Alors que les rangs se sont définitivement resserrés au sein de l’Union sacrée autour du candidat du pouvoir à Kinshasa, à savoir Felix Tshisekedi, dans le camp d’en face, celui de l’opposition, les propos virent plutôt à l’invective.
À deux mois des élections, la tension reste palpable auprès des opposants congolais, qui peinent déjà à organiser une rencontre en vue d’une probable désignation d’un candidat commun face à Félix Antoine Tshisekedi, serein après l’allégeance à sa personne d’une myriade de partis politiques – plus de 300 chefs de partis ont signé leur adhésion à la plateforme Union sacrée de la nation soutenant sa candidature.
Au total vingt-trois opposants congolais ont déposé chacun son dossier de candidature pour la présidentielle du 20 décembre 2023. Il était question qu’ils se rendent dans un pays occidental pour harmoniser leurs prétentions et désigner un seul ticket devant en découdre avec le candidat du pouvoir, mais les dernières nouvelles ne prêtent guère à l’optimisme.
D’emblée, le candidat de la Dynamique pour l’Émergence du Congo, Constant Mutamba, a décliné l’invitation de ses pairs à ces assises. « Je dénonce et refuse de m’associer à certains candidats présidents invités à Bruxelles en vue de la désignation par les Occidentaux d’un candidat commun de l’opposition. Le pays de Lumumba n’est pas à vendre », a-t-il signifié sur son compte dans les réseaux sociaux.
Attaque frontale d’Ensemble de Katumbi à Martin Fayulu
Une autre voix discordante quant à l’impossibilité de réunir un consensus pour la désignation d’une candidature commune de l’opposition est venue du camp de Moïse Katumbi, qui a carrément porté une attaque frontale au candidat de l’Ecide Martin Fayulu, par l’entremise de Mme Mathilda Benatar Chilufya, haut cadre du parti de Moïse Katumbi et initiatrice de l’ONG Mapendo Lushi.
Au cours d’un meeting, le 14 octobre 2023 devant près de 4 000 membres réunis au siège du parti, elle a appelé Martin Fayulu, qui s’était la veille autoproclamé « candidat commun de l’opposition à la présidentielle de 2023 », à la reconnaissance. « Martin Fayulu doit être reconnaissant. Qui te connaissait avant que nous ne puissions te soutenir ? On t’a donné le manteau, afin que tu aies la forme », a-t-elle martelé avant d’ajouter :
« Personne n’acceptera que la candidature de Moïse Katumbi, récemment déposée à la Ceni soit rejetée. D’ailleurs, le monde entier compte sur la Ceni pour son rôle d’un bon arbitre. Nous allons faire un jeûne et surtout prier aussi, demandant à Dieu de guider les responsables de la Ceni », a-t-elle insisté.
En effet, Moïse Katumbi est victime d’une série d’attaques, non seulement sur sa nationalité, que d’aucuns récusent pour solliciter l’invalidation de sa candidature, mais aussi au sujet de sa gestion de la province de l’ex-Katanga au moment où il en était le gouverneur sous le régime de Joseph Kabila. Un autre candidat de l’opposition, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, est lui devant la Justice pour « détournement » dans le dossier de la faillite du Programme agricole de Bukanga Lonzo.
L’unique note d’apaisement est celle proférée par Franck Diongo, également candidat. Pour le président du Mouvement lumumbiste progressiste, « le régime en place a aligné des faux candidats pour tenter déstabiliser l’opposition », estimant qu’il y aura une rencontre qui va réunir les vrais opposants afin de décider de qui sera l’homme qui va porter la charge de diriger la RDC.
« Nous savons que le pouvoir a fabriqué quelques candidats, il y aura des pourparlers entre nous de l’opposition de sorte que les choses se précisent. Mon parti et moi-même sommes d’accord pour un candidat commun de l’opposition. Les vrais opposants vont se parler. Nous allons nous organiser. Apaisez-vous, les stratégies politiques ne se dévoilent pas devant les médias », a-t-il encore soutenu.