L’armée russe a lancé une attaque massive sur l’Ukraine dans la nuit du 21 au 22 mars, faisant des morts et privant d’électricité une ville importante. Une nouvelle donne : c’est la première fois que la Russie reconnaît être en « état de guerre » en Ukraine.
Selon les observateurs, quelque 90 missiles et 60 drones explosifs ont été lancés contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine lors de cette attaque massive, tuant au moins cinq personnes et privant entièrement d’électricité Kharkiv, la deuxième ville du pays.
« Il y a eu plus de 60 Shahed, un drone explosif, et presque 90 missiles de différents types », a énuméré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux, présentant ses « condoléances aux familles de ceux qui ont été tués par cette terreur ».
« En état de guerre »
Dans le même temps, le porte-parole du Kremlin a reconnu dans une interview que la Russie était « en état de guerre » contre l’Ukraine, après avoir pourtant présenté l’assaut contre sa voisine, lancé il y a deux ans, comme une simple « opération spéciale ».
« Nous nous trouvons en état de guerre. Oui, cela a commencé comme une opération militaire spéciale, mais dès que toute cette bande s’est formée, quand l’Occident collectif a participé à tout cela aux côtés de l’Ukraine, pour nous, c’est devenu une guerre. J’en suis convaincu et chacun doit le comprendre », a indiqué Dmitri Peskov au média « Argoumenty I Fakty ».
C’est la première fois que la Russie reconnaît être en état de guerre en Ukraine.
Au moins cinq morts
Sur le terrain, la situation était particulièrement dure. « Pour le moment, il y a deux morts et au moins huit blessés à Khmelnytsky », région de l’ouest, a indiqué le ministère ukrainien de l’Intérieur le 22 mars. « Il y a également six blessés à Zaporijia, trois personnes sont portées disparues sur le site des attaques », a-t-il précisé. À midi vendredi, le bilan était revu à la hausse, avec cinq morts dénombrés.
Selon le président ukrainien Zelensky, les attaques ont visé « des centrales électriques, des lignes de haute tension, un barrage hydroélectrique, des résidences et même un trolleybus ».
Kharkiv dans le noir
Les frappes russes ont entraîné des coupures d’électricité dans au moins sept régions du pays, a indiqué l’opérateur ukrainien Ukrenergo.
« Des dizaines d’installations électriques ont été endommagées.
Le système électrique reçoit une assistance d’urgence venue de trois pays », a indiqué la source dans un communiqué sur Telegram, précisant que la situation la plus difficile concernait les régions de Kharkiv (est), Odessa (sud), Kirovograd (centre) et Dnipropetrosvk (centre-est).
Un peu plus tard, le maire de Kharkiv a indiqué que sa ville était entièrement privée d’électricité.
« La ville est totalement privée d’électricité et de ce fait les systèmes de chauffage et d’eau ne fonctionnent pas », a dit Igor Terekhov dans une vidéo sur Telegram, affirmant que l’attaque menée « avec plus de 20 missiles » était la « plus puissante » contre Kharkiv depuis le début de la guerre.
Selon lui, l’eau courante arrive aux habitants mais la « pression est minimale ».
« Situation extrêmement dangereuse » à la centrale nucléaire de Zaporijia
Une des deux lignes électriques alimentant la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, occupée par Moscou, a été coupée par un bombardement, a annoncé en outre le ministre ukrainien de l’Energie, Guerman Galouchtchenko.
« Cette situation est extrêmement dangereuse et menace de déclencher une situation d’urgence, car dans l’éventualité d’une déconnexion de cette dernière ligne de communication avec le réseau électrique national, la centrale nucléaire de Zaporijia sera au bord d’un nouveau black-out », a averti Energoatom, l’opérateur ukrainien.
55 drones et 37 missiles russes abattus
L’armée de l’air ukrainienne a précisé que la défense anti-aérienne a pu abattre 55 Shahed sur 63 et 37 missiles sur 88. Le président Zelensky s’est dès lors une nouvelle fois agacé des lenteurs de l’assistance occidentale, alors que l’aide américaine est bloquée depuis des mois à cause de rivalités politiques entre républicains et démocrates et que celle de l’UE a pris un important retard.
«Les missiles russes n’ont pas de retard, à l’inverse des paquets d’aide à notre pays. Les Shahed ne sont pas indécis, contrairement à certains politiciens», a-t-il ironisé.
Vladimir Poutine avait promis précédemment qu’il allait se venger de la multiplication des attaques ukrainiennes ces dernières semaines qui touchent le territoire russe, plus de deux ans après l’invasion de son voisin.
Multiplication d’activités terroristes en Russie
Le Kremlin avait longtemps assuré aux Russes que la guerre n’affecterait pas leur quotidien ni le territoire du pays, mais avec la présidentielle russe de la mi-mars ces attaques se sont multipliées.
Une personne a été tuée et plusieurs autres blessées le matin du 22 mars dans une frappe sur la région russe de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, selon le gouverneur local.
Le ministère russe de la Défense a de son côté indiqué avoir détruit au-dessus de cette région huit roquettes tirées par le système de lance-roquettes Vampire en provenance de l’Ukraine.
Pour rappel, la Russie avait été frappée par un attentat, le soir du 21 mars au Crocus City Hall à Moscou, qui avait fait 137 morts. Sept personnes ont été arrêtées pour « des liens avec un groupe de combattants pro-ukrainien », mais le Kremlin continue de pointer un lien entre les terroristes islamistes, à l’origine de l’attaque meurtrière, et une responsabilité occidentale dans la montée du radicalisme en Russie.