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Tshisekedi en visite officielle en France : Partenariat renforcé et plaidoyer pour la paix

Le Président F. Tshisekedi et son homologue français au Palais de l’Élysée

Le Président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, arrivé le lundi 27 avril 2024 à Paris, en France, accompagné de son épouse Denise Nyakeru Tshisekedi, a bouclé, le jeudi 30 avril, sa visite officielle de trois jours en France, où il a eu divers échanges – Assemblée nationale, Sénat et patronat français – avant un tête-à-tête au Palais de l’Élysée avec son homologue Emmanuel Macron, ponctué par une conférence de presse.

Le chef de l’État congolais, en visite officielle sur invitation de son homologue français Emmanuel Macron, s’est dit rassuré de l’accompagnement de la France pour le rétablissement de la paix à l’est de la RDC, en proie à l’insécurité grandissante du fait de l’offensive du Rwanda, qui soutient le groupe terroriste du M23.
« Ce qui a le plus retenu mon attention, c’est l’engagement encore plus grand de la France aux côtés du peuple congolais dans ce que nous subissons comme guerre injuste qui nous est imposée par le Rwanda qui soutient le M23. Je pense qu’avec les discussions qu’on a eues aujourd’hui, une lueur d’espoir pointe à l’horizon. C’est un risque que je prends mais je l’assume : on peut dire qu’on peut compter sur la France qui sera à nos côtés pour trouver cette paix », a laissé entendre Félix Tshisekedi au cours de la conférence de presse consécutive à l’entretien avec son homologue.
En dehors des questions sécuritaires, les deux chefs d’État ont abordé des questions relatives à la coopération bilatérale, dont le Président Félix Tshisekedi conditionne néanmoins l’avenir par la fin de la guerre.
« De la paix dépendra maintenant pour beaucoup d’autres volets, notamment le développement par l’investissement par les opérateurs économiques français dans tout ce qu’il y a comme opportunités à saisir en République démocratique du Congo ».
Le président Tshisekedi ajoute : « On a parlé des minerais critiques mais également des infrastructures et principalement du Grand projet d’Inga qui me tient à cœur et qui a beaucoup d’intérêt manifesté en ce moment. Et la France veut être en première ligne pour nous accompagner dans sa réalisation. Je repars très satisfait et très optimiste quant à l’avenir des relations franco-congolaises », s’est réjoui le chef de l’État congolais.
La partie orientale de la RDC reste une zone de turbulence due à l’activisme des groupes armés depuis plusieurs décennies. Des initiatives régionales lancées peinent à produire les résultats escomptés sur le terrain. En même temps, une bonne partie des territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo est passée sous le contrôle des terroristes du M23, soutenus par Paul Kagame.

Macron : « La France ne transigera jamais sur l’intégrité et la souveraineté de la RDC »

Emmanuel Macron au cours de la conférence de presse

Dans son intervention, le président Emmanuel Macron a assuré que « la France ne transigera jamais sur l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC. Elle condamne toute agression et demande au Rwanda de cesser tout soutien au M23 », a déclaré le Président français.
L’urgence est au désescalade, a dit Emmanuel Macron qui soutient, par ailleurs, le processus de Luanda. « La France continuera à se battre pour que la population de l’est, qui souffre depuis maintenant trois décennies, ne soit pas oubliée, qu’une solution soit trouvée. Nous n’avons aucune difficulté à pointer les responsabilités. La France condamne fermement l’action de tous les groupes armés, particulièrement l’offensive du M23, qui doit cesser les combats et se retirer de l’ensemble des territoires qu’il occupe. Pour les groupes armés, ils doivent être désarmés progressivement et être démobilisés. La seule force armée qui peut opérer sur votre territoire, ce sont les Forces armées de la RDC », a martelé Emmanuel Macron.

Une série de projets bilatéraux, dont Inga

En dehors des questions sécuritaires, le chef d’État français a dit avoir abordé la coopération dans tous les domaines : de la sécurité, de l’économie, de l’environnement, des infrastructures, du sport, de l’éducation et de la jeunesse. « Lorsque nous nous sommes rendus à Kinshasa pour la première visite, nous avons discuté autour du renforcement du partenariat bilatéral. Je me réjouis de l’intensification des investissements et des échanges commerciaux entre nos deux pays.
La France déploie son action en faveur de la population congolaise, particulièrement la jeunesse et les territoires. Depuis 2022, nous avons engagé ensemble un montant de 500 millions d’euros en RDC pour des projets concrets en matière de santé, d’éducation, d’enseignement supérieur et de recherche, de formation professionnelle, d’entrepreneuriat culturel et de sports.
« Dans le domaine sportif, nous allons soutenir la mise en place de l’Institut national sportif à Kinshasa. La France voit également en la RDC un partenaire clé dans la protection des trésors : la forêt du bassin, l’un des poumons de la planète, la Francophonie. Nous voulons enfin défendre la consolidation de la souveraineté de votre pays. C’est l’objectif de notre excellente coopération de sécurité et de défense. Le ministre des Armées se rendra dans votre pays pour consolider en particulier les initiatives en termes de formation, mais aussi capacitaire », a énuméré le président français.

Félix Tshisekedi au forum des investisseurs

Le président Felix Tshisekedi a également conféré, mardi, avec des investisseurs français, qu’il a édifiés sur les opportunités qu’offre la République démocratique du Congo. C’était au cours d’un business-forum, la « Table ronde sur les affaires et les investissements entre la France et la RDC ».
À cette occasion, le chef de l’État congolais a invité les opérateurs économiques français, près d’une quarantaine, regroupés au sein du MEDEF (Mouvement des entreprises de France), à profiter des efforts déployés pour l’amélioration du climat des affaires. « Votre place est en RDC », les a-t-il conseillés, avant de définir les opportunités qu’offre son pays, grand comme cinq fois la France, dans les secteurs de la construction des infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture, de la santé et de la culture.
De son coté, Emmanuel Macron a annoncé la signature d’un accord entre son pays et la RDC sur la construction d’une ligne de métro à Kinshasa, en dehors de l’aide française dans le secteur sportif et militaire, avec notamment la poursuite de la formation des hommes de troupes congolais.
Le président français s’est penché sur plusieurs projets inscrits dans l’agenda de la coopération entre les deux États, en citant notamment l’appui de son pays en matière d’exploitation des métaux critiques, le secteur de transport et la mise en œuvre de grands projets d’investissement.

Vernissage du livre « Pour un Congo retrouvé » de Félix Tshisekedi

Le premier jour de son séjour français, un vernissage du livre « Pour un Congo retrouvé », écrit par le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a été organisé à l’auditorium du Collège Les Bernardins de Paris.
« «Pour un Congo retrouvé», comporte des mots forts d’un acteur politique majeur pétri de convictions inébranlables, mais disposé à affronter la contradiction afin de dégager des compromis pour faire avancer la nation congolaise », a-t-on appris à cette occasion.
Une lecture critique de l’ouvrage permet de pénétrer la pensée du chef de l’État congolais et de comprendre plus facilement ses positions sur la gestion de son pays.
« Vous lirez dans ces pages des prises de position, des idées, des réflexions. Elles sont certes versées sur le papier mais elles ne sont pas gravées dans le marbre de ma personne », révèle l’auteur Félix Tshisekedi dans son ouvrage, où on peut encore lire : « Je suis un homme de convictions et je les défends avec vigueur. Mais je suis aussi capable de changer d’avis ».


Rencontre avec la diaspora congolaise de France et de Belgique

La diaspora congolaise vivant en France a été informée par le Président Félix Tshisekedi, en fin de séjour dans l’Hexagone, de l’élargissement de l’opération d’identification de la population aux Congolais de l’étranger, au cours d’une rencontre le mercredi 1er mai à Paris.
Alors que les Congolais ne disposent pas de carte d’identité officielle depuis des dizaines d’années – la carte d’électeur assurant la substitution -, l’opération d’identification a démarré à Kinshasa et les premières cartes octroyées.
Quant à la problématique de l’acquisition de la double nationalité, interdite par la Constitution de la RDC,
Felix Tshisekedi a estimé qu’il s’agit là d’un dossier qu’il faut aborder avec prudence, « parce que par exemple, du côté Est de notre pays, nous n’avons pas seulement à faire à nos frères Congolais, mais aussi à des infiltrés qui se déclarent sujets congolais », a-t-il expliqué.

Prudence sur la question de la double nationalité

« Sachez que le plan de l’ennemi est de nous faire la guerre, de provoquer le déplacement des populations, actuellement estimées à 2 millions obligées d’abandonner leurs terres, pour qu’eux fassent entrer de nouvelles populations, des infiltrées. Et demain, lorsque nous aurons remporté cette guerre, et je vous le promets, au retour de nos compatriotes, nous nous trouverons tentés d’octroyer la nationalité même aux ennemis », a-t-il fait remarquer.
À la question sur le Go pass, la taxe aéroportuaire imposée aux voyageurs, le Président Tshisekedi estime qu’« au lieu de réclamer sa suppression, demandez plutôt qu’il y ait une utilisation normale des recettes ainsi collectées ». « Qu’elles soient affectées à la modernisation notamment de l’aéroport international de N’Djili. Mais la bonne idée sera de l’intégrer dans le coût du billet », a-t-il suggéré.
Le chef de l’État congolais a également répondu à une préoccupation de l’assistance sur une possible modification de la Constitution, expliquant : « Ce n’est pas de ma compétence, de peur que je ne ressemble à un dictateur ».


14 morts suite à une bombe larguée par le Rwanda sur le camp des déplacés de Mugunga

Le président Tshisekedi est revenu sur la possible modification de la Constitution, devant ses compatriotes, réunis le vendredi 3 mai au Palais du Heysel, à Bruxelles, où il est arrivé la veille, estimant que la loi fondamentale de la RDC est « désuète » et qu’« elle fait la part belle aux belligérants ». Pour lui, « à un moment donné, il faudra qu’on s’y penche ».
Il a en outre évoqué les violences qui endeuillent les populations à l’est de la RDC. À ce sujet, il a assuré que « nous gagnerons cette guerre de l’est quoi qu’il en coûte ».
« Ce que fait le Rwanda sur notre sol est une guerre économique. C’est ce qui nous détermine à combattre ce mal et, je vous assure, nous gagnerons ce combat quoi qu’il en coûte », a-t-il déclaré devant quelque 1 800 représentants de la communauté congolaise de Belgique présents.
« Contrairement à eux (les Rwandais), nous n’étions pas préparés à cette guerre. De plus, le régime dont j’ai hérité n’a pas eu le temps de créer une armée professionnelle, après une série de brassages qui ont truffé notre armée d’éléments douteux », a expliqué le président Tshisekedi, avant d’ajouter : « Nous sommes en train de venir à bout de ces traîtres de la patrie qui se sont infiltrés dans nos rangs. D’où la restauration de la peine de mort ».
Il a néanmoins souligné que cette peine réhabilitée ne sera pas élargie aux autres délits, mais « strictement restreinte aux traîtres de la patrie » car, a-t-il ajouté, cela fait 30 ans que les violences durent à l’est et il fallait mettre un terme à ce fléau.
Il a profité de l’occasion pour remercier les partenaires de la RDC qui « nous ont accompagnés pour la formation militaire et ainsi permettre à notre pays de se défendre seul, notamment la Belgique qui s’est occupée des unités commandos, et la France qui a mis sur pied le Bataillon Jungle, ou encore Israël pour le financement de nos équipements ».
Après avoir abordé le sujet des priorités de son nouveau quinquennat, notamment la dédollarisation de l’économie, la création de millions d’emplois, la diversification de l’économie, la formation professionnelle et l’accès aux services de base dans les 145 territoires de la RDC, le chef de l’État congolais a clôturé son adresse avec l’annonce du bombardement d’un camp des déplacés près de Goma (à Mugunga) par « les criminels du M23. Je suis obligé d’annuler le voyage que je devais effectuer en Hongrie pour présenter les opportunités d’affaires de la RDC et regagner le pays afin de gérer cette nouvelle donne », a-t-il déploré. Le samedi 4 mai, le monitoring du CICR fera état de 14 morts et 36 blessés.


La sécurité en RDC évoquée en Allemagne

Avant son séjour parisien, le Président Félix Tshisekedi avait effectué une escale, dimanche, en Allemagne, où il avait eu un tête-à-tête de plus de deux heures avec le Chancelier fédéral Olaf Scholz, à Berlin, qui a été suivi d’une réunion de travail avec leurs délégations respectives.
Le président Tshisekedi a invité les dirigeants allemands à condamner l’agression du Rwanda. Ses interlocuteurs ont réaffirmé leur attachement à la souveraineté de la RDC et dénoncé la présence des militaires rwandais sur le territoire congolais, avant d’inviter les pays de l’Union européenne à « demander au Rwanda de retirer ses troupes ».
En réponse, « nous avons souligné que les déclarations c’est bon, mais il faut des sanctions », fait savoir la Cellule de communication de la Présidence congolaise.

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