Il a fallu cinq mois de tractations pour y parvenir. C’est aujourd’hui  chose faite et une étape importante a été franchie  pour l’instauration d’une transition et le retour de l’ordre constitutionnel au Tchad.

Le président tchadien Mahamat Idriss Déby et plusieurs groupes rebelles ont signé, le lundi 8 août à Doha au Qatar, un accord de paix qui devait permettre la participation des factions politico-militaires au dialogue national inclusif, maintes fois reporté mais finalement programmé le 20 août.

L’accord a été paraphé par le président tchadien et une quarantaine de groupes rebelles. Notons toutefois que deux des principaux mouvements rebelles ont refusé de participer aussi bien à la signature de l’accord qu’au dialogue national.

Cessez-le-feu et libérations des prisonniers

L’accord prévoit d’abord un cessez-le-feu général dès la signature. Il engage par ailleurs le camp des rebelles et le Conseil militaire de transition à ne mener aucune action militaire l’un contre l’autre et à dérouler un programme DDR, à savoir Désarmement, démobilisation et réinsertion.

Une loi d’amnistie en faveur des rebelles condamnés est également prévue, ainsi que la garantie de sécurité des éléments des groupes armés et de leurs proches. En retour, les groupes politico-militaires renoncent définitivement à la lutte armée et aux actions violentes et acceptent de mettre fin à tout recrutement de nouveaux combattants et de déclarer leurs effectifs et leur armement. Chaque partie promet en outre de libérer les prisonniers capturés lors des divers affrontements.

L’accord prévoit enfin l’organisation d’un dialogue national, qui portera notamment sur la réforme de l’armée et la révision de la charte de transition ainsi que la non-participation des animateurs de la transition aux prochaines élections.

L’instabilité pas complètement enrayée

Parmi les groupes importants ayant refusé de signer, il y a le FACT, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad, responsable de l’offensive qui a coûté la vie à l’ancien président Idriss Déby Itno en avril 2021.

« Le FACT rejette cet accord qui, en réalité, ne prend pas en compte nos revendications. Entre autres la libération de nos prisonniers à compter de la signature de l’accord, la parité des délégués au dialogue national inclusif et souverain », a expliqué son porte-parole Issa Ahamat.

Il a néanmoins assuré ne pas vouloir « couper les ponts avec la négociation. Nous restons disponibles pour négocier et pour résoudre la question tchadienne par le dialogue ».

Le 20 avril 2021, le président Idriss Déby Itno, qui dirigeait d’une main de fer le Tchad depuis plus de 30 ans, avait été tué au front. Le même jour, son fils Mahamat Idriss Déby Itno, un général de 37 ans, était proclamé par l’armée président de transition, à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux. Le parlement et le gouvernement étaient immédiatement dissous et la Constitution abrogée.

Le Conseil promettait néanmoins des «élections libres et démocratiques» après une transition de 18 mois, devant être organisées au terme d’un Dialogue national inclusif avec les oppositions politiques et armées.

L’ONU et les États-Unis saluent l’avancée

Si le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est limité à déclarer qu’il s’agit là d' »un moment-clé pour le peuple tchadien », le Département d’État américain s’est montré plus expressif. « Nous nous réjouissons de cette étape vers la réconciliation au Tchad », a déclaré le porte-parole du département dans un communiqué.

« Nous sommes reconnaissants du rôle joué par le gouvernement du Qatar, le gouvernement de transition tchadien et les voix politico-militaires dans ce processus, et nous encourageons tous les groupes tchadiens à s’associer pour assurer la paix, la prospérité et la stabilité », poursuit le Département d’État américain qui estime que « cet accord de paix est un développement important dans la période de transition du Tchad et reflète la volonté du peuple, conformément aux principes énoncés dans le communiqué de l’Union africaine de mai 2021 ».

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