La conférence sur « Les avancées de la lutte pour l’instauration de la bonne gouvernance publique en RDC », organisée les 26 et 27 octobre à l’Université libre de Bruxelles, s’est achevée vendredi soir sur une note d’espoir et par la remise de diplômes d’honneur à trois personnalités.

Le collectif des étudiants congolais de Belgique, sensible au renouveau qui se dessine à Kinshasa, a ainsi récompensé le Premier ministre Jean Michel Sama Lukonde, absent à la cérémonie, pour le travail qu’il abat dans la remise en ordre des finances publiques, à l’ambassadeur de la RDC au Benelux, Christian Ndongala Nkuku, qui s’est solidement investi à « rallumer la flamme de la diplomatie congolaise », ainsi qu’à l’Inspecteur général des Finances Jules Alingete Key, champion de la lutte contre la corruption.

La note d’espoir, elle, est venue de l’exposé de l’inspecteur général des Finances-chef de service, qui a exposé les résultats récoltés après quatre années de lutte inlassable contre la corruption qui gangrénait l’ensemble de la vie publique à Kinshasa et annihilait tout espoir de développement.

En effet, « la corruption constitue un véritable suicide collectif », du fait qu’elle hypothèque l’avenir de millions de compatriotes », a déploré Jules Alingete.qui a brossé un tableau d’apocalypse que présentait la RDC à l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, en 2019.

Le développement de la RDC  compromis par ses propres fils

S/E l’ambassadeur de la RDC en Belgique, Mr Christian Ndongala et Mr Jules Alingete (au centre) qui présente les progrès réalisés par la RDC devant le parlement fédéral belge (Image d’archive : septembre 2022 / Source : opinion-info.cd)

Rien à envier à une jungle, avec un banditisme financier et fiscal sans nom : incivisme fiscal généralisé, fraude à grande échelle sur les plans fiscal, douanier et minier, recherche effrénée du profit personnel par les agents publics, surfacturation des marchés publics, faible traçabilité de la dépense publique ainsi qu’indiscipline budgétaire, bref le mode parfait de gouvernance d’une maffia organisée.

« La RDC a été condamnée à la régression par ses propres fils, car lorsque des gens détournent 80% des fonds alloués à un projet, il est illusoire de prétendre à développer un pays », a fait savoir M. Alingete. Il a ainsi loué la lutte menée par l’IGF pour inverser la tendance et sauver le pays de la décadence.

« L’Inspection Générale des Finances a aujourd’hui réussi à instaurer la peur du gendarme dans la gestion de la chose publique et permis à la RDC de reconquérir sa crédibilité sur la scène internationale, passant de la zone rouge à la zone orange en matière de corruption et d’incivisme fiscal », s’est réjoui l’inspecteur général des Finances.

L’amélioration de la mobilisation des ressources publiques, l’accroissement du budget de l’État pour les exercices 2021, 2022 et 2023 sont quelques autres résultats égrenés par M. Jules Alingete Key, de même que la capacité retrouvée par la RDC d’entreprendre des grands travaux d’infrastructures sur base de ressources propres de l’État et la relance progressive de la croissance économique.

« Il a fallu une volonté politique ferme du président Tshisekedi à son arrivée »

Le président Félix Tshisekedi sur qui repose la fiérté de l’IGF (Image source : llb.be)

Jules Alingete débarque en 1988 à l’IGF, où il fera tout son parcours professionnel, à part quelques années à la Regideso, à la DGRK et dans un cabinet ministériel. Il est promu inspecteur principal dix ans plus tard, puis chef de service et patron de l’IGF le 1er juillet 2020 (Lire : Roger Mazanza et Cornelis Nlandu, Dirigeants et notabilités en RDC, Éditions MBB, 2022, disponible à l’ACP et à la CENI/Direction de la communication).

Mais pour parvenir à ces résultats qui font sa fierté, l’IGF a dû compter sur une volonté politique ferme exprimée par le président Félix Antoine Tshisekedi à sa prise de fonctions, celle de lutter contre les réseaux maffieux, de mettre en place des structures de contrôle dans la lutte contre la criminalité financière et de renforcer un système répressif efficace grâce à un appareil judiciaire outillé, intègre et motivé.

À cet effet, les contrôles a priori et concomitants, plutôt que l’examen a posteriori, sont les deux modes que privilégie l’IGF en matière de finances publiques, a souligné M. Alingete Key dans son intervention lors de la seconde journée de la conférence. À son avis, ce type de contrôle, qui constitue la patrouille financière de l’IGF, joue un rôle préventif car il empêche le gestionnaire de commettre des actes délictueux, contrairement au mode a posteriori qui, lui, pose le problème d’application des sanctions, affaiblissant ainsi les organes de contrôle.

Trois instances prévues par la loi pour le contrôle

Trois personnalités Congolaises autour de l’Ambassadeur de la RDC en Belgique dont l’inspecteur de l’IGF, mr Jules Alingete Key plébiscitées à la clôture de la conférence de l’IGF en partenariat avec l’ULB à Bruxelles (Image source : ambardc.be)

En cette matière, la loi prévoit le contrôle interne et externe, mais aussi des organes de trois types, administratif qu’exerce l’IGF, juridictionnel dévolu à la Cour des comptes, et enfin politique, qui est du ressort du parlement, des assemblées provinciales et des conseils communaux.

Pour sa part, M. Herman Iyeleza, coordinateur à l »IGF, a explicité le rôle et le mode de fonctionnement des différents organes de contrôle, tandis que M. Al Kitenge, stratège et expert en innovations économiques, s’est attardé sur les conflits d’intérêt dans le chef des agents des services publics et sur les moyens d’éradiquer la corruption, grâce à la digitalisation des services et la formation de la population dans la prévention de la fraude.

Quant au sénateur belge d’origine congolaise, M. Bertin Mampaka, il a estimé que le phénomène de la corruption est volatile et n’a pas de frontière. Il a à cet effet cité quelques exemples de corruption qui avaient monopolisé l’actualité en Occident, notamment au parlement européen avec le qatargate survenu autour de la Coupe du monde de football au Qatar, mais aussi dans certains pays occidentaux, comme l’affaire Agusta qui avait décimé le parti socialiste en Belgique, et le scandale de Cahuzac en France, provoqué par un ministre.

L’ambassadeur Christian Ndongala, qui a clôturé les assises, a tenu à souligner le travail salutaire de l’IGF, avant de se réjouir que celle-ci ait opté pour Bruxelles dans sa campagne de sensibilisation à la lutte en vue de l’instauration de la bonne gouvernance. « Nous avons tous été édifiés par la lutte que mène l’Inspection générale des Finances en vue de meilleures conditions de vie sociale des populations, à travers les retombées de son programme dans le domaine de l’amélioration du climat des affaires en RDC », a-t-il reconnu.

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