En ce début d’année 2023, proclamée année électorale en République démocratique du Congo, le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi, connu pour être candidat à sa propre succession, semble avoir décidé de ne plus subir les évènements, et d’opter de prendre les devants sur ses déjà nombreux concurrents.
En moins d’un mois, le Président Congolais a réussi un doublé politique qui a certainement dérangé ses opposants et marqué les esprits de l’opinion. Dans la nuit du 23 au 24 mars dernier, il a créé la surprise avec un remaniement de son gouvernement et l’entrée en scène des tauliers de sa famille politique, l’Union sacrée.
Les observateurs, ébahis, ont assisté à l’entrée aux affaires des véritables attaquants de pointe et des défenseurs aguerris de la trempe de Jean-Pierre Bemba Gombo, de Vital Kamerhe et de Mbusa Nyamwisi, cantonnés jusque-là dans la périphérie des affaires.
Face à ses opposants encore divisés, Félix Tshisekedi a choisi de se doter d’une équipe résolument tournée vers l’offensive, avec l’objectif affirmé de camper dans le camp adverse jusqu’à la tenue des échéances électorales qui s’affichent déjà à l’horizon.
Une équipe bâtie pour la gagne
En plaçant le président du MLC Jean-Pierre Bemba à la Défense, le président congolais semble avoir envoyé un message symbolique à ses adversaires internes et à ses partenaires de la sous-région, quant à sa détermination à en finir coûte que coûte aux problèmes d’insécurité dans la partie est du pays.
Le nouveau vice-Premier ministre et ministre de la Défense passe en effet pour un homme de poigne, peu enclin à des états d’âmes, surtout quand sa propre crédibilité est engagée.
Il en va presque de même pour son alter égo Vital Kamerhe, propulsé, lui, au ministère de l’Économie. Ce dernier avait brusquement vu son honneur et sa réputation de faiseur de roi gravement ternis par une rocambolesque affaire de détournement des fonds, jusque-là encore non élucidée, mais qui l’a quand même conduit à la case prison, alors qu’il était encore l’allié majeur du président de la république.
Dans son nouveau poste, il n’aura de cesse de prouver à la face de l’opinion qu’il y avait peut-être erreur sur la personne
Celui qui apparaît désormais comme le Tshisekedi nouvelle version ne s’est pas arrêté là. Le mercredi 6 avril, il réussissait un autre coup de maître, en imposant à 308 chefs de partis politiques et à ses alliés emblématiques la signature d’une charte, celle de sa famille politique, l’Union sacrée.
Une sorte de consécration de sa totale mainmise sur une large constellation politique qui quadrille désormais toute l’étendue du territoire national et qui, à en croire certains observateurs, lui supprime toute mauvaise surprise venant de son propre camp.
En ce mois d’avril 2023, une chose paraît au moins certaine : le chef de l’État congolais a déjà revêtu sa tenue de campagne et s’est résolument aligné à la tête de son équipe. Quitte à lui, désormais, de réussir à inculquer à cet assemblage encore hétéroclite des stars, une discipline de jeu.