
Rien ne va plus entre Bruxelles et Kigali, depuis que le nouveau gouverneur belge a décidé de s’impliquer plus efficacement en vue de mettre un terme aux violences et atrocités commises par le Rwanda, qui soutient le groupe M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.
Le ministre belge des Affaires étrangères a annoncé le 17 février à Bruxelles que le Rwanda venait de rompre ses relations diplomatiques avec la Belgique, selon la presse locale.
« La Belgique regrette la décision du Rwanda de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique et de déclarer les diplomates belges personae non gratae », a déclaré le ministre belge des Affaires étrangères, M. Maxime Prévot. « Cette décision est disproportionnée et illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer », a-t-il ajouté.
Tous les diplomates belges présents au Rwanda devaient également quitter ce pays dans les 48 heures. Il en est de même pour les diplomates rwandais en poste à Bruxelles.
Des mesures similaires sont naturellement prises par la Belgique, en réaction à l’annonce faite par le Rwanda. Le chargé d’affaires rwandais en Belgique devait être convoqué par les Affaires étrangères belges, alors que les diplomates rwandais étaient désormais considérés comme personae non gratae, et les accords de coopération gouvernementale ont été dénoncés.
Kigali accuse la Bruxelles d’avoir pris parti contre le Rwanda dans le « conflit en cours » dans l’est de la République démocratique du Congo, a justifié le ministre rwandais des Affaires étrangères sur les réseaux sociaux.
Ces annonces ont été faites quelques heures après l’adoption par le Conseil de l’Union européenne (ministres des Affaires étrangères) de sanctions supplémentaires contre le Rwanda, notamment à l’encontre de quelques personnalités, congolaises du M23 et rwandaises, reconnues responsables de la guerre dans l’est de la RDC.
Des Rwandais et des cadres du M23 sanctionnés par l’UE
Les ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Union européenne (UE) ont adopté le 17 février à Bruxelles des sanctions contre neuf chefs politiques et militaires rwandais et congolais ainsi qu’un responsable du secteur minier, tous impliqués dans l’offensive du groupe terroriste M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.
Ces sanctions, prises sous l’impulsion de la Belgique, prévoient l’interdiction d’accès dans l’espace de l’UE ainsi qu’un gel des avoirs des personnes concernées logés dans les institutions financières de l’UE.
Elles visent notamment, du côté congolais, Bertrand Bisimwa, président du M23 et reconnu responsable de violations graves des droits de l’homme et de la poursuite du conflit, de l’insécurité et de l’instabilité dans l’est de la RDC. Du côté militaire, sont concernés des cadrés du M23 dont Joseph Musanga Bahati, responsable des finances du mouvement.
Pour la partie rwandaise, sont sanctionnés trois généraux : Eugène Nkubito, Pascal Muhizi et Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales déployées en RDC, ainsi que le directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), Francis Kamanzi.
Est aussi frappée de sanctions Gasabo Gold Refinery, une entreprise rwandaise accusée d’extraction illégale et de raffinage illégal d’or en RDC qu’elle exporte ensuite vers le Rwanda. Il s’agirait, donc, de « sanctions équilibrées » contre des responsables politiques et militaires mais aussi « de personnes responsables de trafics illégaux », commentait- dans les couloirs de l’Union européenne.