Accueil Actualité Retour des déplacés de Diffa et de Tahoua au Niger : Une...

Retour des déplacés de Diffa et de Tahoua au Niger : Une victoire dans la lutte contre le terrorisme

Après six (6) ans d’exil, les déplacés de Baroua ont regagné leur bercail. Depuis le 20 juin 2021, ce sont plus de 4000 personnes qui ont commencé à retourner chez elles. A terme, 130 000 déplacés internes doivent reprendre vie dans leur village d’origine qu’ils avaient quitté suite aux attaques du groupe terroriste Boko Haram.

Ils ne sont plus des exilés dans leur propre pays. Les déplacés internes rejoignent leur bercail au Niger. L’évènement est rare et symbolique. Pour cette première vague, ils sont au total 4 605 personnes qui ont quitté le dimanche 20 juin dernier les sites d’accueil d’Awaridi, Kindjandi, et Barwa Yala pour leur village d’origine de Baroua, au Niger. Ces déplacés internes ont été contraints en 2015 suite aux attaques des groupes armés d’abandonner leur localité.

Ce village de Baroua s’était vidé de tous ses habitants. Selon le gouverneur de la région de Diffa, ce retour des personnes déplacées internes de Baroua concerne 1 187 ménages soit 5 935 personnes. Il ajoute que cette première vague de retour volontaire va concerner 19 villages pour une population de 25 955 personnes. En somme, c’est plus de 200 villages qui sont ciblés par cette opération de retour.

« Nous sommes vraiment fiers d’être retournés avec l’ensemble de nos parents, on a laissé personne derrière nous » s’est réjouit un ressortissant de Baroua. Un village qu’ils retrouvent saccagé six après leur départ. Ces déplacés internes souhaitent la reconstruction du village.

« Tout le village a été saccagé… Nous voulons commencer d’abord par réhabiliter le centre de santé intégré (CSI) de Baroua, plus nos deux écoles primaires » a souligné ce ressortissant de retour.

Autres sollicitations de ces populations, c’est la relance des activités économiques. «Nous demandons aux partenaires techniques et financiers de nous faire des hangars de marché hebdomadaire » ainsi que des espaces de loisirs, a martelé un autre déplacé de retour

Il faut noter que des biens alimentaires et non alimentaires (bâches) ont été distribués à la population installée chacune dans son habitation rapporte Soumaila Abaka, président de l’association des jeunes de Baroua. Il ajoute que « le centre de santé a été installé dans des tentes pour le moment, il y a aussi une ambulance à la disposition du village».

Reprise économique et sécurité au menu

Après avoir accompagné ces déplacés à leur village d’origine, le gouverneur de Diffa a passé la nuit du 20 au 21 juin avec ces 921 ménages. Toutefois, ces ménages souhaitent la présence des bases militaires comme annoncé. Selon Soumaila Abaka, président de l’association des jeunes de Baroua, « la population tient énormément à la sécurité » ce à quoi il ajoute « il y a des positions de la garde nationale du Niger, des positions des militaires et il y a des positions de la gendarmerie qui va se déplacer incessamment ».

Une unité de la gendarmerie nationale du Niger est dépêchée sur place selon Soumaila Abaka. Avec le retour progressif de la paix constaté ces derniers temps, les activités commerciales ont repris peu à peu. Un exemple patent : la réouverture du marché à poisson de Nguigmi et celui de Diffa, alors qu’ils étaient restés longtemps fermés pour cause d’insécurité.

Des cérémonies de pose des premières pierres, pour construire à leur place des nouveaux beaucoup plus modernes, ont été organisées. A Diffa, un petit tour dans le marché local permet de se rendre compte que cette paix est un fait réel. Les transactions commerciales se déroulent dans la quiétude comme au bon vieux temps. La paix est de retour progressivement dans la région, c’est indéniable.

Pour les personnes déplacées, l’heure est au retour vers le bercail abandonné pour des raisons sécuritaires. « Je suis très contente de retourner chez moi de telle sorte que manger même ne m’a pas intéressé toute la journée », se flatte une jeune dame du village de Gagam rencontrée dans un camp de fortune. «Nous allons retourner chez nous, tous ensemble, retrouver notre village. Cela fait trois ans que nous l’avons abandonné dans la précipitation. Nous avons fui la guerre. On a brûlé nos maison, on a tué nos proches parents alors que nous, nous ne connaissons pas la guerre, on a vu juste des terroristes nous tomber dessus comme des fous », ajoute-t-elle.

Objectif : ramener 100 000 déplacés chez eux d’ici décembre 2021

Le Président de la République du Niger Mohamed Bazoum a pris l’engagement de ramener les quelques 100.000 déplacés nigériens de la Région de Diffa dans leurs villages respectifs d’ici Décembre 2021. Le Chef de l’Etat nigérien a pris cet engagement lors d’une conférence de presse qu’il a animée, ce samedi 3 juillet à Diffa et qui marque la fin d’une visite du terrain qu’il a entamée depuisle 1er juillet dernier.

« Aujourd’hui, nous avons décidé de faire en sorte que toutes les populations déplacées internes retournent dans leurs villages » a réaffirmé le Chef de l’Etat, annonçant que « nous sommes sur un plan en plusieurs phases. L’échéance à l’issue de laquelle (…) toutes les populations vont retourner dans leurs villages, c’est le mois de Décembre 2021. (…) comme j’en avais fait la promesse durant la période électorale ».

Mahmah Doubé

Publicité