Accueil Politique Soudan – Guerre civile : un gouvernement intérimaire après des victoires militaires

Soudan – Guerre civile : un gouvernement intérimaire après des victoires militaires

Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, chef du conseil militaire (Crédit : AP Photo/Hussein Malla/ 29 juin 2019)

Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise, a annoncé le 7 février la formation prochaine d’un gouvernement de transition. Ce gouvernement, présenté comme « intérimaire » ou « de guerre », sera composé d’experts chargés de rédiger une nouvelle constitution et d’organiser des élections à terme.

Cette déclaration du général Burhan survient alors que l’armée soudanaise poursuit ses avancées militaires, notamment à Khartoum, dans le cadre de son affrontement contre les Forces de soutien rapide (FSR).
Lors d’un rassemblement à Port-Soudan, où il a installé son pouvoir depuis le début du conflit, le général a expliqué que l’armée n’interférerait pas dans le travail de ce gouvernement de transition. Selon lui, l’objectif principal de cette nouvelle entité serait de « nettoyer tout le Soudan » des FSR, responsables de violences qui déchirent le pays depuis avril 2023. Cette annonce s’inscrit dans un contexte de regain de pouvoir militaire, où l’armée semble peu à peu reprendre l’initiative après plusieurs mois de lutte contre les paramilitaires.
La situation au Soudan est marquée par un conflit armé entre l’armée, dirigée par Burhan, et les FSR, menées par Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemedti. Ce conflit a éclaté en avril 2023 et a plongé le pays dans une guerre civile dévastatrice, avec des milliers de morts et des millions de déplacés. Les combats ont ravagé plusieurs villes, notamment la capitale Khartoum, et les violations des droits humains ont été largement documentées par des organisations internationales.
La reprise des combats dans la capitale et les victoires militaires récentes de l’armée laissent cependant entrevoir une évolution possible du rapport de forces. La formation d’un gouvernement de transition pourrait marquer un tournant dans ce conflit, mais les perspectives restent incertaines.
Si ce gouvernement est effectivement mis en place, sa capacité à pacifier le pays, notamment en garantissant la sécurité et les droits fondamentaux des citoyens, demeure une question clé.
Le général Burhan a assuré que l’armée ne serait pas impliquée dans la gestion quotidienne de ce gouvernement, mais dans un contexte où l’influence militaire reste prépondérante, l’indépendance réelle de ce gouvernement soulève des doutes.

Des victoires entachées de soupçons de violations des droits humains

Le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, est maintenant engagé dans une bataille avec son second.(Source : Khartoum (AFP)

Avec les récents succès militaires, l’armée soudanaise a repris plusieurs quartiers de Khartoum, notamment celui de Kafouri, dans le nord-est de la capitale. Cependant, ces reconquêtes se sont accompagnées de préoccupations croissantes, des rapports faisant état de violations massives des droits humains, comme des exécutions sommaires et des attaques ciblées contre des civils. La question de la responsabilité des auteurs de ces violences reste au cœur des débats internationaux.
La formation du gouvernement de transition constitue un premier pas vers la fin de la guerre, mais il est impératif que des efforts de réconciliation nationale soient menés parallèlement pour garantir une paix durable. L’issue du conflit dépendra non seulement de la capacité de l’armée à déloger les FSR, mais aussi de la possibilité de créer un cadre politique inclusif, qui réponde aux aspirations des différentes composantes de la société soudanaise. Le rôle des acteurs internationaux, tout comme celui des acteurs politiques internes, sera crucial dans les mois à venir.


Sud-Soudan : Le célèbre opposant militaire signe un accord de paix avec Jouba

Le président Salva Kiir Mayardit rencontre le chef militaire soudanais, le général Abdel Fattah Al-Burhan, à Juba, le 19 février 2023. (Photo courtoisie : Cabinet du Président, République du Soudan du Sud).

L’une des factions d’opposition politique et militaire les plus importantes au Soudan du Sud a signé un accord de paix avec le gouvernement de Salva Kiir Mayardit, sous les auspices du directeur du Service de Renseignements généraux au Soudan, le général Ahmed Ibrahim Mufaddal.
L’accord, signé le 9 février à Port Soudan a réuni des représentants de la faction Kit-Gwang de l’APLS-IO dirigée par le chef du mouvement, le général Simon Gatwech Dual, tandis que le gouvernement du président Salva Kiir était représenté par le directeur du service de sécurité intérieure, le général Akec Tong Aleu, et le chef du renseignement militaire, le Lt-gén Garang Stephen Marshall.
L’accord comprend, entre autres dispositions, la mise en œuvre d’accords de sécurité entre les deux parties, l’intégration des forces qui se sont séparées du Mouvement de libération du Soudan dans l’opposition (MLS-IO) dans l’armée officielle du Soudan du Sud, et la garantie de la participation de la faction au pouvoir.

Le Soudan préoccupé par la stabilité de son voisin du Sud

Le général Ahmed Ibrahim Mufaddal, qui se trouvait au milieu de la tribune des signataires de l’accord, l’a qualifié d’« historique » et a déclaré : « Aujourd’hui, nous avons pu parvenir à un accord entre le gouvernement du Soudan du Sud et le Mouvement populaire d’Opposition, la faction «Kit-Gwang», après un deuxième et dernier cycle de consultations supervisées par le Service des renseignements généraux sous le parrainage et le suivi étroits du président du Conseil de souveraineté, le général Abdel Fattah Al-Burhan ».
Mufaddal a souligné que malgré les conditions de guerre existentielles que le Soudan mène, il est resté et restera intéressé par la stabilité et la sécurité du sud, « parce que la stabilité du Soudan du Sud signifie la stabilité du Soudan ».
En janvier 2022, les parties belligérantes du Soudan du Sud ont signé un accord de paix à Khartoum sous les auspices d’Abdel Fattah Al-Burhan, mettant fin à une guerre dévastatrice qui avait éclaté dans le Haut-Nil et dont les flammes avaient presque envahi l’État du Soudan du Sud. Les observateurs ont décrit l’accord de Khartoum à l’époque comme la « paix des braves ».

L’expertise du Soudan

Pour Mufaddal, « le Soudan a mis son expertise et ses capacités au service de nos frères du Soudan du Sud, dans le prolongement de ses rôles fraternels et de son sens des responsabilités pour mettre fin aux guerres et aux conflits, et en tant que soutien et sponsor afin de parvenir à une paix durable. »
Il a félicité les deux parties d’avoir répondu à l’appel à la paix, notant que la signature de l’accord ouvrirait la porte à la stabilité sécuritaire dans toutes les zones frontalières entre les deux pays, en particulier la région de Lou Nuer, « parce que la faction Kit Gwang est l’une des factions influentes de la région, et son adhésion au mouvement de paix inciterait les autres à abandonner l’option de la guerre au Soudan du Sud ».
Le directeur des renseignements généraux a réitéré sa confirmation que le Soudan, sous la direction d’Al-Burhan, continuera à soutenir fermement le gouvernement du président Salva Kiir Mayardit, et a demandé à toutes les parties de mettre en œuvre ce qui a été convenu car « cela signifie plus de stabilité et de progrès pour l’État du Soudan du Sud ».
De son côté, le chef du SPLM-IO, faction Kit Gwang, le général Simon Gatwech Dual, a confirmé, après la signature de l’accord, sa détermination, indiquant que son mouvement est nationaliste et recherche la paix dans toutes les régions du Soudan du Sud.

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