L’invasion russe de l’Ukraine, prévue par Moscou pour durer quelques semaines, a totalisé 1000 jours le 19 novembre, en atteignant même une intensité plus dangereuse que jamais. Kiev vient de frapper le territoire russe avec des missiles ATACMS américains, alors que Moscou promet une réponse « appropriée » avec une menace appuyée d’utiliser l’arme nucléaire.
Après une première attaque du territoire russe il y a moins de deux mois, Kiev vient d’exhiber une fois ses muscles, mais cette fois en frappant le sol russe avec des missiles ATACMS fournis par Washington, au 1000ème jour du début de l’invasion de son territoire.
La réaction de Moscou a été immédiate. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Russie, s’est exprimé et a promis une « réponse appropriée » après ces tirs de missiles ukrainiens.
En Occident, on craint en tout cas l’escalade. Surtout après la décision du président Vladimir Poutine de signer « le décret modifiant la doctrine nucléaire russe ». En de termes plus simples, le président russe lui-même explique : « L’attaque par Kiev du territoire russe est une ligne rouge qui vient d’être franchie. La Russie et toute sa population se tiennent prêtes à défendre le territoire avec tous les moyens à sa disposition ».
L’homme fort de Miscou ajoute : « Nous avons pour cela les armes les plus sophistiquées au monde pouvant atteindre n’importe quel point de la planète », allant jusqu’à citer son fameux missile Satan 2.
Il faut également ajouter, dans ce mélange détonnant, que 200 000 soldats nord-coréens sont actuellement venus prêter main forte à l’armée russe contre l’Ukraine.
L’armée ukrainienne a frappé un site militaire de la région frontalière russe de Briansk avec des missiles américains de longue portée dans la nuit du 18 au 19 novembre. Selon le ministère russe de la Défense, «cinq missiles ont été détruits et un autre a été endommagé par la défense anti-aérienne russe».
Les scénaristes les plus pessimistes sont d’avis que tous les ingrédients pour le déclenchement de la 3ème guerre mondiale sont aujourd’hui réunis et bien alignés.
Kiev qualifie la menace russe du nucléaire de pur chantage
Malgré le risque accru d’escalade, face à la menace nucléaire brandie par la Russie, Kiev a appelé à « garder la tête froide », qualifiant de « chantage » les propos de Moscou. Ce qui est également de l’avis de plusieurs analystes en Occident qui font savoir que « tous les principaux pays disposent de l’arme nucléaire », qui est « une arme de dissuasion » que « tout dirigeant normal ne peut utiliser ».
À la question de savoir si Poutine est un « dirigeant normal », aucun spécialiste n’a réussi à répondre à cette « question difficile » parmi ceux qui étaient invités sur le plateau de la chaîne publique belge RTBF.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a dit au président chinois Xi Jinping qu’il considérait l’engagement de soldats nord-coréens auprès de la Russie comme une « nouvelle escalade », lors d’une rencontre bilatérale en marge du G20. « J’ai bien abordé la question de l’engagement de soldats nord-coréens dans la guerre russe contre l’Ukraine – il s’agit à mon avis d’une nouvelle escalade et j’ai abordé ce sujet très clairement », a assuré à la presse Olaf Scholz, interrogé sur ses discussions avec le dirigeant chinois.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plutôt dénoncé l’absence de réaction des dirigeants du G20 réunis au Brésil face à la révision de la doctrine nucléaire russe, qui élargit la possibilité d’utiliser l’arme atomique.
« Aujourd’hui, les pays du G20 se réunissent au Brésil. Ont-ils dit quelque chose ? Rien », a déploré Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse à Kiev, regrettant l’absence de « stratégie forte » de ces pays.
Une menace nucléaire jugée « irresponsable » pour l’Europe
La menace nucléaire brandie par la Russie est une attitude « irresponsable », dénonce le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell qui concède que « ce n’est pas la première fois qu’ils (les Russes) agitent la menace d’une escalade nucléaire, ce qui est complètement irresponsable », a-t-il déclaré à l’issue de son dernier conseil des ministres de la Défense à Bruxelles.
Pour Sergueï Lavrov par contre « les frappes ukrainiennes de missiles ATACMS en Russie sont menées avec les Américains. L’Ukraine et l’Occident veulent l’escalade », a assuré le ministre russe des Affaires étrangères qui a promis à cette occasion une réponse « appropriée ».
Il a par ailleurs appelé l’Occident à lire « la totalité » de la doctrine russe sur le recours à l’arme nucléaire. Comme quoi, la menace, même qualifiée de « complètement irresponsable », devrait faire réfléchir à deux fois. Car à l’allure où Ukrainiens et Russes veulent conforter leurs positions sur le champ de bataille pour ne pas perdre la face, la moindre étincelle peut provoquer l’irréparable. À l’aube des négociations qui semblent se profiler avec le retour de Donald Trump à la Maison blanche, lui qui a promis de mettre fin à cette guerre en deux semaines – sûrement par un coup de bâton magique – personne n’est à mesure d’affirmer s’il est encore temps ou c’est déjà tard.
