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Plusieurs morts dans des affrontements, des étrangers arrêtés

Répression en Iran : au moins 41 personnes tuées par les forces de sécurité à Zahedan (Source : paris match)

Une vingtaine de personnes, notamment des membres des forces de l’ordre, ont été tuées dans des affrontements armés à Zāhedān, le vendredi 30 septembre, alors que des fidèles manifestaient après la prière du vendredi contre les forces de l’ordre.

Selon les responsables de la province, des hommes armés ont attaqué trois commissariats dans la ville de Zahedan, en Iran, faisant au moins dix-neuf morts et une vingtaine de blessés, dans des manifestations consécutives à des rumeurs de viol d’une jeune fille par un membre des forces de l’ordre.

Dans un premier temps, des manifestants ont lancé des pierres contre un commissariat mais ensuite, des hommes armés ont tenté de prendre d’assaut les trois centres des forces de l’ordre. Le gouverneur de la province a précisé que des banques et des centres commerciaux ont aussi été attaqués par les manifestants en colère. Plusieurs policiers ont été tués ainsi que le numéro deux des services des renseignements des Gardiens de la révolution.

Ces attaques sont intervenues alors que de nouvelles manifestations ont eu lieu contre le pouvoir dans au moins deux villes de province, au moment où l’Iran est secoué par une vague de protestations depuis un mois.

Dans un communiqué, le ministère des Renseignements a annoncé l’arrestation de neuf ressortissants étrangers dans les manifestations de ces deux dernières semaines, notamment des Français, des Suédois, des Italiens, des Polonais et des Hollandais. Ils ont été arrêtés « pendant des émeutes ou alors qu’ils conspiraient dans l’ombre », affirme Téhéran, qui accusent des pays étrangers, États-Unis en tête, d’être derrière ce mouvement.

De même, 200 personnes liées aux groupes d’opposition, notamment les Moudjahidines du peuple, des monarchistes et des groupes kurdes armés, ont été arrêtées, selon ce même communiqué.

Plus de 1 200 personnes sous le verrou

Ces annonces ont été faites le samedi 1er octobre, une journée sensible avec la réouverture des universités. Ces derniers jours, des étudiants ont manifesté dans plusieurs villes du pays contre le pouvoir.

Depuis le 16 septembre, ce sont plus de 1 200 personnes qui ont été arrêtées en Iran, selon un décompte établi par les autorités. Bien plus d’après des sources indépendantes.

Des manifestants ou des personnes impliquées dans le mouvement, comme une jeune femme photographiée en train de déjeuner sans foulard dans un restaurant de Téhéran. Ou le chanteur Shervin Ajipour qui avait interprété une chanson composée de tweets sur les manifestations et qui était reprise en boucle sur les réseaux sociaux. Mais des avocats et des journalistes figurent aussi parmi les personnes interpellées.

De nombreuses célébrités rejoignent la cause

Un ancien footballeur qui avait exprimé son soutien au mouvement de protestation en cours a été arrêté. Hossein Manahi, ancien joueur du club de Persepolis, « aurait soutenu et encouragé » des émeutes par ses prises de position sur les réseaux sociaux, selon l’agence de presse officielle IRNA.

Cela fait deux semaines que la jeune Mahsa Amini est morte en Iran, décédée peu de temps après son arrestation par la police des mœurs, accusée d’avoir fait apparaître une mèche de cheveux non couverte. Depuis, les manifestations quotidiennes demandent la fin de l’obligation du hijab, le foulard islamique obligatoire pour les Iraniennes, et de nombreuses célébrités se sont en effet exprimées en ce sens.

Par ailleurs, une courte vidéo montre la comédienne iranienne Fatemeh Motamed-Arya. Elle rend hommage à un acteur décédé quelques jours plus tôt et elle ne porte pas de foulard lorsqu’elle prononce cette oraison funèbre en public.

Un geste fort : l’artiste transgresse la loi, comme d’autres comédiennes iraniennes qui ont choisi ces derniers jours de se montrer sans hijab sur les réseaux sociaux, ou qui ont pris position pour dénoncer la mort violente de la jeune Mahsa Amini. C’est le cas aussi du réalisateur Asghar Farhadi qui a lancé un appel à soutenir « les femmes courageuses » de son pays.

Prises de position aussi dans le monde du sport avec ces images très fortes de l’équipe iranienne de football cette semaine, avant le match contre le Sénégal : pendant l’hymne national, les joueurs sont restés vêtus de leurs parkas noires, la couleur du deuil, plutôt que celles du maillot de l’équipe nationale.

Au moins deux joueurs de la sélection ont pris fait et cause pour le mouvement en cours. C’est le cas aussi de l’ancienne star du ballon rond Ali Karimi ou de l’ex-joueur arrêté le vendredi 30 septembre.

Face à ces défis, plusieurs officiels iraniens ont menacé celles et ceux que le pouvoir accuse de « souffler sur les braises » de la contestation.

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