Création de l’UNIA
Mister Garvey est là !
Le 31 juillet 1914, Marcus Garvey crée l’Unia. Elle sera la plus grande organisation nègre de tous les temps en terme de mobilisation populaire. Ses publications étaient lues jusque dans les villages reculés d’Afrique, où elles étaient d’ailleurs interdites. Le 1er août 1920, l’Unia tient son premier congrès à New-York. Les rues de Harlem roulent au son de marches entraînantes. Des troupes en uniformes élégants défilent au pas cadencé vers le Madison Square Garden. Mister Garvey est là. Pour répandre le message : « Nous sommes les descendants d’un peuple qui a trop souffert ; nous sommes les descendants d’un peuple résolu à ne plus souffrir. Nous allons mobiliser les 400 millions de Noirs de la planète et planter sur le sol d’Afrique la bannière de la liberté.» Les rues de Harlem roulent sur le son de marches entraînantes, entraînantes vers la liberté.
Edward Wilmot Blyden
Il est l’heure Afrique
Né le 3 août 1832 et mort en 1912, Blyden fut le premier écrivain, linguiste et historien des Iles Vierges à acquérir une notoriété internationale. Il enseigné au Libéria et y a occupé des postes politiques. Par ses travaux sur l’histoire de l’Afrique il est l’un des pionniers du panafricanisme. Blyden aimait l’Afrique jusqu’à l’idolâtrie. Il plongea sa main dans la mémoire du continent, palpa ses chauds recoins et ses replis pour recueillir le battement confus de sa grandeur et de sa douleur : « Il est l’heure Afrique, ne cessa-t-il alors de répéter, de semer les racines et de les orienter vers le ciel. Car n’oublie pas : qui veut puissance et gloire demande à l’avenir son pouvoir. »
La marche des femmes contre les « PASS »
Le 9 août 1956, plus de 20 000 femmes venues des quatre coins de l’Afrique du Sud convergent vers Pretoria pour protester contre le port de Pass. En souvenir de cette manifestation l’ONU déclarera la journée du 9 août « Journée de solidarité avec les femmes d’Afrique du Sud ». La menace, la peur, la prison, la torture avaient rendu les hommes muets de stupeur. Comme la vaillance les femmes nouèrent leurs pagnes autour de leurs reins. Elles n’avaient pas d’armes ni de pierres dans leurs mains. Elles n’avaient que leurs cœurs ardents de tendresse et leurs voix plus fortes que la tyrannie. Pour défendre la vie, pour ouvrir les portes des prisons, pour que les enfants aient un avenir, elles firent un pas, deux pas, trois pas, des pas, des pas contre les Pass. Et la liberté retrouva ses ailes mystérieuses, et les hommes reprirent courage.
PASS : « Laissez-passer » Afrique du Sud 1956: l’un des piliers du système d’apartheid est le Pass – document qui assigne chaque homme à un lieu de résidence dont il ne peut s’éloigner plus de 72 heures, sous peine de prison. Il indique aussi son âge, son sexe, son lieu de travail et son groupe racial – noir, indien, chinois – avec le degré de métissage pour les « coloured ». Il fait aussi office de permis de travail. Le titulaire de ce titre est un Bantou. Il demande à être transféré de ce point-ci à ce point-là, veuillez le laisser passer, sous réserve des dispositions suivantes: il vit conformément aux clauses de Loi sur les Indigènes urbains. Conformément aux clauses de la loi précitée, il a le droit de circuler librement à l’intérieur de la zone prescrite. A titre de résident temporaire on lui allouera un coin dans la zone précitée où il devra se trouver à tout instant où l’on n’aura pas besoin de ses services. Par mesure d’ordre et de sécurité, les restes de ce X seront enterrés dans un terrain réservé aux Xhosas méthodistes pour prévenir toute contestation avant le jugement dernier.
Mariama Ba
Mais comprendre quoi?
Née en 1929 au Sénégal, Mariama Ba est morte le 18 août 1981. Militante des droits de la femme, elle a dénoncé avec un grand talent littéraire le sort réservé aux femmes dans certaines sociétés africaines contemporaines. La société lui demandait compréhension. Mais comprendre quoi? La suprématie de l’instinct? Elle ne pouvait être l’alliée des instincts polygamiques. Alors comprendre quoi? La société rigide, pétrie de moral mâle, brûlée intérieurement par les forces anciennes lui demandait compréhension. Mais comprendre quoi? L’habitude de ne plus penser? De ne plus décider? De ne plus voir? Parce que femme? Elle ne pouvait ignorer l’usage de la liberté.
Alors comprendre quoi?