Le parcours scolaire et politique de Sophie Kanza est assez exceptionnel ; très peu de femmes africaines peuvent brandir un cursus aussi prestigieux que cette dame, qui était pionnière dans beaucoup de domaines. La vie même de cette femme est assez exceptionnelle, y compris dans la manière dramatique et précoce dont elle a pris fin. 

On ne peut parler de Sophie Kanza sans d’abord circonscrire le contexte socio-politique de son époque, ni parler de sa famille, qui compte aussi en son sein des personnalités assez exceptionnelles. Les années 50 sont celles où l’élite congolaise exprime clairement ses revendications pour une fin de la colonisation et l’indépendance du pays.

Les élites ne sont pas indifférentes, en effet, à ce qui se passe ailleurs en Afrique, notamment au Ghana où le Dr. Kwame Nkrumah, leader indépendantiste et panafricaniste, tient un discours dans lequel « indépendance » est le mot clef.

Au Congo belge, future République démocratique du Congo, devenue, pendant un moment, République du Zaïre, entre 1971 et 1997, pays où Sophie Kanza est née, le 8 février 1940 à Léopoldville, les personnalités les plus en vue sont, notamment, Patrice Emery Lumumba, Moïse Tshombe ; Joseph Kasa-Vubu aussi, lui qui avait créé en 1950, avec Nzeza Landu, son compatriote du Congo Central, l’Alliance des Bakongo, « ABAKO », une association dont la vision de départ est la défense et la promotion de la culture et des valeurs des Bakongo.

Dans les structures de cette organisation, un nom : Daniel Kanza, vice-président ; l’un des premiers hommes politiques et pionniers de l’indépendance, mais surtout, s’agissant du sujet traité ici, père de Sophie Kanza. Ceci explique que la jeune fille Sophie ait pu, par exemple, fréquenter la meilleure école secondaire de l’époque, le lycée du Sacré Cœur.

Sophie est issue d’une famille qui compte 7 enfants ; elle est la 6ème, et elle est la sœur cadette de Thomas Kanza, homme politique, diplomate, écrivain, collaborateur de première heure de Lumumba.

Thomas Kanza est considéré comme le premier universitaire congolais, diplômé d’une université belge – D’autres estiment que c’est plutôt l’agronome Paul Panda Farnana. Ambassadeur en Suède, Thomas Kanza est connu aussi pour avoir été candidat, en face d’Etienne Tshisekedi, au poste de Premier ministre de la Conférence nationale souveraine en 1992.

Le parcours de Sophie Kanza

Le contexte historique, politique, social et familial décrit ici explique, en partie, les prouesses réalisées par Sophie Kanza, dans son parcours. Première congolaise à fréquenter le très réputé lycée du Sacré-Cœur, où elle termine ses études secondaires en 1961, elle est la première femme congolaise diplômée d’université en 1964. Elle obtient une licence en Sociologie de l’Université de Genève, Suisse.

Elle est la première femme congolaise a occuper des fonctions ministérielles ; elle sera ministre, puis ministre d’État aux Affaires sociales dans les années Mobutu. Plus tard, après avoir quitté le gouvernement, en 1970, elle s’inscrit à la prestigieuse université de Harvard, où elle fera une maîtrise et un doctorat en Sociologie. Elle exercera un certain nombre de fonctions dans le système des Nations-Unies, en particulier à l’UNESCO.

Vie privée et fin tragique

Sophie Kanza a été l’épouse du professeur Marcel Lihau Ebua, premier président de la Cour suprême de Justice de la RDC, avec qui elle a eu six filles. Il est connu pour avoir été l’un des fondateurs, avec Etienne Tshisekedi, du parti d’opposition Union pour la démocratie et le progrès social, « UDPS », parti phare dans la lutte pour l’avènement de la démocratie.

Il est connu aussi pour avoir été professeur à Harvard et avoir présidé, de manière magistrale, la commission constitutionnelle de la Conférence nationale souveraine.

Sophie Kanza est victime d’un accident de la route en 1998, à Paris. Devenue paraplégique, elle quitte son poste à l’UNESCO. Elle meurt d’un arrêt cardiaque, le 2 avril 1999, à l’âge de 59 ans. Une place lui a été faite au Panthéon de l’histoire congolaise, où son buste est exposé dans la galerie de la mémoire.

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