Accueil Politique Transition au Mali : Réussir coûte que coûte

Transition au Mali : Réussir coûte que coûte

Les Maliens se sont donné rendez-vous dans 18 mois pour élire un Président. D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont et l’on est en droit de souhaiter que ce pays puisse définitivement tourner la page de la transition.

Après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK), le 18 août 2020, le Mali se prépare à une nouvelle transition après celle de 2012-2013. Huit ans après la chute d’Amadou Toumani Touré suite au coup d’État militaire, le Mali prépare une nouvelle transition après la démission d’IBK à l’issue d’un coup de force militaire, «parachevant» ainsi trois mois de contestations menées par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Depuis, le pays est dirigé par une transition pilotée par le général M’Ba N’Daou.

Des réformes profondes sont donc nécessaires pour consolider la démocratie et permettre à l’État d’asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire. « Il y a aujourd’hui un acte fondamental, qui remet totalement en cause la constitution de 1992. Le fait que le pouvoir soit détenu aujourd’hui par les militaires, aucune disposition de la Constitution ne le prévoit. Donc, on fait semblant d’être dans la Constitution de 1992 alors qu’on n’y est pas.

Ba N’Daou, ancien ministre de la Défense et militaire à la retraite

« Étant donné qu’elle a atteint ses limites, étant donné que si on la révise, on sera obligé de toucher à plus de 90% de ses articles, pourquoi pas, si y a un consensus qui se dégage, qu’on essaye surtout de changer la Constitution et de basculer dans une nouvelle République », analyse Dr Fousseyni Doumbia, professeur à l’université de Bamako.

Trois possibilités

Selon un juriste, «aucune Constitution au monde ne dit comment elle doit être supprimée. Donc, pour un changement de la loi fondamentale, généralement, il y a trois possibilités : soit à la suite d’un coup d’État, une révolution qui met en cause la Constitution ou encore un consensus».

Dans le cadre de cette transition, les priorités doivent être clairement définies avant d’aller aux élections, à en croire le politologue Boubacar Bocoum selon lequel «il ne s’agit pas de gouverner mais de mettre en place des mécanismes pour permettre à ceux qui vont venir après de gouverner».

Les grands chantiers, à son avis, devront être «la relecture de l’accord issu du processus d’Alger, la révision constitutionnelle, la relecture de la loi électorale et les mécanismes institutionnels. Donc la réforme administrative, territoriale. Toutes ces réformes peuvent se tenir en 12 mois, c’est largement suffisant. C’est tout ce qu’on demande à une transition. «On ne leur demande pas de faire des routes, on ne leur demande pas de construire des hôpitaux ni de développer le Mali».

Les dates clés de la transition au Mali

Les autorités de transition au Mali ont annoncé les dates des futures élections présidentielles et législatives qui consacreront le passage de l’actuelle transition civilo-militaire à l’autorité démocratique menant vers un État de droit.

Des consultations présidentielles et législatives décisives devront intervenir entre février et mars 2022, dans presque 10 mois. Ce qui équivaudra quasiment à un respect de la transition malienne des engagements pris pour rétablir l’ordre constitutionnel, soit 18 mois depuis la date de son arrivée au pouvoir.

Les présidentielle et législatives seront toutefois précédées par la tenue d’un référendum sur la réforme de la Constitution, qui sera organisé le 31 octobre 2021, selon les officiels maliens.

Ces échéances électorales devront, sauf accident politique majeur, permettre au Mali de revenir à la normalité démocratique, après la démission de l’ancien Chef de l’Etat consécutive à une série de manifestations organisées à travers ce pays confronté à la menace djihadiste.

Ainsi, les premiers tours de la présidentielle et des législatives auront lieu le 27 février 2022 et d’éventuels seconds tours respectivement les 13 et 20 mars 2022.

Sous la pression notamment des pays d’Afrique de l’Ouest, les colonels qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta avaient mis en place des organes de transition (présidence, Premier ministre, gouvernement et organe législatif) avant de s’engager à rendre le pouvoir à des dirigeants civils élus sous 18 mois.

Ali Traoré

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