Depuis le 29 septembre 2021, la Tunisie a une cheffe du gouvernement, en la personne de Najla Bouden Romdhane. À 63 ans, elle devient la première femme à occuper ce poste de responsabilité.
La Tunisie a décidé de confier la direction de son gouvernement et de son pays à une dame, Najla Bouden Romdhane. Elle aura néanmoins à faire face à de nombreux défis à relever, dans un pays qui se réveille d’une révolution sociale.
La nouvelle Première ministre doit désormais tenter de colmater les failles creusées par le séisme politique du 25 juillet, date à laquelle le chef d’État tunisien a gelé le parlement et s’est arrogé des pouvoirs exceptionnels.
Géologue de formation et âgée de 63 ans, la nouvelle cheffe du gouvernement tunisien est une ancienne haute fonctionnaire au ministère de l’Enseignement supérieur. Chargée un temps de faciliter l’accès au marché du travail des diplômés du supérieur, elle doit désormais « former un gouvernement dans les plus brefs délais », selon la présidence tunisienne.
Intègre et très professionnelle
Bûcheuse et méthodique, mais aussi intègre et maîtrisant ses dossiers à la perfection, ce sont là les descriptifs et qualificatifs systématiquement égrenés dès qu’est évoqué le nom de Najla Bouden Romdhane, qui vient d’être choisie par Kaïs Saïed pour former et diriger le prochain gouvernement.
De son côté, Chiheb Bouden, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, s’est dit heureux de voir à la tête du « Premier ministère » cette compétence féminine – qui allie la formation universitaire à la connaissance de l’Administration publique et qui est coutumière des dossiers touchant à la coopération internationale, du moins dans le volet relatif à l’Enseignement supérieur. “Elle est humble, compétente, aimable et habituée aux grands dossiers”, a-t-il renchéri.
Pour sa part, Mehdi Kattou, un des journalistes les plus brillants de la place (même si de formation architecte), a commenté ainsi : «Un parcours universitaire très respectable, des responsabilités qui ont dépassé le cadre pédagogique et universitaire avec la mise en œuvre de certains projets de coopération internationale. Inconnue au bataillon, le profil ne peut, à mon sens, provoquer en amont adhésion ou refus. Ses premières actions, sa célérité et son impact seront déterminants ».
Elle n’est pas un produit de la classe politique
Najla Bouden Romdhane n’est pas le produit d’une classe politique, celle-là même qui a beaucoup déçu le peuple tunisien et le pays, mais plutôt une outsider qui a toujours fait preuve d’une grande capacité de travail : «C’est une dame qui peut travailler de 13 à 16h par jour», s’est félicité Chiheb Bouden.
Docteure en Géologie, Najla Bouden Romdhane est professeure de l’enseignement supérieur à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis (ENIT). Ce qui a surpris plus d’un. Une remarque en passant pour les esprits chagrins: la Tunisie a été gouvernée par des ingénieurs qui n’avaient jamais mis leurs pieds dans une administration publique, alors que la Première ministre choisie par Kaïs Saïed a occupé le poste de cheffe de l’Unité de gestion par objectifs pour l’exécution du projet de la réforme de l’enseignement supérieur, mais aussi de Directrice générale en charge de la Qualité au ministère de l’Enseignement supérieur.
Le choix des membres du gouvernement sera décisif à court et moyen termes pour la Tunisie. Des dossiers économiques de la plus haute importance sont, déjà, sur la table de Najla Bouden et, en prime, le bouclage de l’année budgétaire ainsi que la préparation de la Loi des finances 2022.
Dans la phase suivante par laquelle passera la Tunisie, celle qui sera principalement économique, c’est là que les observateurs pourront valablement jauger sur le terrain la capacité de la nouvelle Première ministre à gérer un contexte socioéconomique des plus délicats.









































