croissance. Ce sont le fondement du développement économique, une source essentielle d’emplois et un moyen d’améliorer la prestation de services. Le budget reflète cette compréhension », a-t-il déclaré lors de la présentation du budget de l’État.
Il a précisé à cette occasion que « les dépenses d’investissement vont concerner trois secteurs ». Il a cité le transport et la logistique (402 milliards de rands), les infrastructures énergétiques (219 milliards) ainsi que l’eau et l’assainissement (156 milliards).
« Dans le domaine des transports, l’Agence nationale des routes d’Afrique du Sud (SANRAL) investira 100 milliards de rands à moyen terme pour maintenir le réseau routier national en bon état.
Une structure unique pour coordonner les projets
Parallèlement, l’Agence sud-africaine des chemins de fer (PRASA) recevra une allocation provisoire de 19,2 milliards de rands pour l’amélioration de la signalisation. Dans le secteur de l’eau, plusieurs projets de barrages de grande envergure sont accélérés ou proches de la phase de construction », a-t-il détaillé.
Godongwana a révélé dans ce cadre qu’une structure unique supervisée par le Trésor sera créée cette année pour coordonner la participation de l’État à la préparation et à la planification des projets d’infrastructures, le financement des partenariats public-privé (PPP) et les garanties de prêts.
Il a par ailleurs informé que le gouvernement table sur une croissance économique de 1,8% en moyenne par an durant la période 2025-2027, contre un taux de 0,6% en 2024, grâce notamment à l’accélération de la cadence de la réalisation des projets d’infrastructures et de la mise en œuvre des réformes structurelles touchant les secteurs de l’énergie et de la logistique.
Des décennies de corruption ont plombé l’économie

L’économie sud-africaine enregistre depuis plusieurs années une croissance stationnaire, en raison notamment de la crise énergétique consécutive à l’incapacité de l’entreprise nationale de l’électricité Eskom à répondre à la demande, avec ses centrales à charbon vieillissantes et de nouvelles capacités de production inadéquates.
L’entreprise publique, qui produit la majeure partie de l’électricité utilisée dans le pays et approvisionne partiellement des voisins comme la Zambie et le Zimbabwe, traîne une dette publique colossale héritée de plusieurs décennies de corruption et de mauvaise gestion.
Les performances économiques médiocres de la nation arc-en-ciel découlent aussi de contraintes logistiques liées, entre autres, à l’incapacité du groupe public Transnet à faire fonctionner les chemins de fer et les ports qu’il gère à plein régime.
La vétusté des infrastructures existantes, l’insuffisance du réseau ferroviaire et la congestion des ports sud-africains sont régulièrement critiquées par les entreprises opérant dans le pays, qui se disent incapables de répondre à la demande mondiale, en raison des difficultés logistiques.