ll y a 100 ans le 12 février, le premier avion belge à destination du Congo s’envolait de Bruxelles. Le vol mettra 51 jours pour atteindre sa destination, mais elle pose les bases de l’expertise de la Sabena dans les liaisons avec l’Afrique. Un héritage perpétué par son héritière, Brussels Airlines.
La réussite de ce vol inaugural constitue une étape importante dans le développement de l’aviation belge. Le navigateur Edmond Thieffry, le pilote Léopold Roger et le mécanicien Joseph De Bruycker décollent le 12 février 1925, peu avant 08h00, à bord d’un avion de la Sabena, pour un vol de 8 000 kilomètres entre l’aéroport de Haren, qui deviendra Bruxelles National, et l’ancienne colonie belge du Congo.
Cinquante et un jours plus tard, le « Princesse Marie-José », un appareil du constructeur britannique Handley Page, atterrit à l’aéroport de N’Djili à Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
Ce vol se distingue par un exploit sans précédent : il s’agit de la première traversée réussie du désert du Sahara en avion, même si l’expédition s’est égarée à deux reprises.
Un vol marqué par près de 10 escales et une hélice cassée
Au total, les trois hommes vont mettre 75 heures de vol effectif (moyenne de 120 km/h) mais en… 51 jours, avec de nombreuses mésaventures, des vents de 150 km/h, une hélice cassée qui ne sera remplacée qu’après 18 jours. L’avion atterrit finalement à Kinshasa le 3 avril 1925, 44 jours plus tard que prévu.
Pour y arriver, Edmond Thieffry obtient notamment la possibilité de relais dans des garnisons françaises. Il passe notamment par Marseille (France), Oran (Algérie), Colomb-Bechar (Algérie), Gao (Mali), Fort-Lamy (N’Djaména au Tchad,), Bangui (République centrafricaine) et Coquilhatville (actuelle Mbandaka au Congo).
« A l’époque, on naviguait uniquement au visuel », explique Filip Aerts, pilote et responsable des opérations aériennes chez Brussels Airlines. « On se basait sur ce qu’on voyait et les points de repère qu’on trouvait sur les cartes dont on disposait. Bien sûr, les choses ont bien changé aujourd’hui mais dans leur apprentissage, les apprentis pilotes d’aujourd’hui doivent toujours apprendre à tracer des routes sur des cartes et voler en VFR (visual flight rules) ».
10 ans plus tard, la Sabena commercialise une ligne régulière entre les deux capitales. Le 23 février 1935, un Fokker F VII ouvre la ligne et relie Kinshasa en 5 jours et demi (56 heures de vol effectif) cette fois. Aujourd’hui cent ans après le premier vol, le trajet s’effectue en moins de huit heures.
Un timbre dans un coffret pour marquer l’occasion

Mais par son exploit de 1925, la Belgique devance les grandes puissances comme la France et la Grande-Bretagne. Le réseau africain restera une destination majeure pour la Sabena jusqu’à sa faillite le 7 novembre 2001. Brussels Airlines opère 56 vols hebdomadaires entre Bruxelles et l’Afrique durant la saison estivale, dont un vol direct quotidien vers Kinshasa.
La poste belge a voulu immortaliser l’événement en mettant sur le marché, le lundi 10 février, un timbre spécial célébrant le centenaire de ce vol inaugural. Chaque feuille de cinq timbres (d’une valeur de 1WORLD, permettant des envois dans le monde entier) comporte une carte de l’itinéraire suivi, de Bruxelles à Kinshasa, associée à une image de l’avion et de son équipage. La station de métro Thieffry, à Etterbeek, rend quant à elle hommage au navigateur Edmond Thieffry, décédé en 1929 de qui elle tire son nom.