
Depuis plus de 30 ans, l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à de violents affrontements, avec plusieurs épisodes de guerre d’agression par des pays voisins. Pourtant très peu de médias, surtout internationaux, font écho de ce conflit ayant tué des millions de personnes et occasionné 7 millions de déplacés internes. Alors qu’il s’agit d’un record historique et mondial selon l’ONU, la voix de la communauté internationale demeure inaudible. Pourquoi ?
L’on peut donc bien comprendre pourquoi, le gouvernement congolais a laborieusement revisité sa stratégie de la politique étrangère, en lui assignant des objectifs clairs et pragmatiques. Ce recalibrage stratégique, marqué par un important activisme aux niveaux continental et international, a permis à la RDC de briser son isolement diplomatique, de reprendre la coopération avec plusieurs partenaires importants et de redynamiser sa présence au sein des Organisations internationales et des Communautés économiques régionales.
La nouvelle vision de politique étrangère promue par le président congolais Félix Tshisekedi et mise en œuvre depuis six mois par le gouvernement Judith Suminwa Tuluka a produit un impact indéniable sur l’action diplomatique de la RDC. Elle a permis de briser l’isolement auquel faisait face la RDC et d’orienter ou fixer le regard de la communauté internationale sur les enjeux politiques, économiques, stratégiques et sécuritaires de ce pays. Plusieurs voix, désormais, se joignent à celle de la RD Congo pour dire non à la guerre de prédation menée par le Rwanda et ses supplétifs contre la RDC. Cette politique d’ouverture a également contribué à la promotion du rôle de la RDC en tant qu’acteur régional incontournable sur plusieurs questions d’ordres politique, économique et sécuritaire. Le renforcement de la présence de la RDC au sein de différentes organisations internationales a en outre amélioré le bilan du Président congolais et de son gouvernement en matière de politique étrangère.
Ainsi, Il aura fallu attendre plus de trois décennies pour que la RDC envisage une nouvelle candidature au Conseil de sécurité, grâce à sa stratégie 2024-2028 qui vise à renforcer son image en tant qu’un important acteur de paix et de coopération internationale. En seulement six mois, la démarche du gouvernement Suminwa a permis de mettre en avant les atouts stratégiques de la RDC, notamment sa position géographique au cœur de l’Afrique et son rôle central dans la gestion durable des ressources naturelles mondiales. Mais pas seulement ! Elle a aussi réussi à mettre en place un plaidoyer pour la stabilité à l’Est du Congo et contre tous ceux qui, dans une démarche volontariste et par des manœuvres subversives, brisent cette stabilité pour des visées mercantilistes non avouées. Il s’agit là d’un tournant historique dans la conduite de la diplomatie d’un pays longtemps relégué aux oubliettes.
Continuer à consolider les positions sur les plans militaires

Par ailleurs, tout en se montrant confiant dans la résolution pacifique du conflit à l’Est, étant donné le retour de la RD Congo sur la scène internationale, les déclarations non équivoques des puissances étrangères citant nommément l’agresseur et des rapports accablants des experts de l’ONU qui sacrent ou du moins balisent la voie de la victoire diplomatique, le gouvernement congolais ne s’est pas empêché de consolider ses positions sur les plans stratégique et militaire, en commençant par un changement de management de son armée. Ainsi, les forces armées de la République démocratique du Congo ont bouclé l’année 2024 avec un nouveau chef. Le lieutenant-général Jules Banza Mwilambue a remplacé le général d’armée Christian Tshiwewe, désormais conseiller militaire du chef de l’État, aux termes des ordonnances lues le 20 décembre à la télévision publique.
Sur les plans opérationnel et tactique, la contre-offensive de l’armée régulière a changé le visage de la guerre et redonné l’espoir à la population : plusieurs positions des rebelles ont été récupérées et les forces négatives mis en déroute sur plusieurs fronts dans le Nord-Kivu depuis la fin de l’année et en ce mois de janvier. Oui, sur plusieurs fronts, l’armée a pris l’ascendant sur les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, récupérant ainsi des villages auparavant sous occupation terroriste. Les FARDC avancent, déterminées à restaurer la paix dans l’est et l’intégrité du territoire national.
Paradoxalement, si l’armée continue de bien se comporter sur la ligne de front, pendant ce temps la propagande se portent aussi bien sur les réseaux sociaux. Autant les affrontements font rage contre le M23, autant infos et intox se livrent une guerre sans merci sur les réseaux sociaux, Kigali d’un côté et Kinshasa de l’autre. Cette offensive médiatique a des effets réels sur le terrain : elle accroît les tensions, peut déclencher des mouvements de troupes, diviser les citoyens congolais et semer le doute et la désespérance, tout en influençant les acteurs extérieurs.
Il est vrai que les réseaux sociaux présentent de graves risques militaires, en facilitant la fuite, volontaire ou non, d’informations confidentielles, en multipliant les menaces d’infiltration ou en offrant un potentiel viral aux messages nuisibles.
Plus réactifs et plus proches du terrain que les médias classiques, les réseaux sociaux permettent aussi aux militaires de se renseigner en temps réel et aux citoyens, malheureusement, de partager leurs opinions sur l’évolution de la guerre.
« Le sursaut patriotique devrait nous unir face à nos ennemis communs »

Et c’est là le hic. Au nom d’une certaine liberté d’opinion et d’expression, certains citoyens, soucieux de cristalliser leurs désaccords politiciens avec les animateurs des institutions, profitent des réseaux pour amplifier, par exemple, le moindre moment de faiblesse des vaillants soldats de l’armée régulière sur le champ de bataille, qu’ils utilisent comme argument de contradiction dans les débats républicains et sur la place du village, faisant ainsi, consciemment ou non, l’apologie des forces négatives. Les images qu’ils partagent sur leurs comptes sociaux à des fins politiciennes, toute honte bue et au grand dam de la sécurité nationale, du sursaut patriotique et de l’intérêt suprême de l’État, sont relayées sans jugement par leurs sympathisants à l’instar des moutons de Panurge. Si bien que dans ce pays ressemblant de plus en plus à un Capharnaüm informationnel, les citoyens, clivés entre infos et infox, ont finalement du mal à établir la différence entre les couleurs de l’arc-en-ciel et celles du drapeau de la République démocratique du Congo.
Une question : au nom de l’intérêt suprême de la nation, faut-il continuer à tolérer l’usage illimité des réseaux sociaux ou en limiter l’accès ? Car, il serait de bon aloi que tout citoyen congolais, quel qu’il soit et de quelque bord politique que ce soit, soutienne inconditionnellement tout effort, si minime soit-il, visant la défense et la préservation de l’intérêt suprême de l’État. Puis, quand l’ennemi commun sera définitivement mis hors d’état de nuire, les divergences internes pourront enfin ressurgir et revenir à l’ordre du jour.
Dans cet intervalle de temps, le gouvernement congolais, conduit par Mme Judith Suminwa sous l’impulsion du Président Tshisekedi, ne relâche pas ses efforts dans son offensive à la fois sur les plans diplomatique et militaire afin de réhabiliter le pays dans le concert des nations et restaurer la paix ainsi que la sécurité sur toute l’étendue d’une RDC, unie et indivisible. Ce sont ces efforts que le pays attendait depuis trois décennies d’agression rwandaise et d’isolement diplomatique, lesquels doivent être encouragés et accompagnés par toutes les parties prenantes et non prenantes, internes et externes.