Le président exécutif de la Commission nigériane des crimes économiques et financiers a monopolisé l’actualité lors d’un forum tenu à ce sujet à Tunis. Selon lui, « plus de 88 milliards de dollars sont illégalement détournés des pays africains chaque année ».
C’est cela la situation dénoncée par le président exécutif de l’EFCC, Olanipekun Olukoyede dans un discours prononcé le 27 juin à Tunis, à la Conférence panafricaine sur les flux financiers illicites tenue du 26 au 28 juin.
Dans un discours qu’il a intitulé « L’agenda fiscal africain dans la lutte contre les flux financiers illicites : des paroles aux actes », le chef de l’EFCC a expliqué le défi que représentent les flux financiers illicites pour la stabilité économique et le développement de l’Afrique, précisant que plus de 88,6 milliards de dollars sont illégalement détournés du continent chaque année, des fonds qui, selon lui, pourraient être consacrés à des infrastructures essentielles, à la santé et à l’éducation.
Les violentes manifestations qui ont lieu ces jours-ci au Kenya sont alimentées non seulement par l’annonce d’une forte augmentation des impôts dans le projet de loi de finances, qui a ensuite été retirée, mais aussi par la prise de conscience de la population que ces ressources financières sont soustraites à l’État par la corruption.
Pour le Nigeria, la Commission des crimes économiques et financiers a été créée en 2003 en réponse à la corruption rampante dans le pays, sous la pression des créanciers internationaux eux-mêmes, qui craignaient de ne pas voir leurs prêts remboursés avec les intérêts dus si le pillage des coffres de l’État n’était pas enrayé.
Nécessité d’un cadre juridique pour les pays africains
À la conférence de Tunis, le chef de l’EFCC a rappelé les succès de l’organisme, notamment le rapatriement des États-Unis en 2020 de 311 millions de dollars détournés par l’ancien président Sani Abacha durant sa présidence (1993-1998).
Ce recouvrement, a-t-il dit, a été réalisé en collaboration avec des partenaires internationaux et a été affecté à des projets d’infrastructures vitaux tels que le deuxième pont sur le Niger et l’autoroute Lagos-Ibadan.
Olukoyede a mis en évidence les obstacles techniques, juridiques et politiques qui compliquent le processus de localisation, de gel et de rapatriement des fonds illicites.
C’est ainsi qu’il a insisté sur la nécessité pour les pays africains de mettre en place des cadres juridiques solides et a appelé à une plus grande coordination et coopération aux niveaux national, régional et international.
Il a également préconisé l’utilisation de technologies avancées telles que l’analyse de données, la blockchain et l’intelligence artificielle pour améliorer le suivi des actifs et les efforts de recouvrement.
Il a par ailleurs appelé à une forte pression internationale pour garantir la coopération des paradis fiscaux et des juridictions à faible fiscalité.
La Conférence panafricaine de Tunis sur les flux financiers illicites et la fiscalité vise à relever le défi de ces flux en provenance d’Afrique, qui compromettent le développement économique et la capacité des gouvernements à apporter des réponses à des populations composées en grande partie de jeunes, qui voient leur avenir menacé par la corruption et la mauvaise gouvernance des décideurs.