À moins d’un mois de la première étape des primaires républicaines, tout paraît joué d’avance. On s’oriente vers une revanche de l’élection de 2020. Joe Biden contre Donald Trump, qui domine les sondages, mais une candidate n’a pas dit son dernier mot.
« Je vais simplement le dire : Biden est trop vieux et le Congrès est la maison de retraite la plus exclusive d’Amérique ». Nikki Haley, 51 ans, candidate à l’investiture républicaine, lâche ses coups, mi-décembre, dans une vidéo de campagne. Le film de trente secondes va être diffusé dans les semaines qui viennent en Iowa et au New Hampshire, les deux premières étapes de la course républicaine.
Si Nikki Haley attaque frontalement, c’est qu’elle joue son va-tout. Elle est loin derrière Donald Trump, mais avec la concurrence qui se délite, elle apparaît comme la dernière alternative à l’ancien président. Elle ne dit rien sur lui et ses 77 ans, mais elle répète ses propositions de tests d’aptitude mentale pour les politiciens.
En revanche, elle dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas au sujet des 81 ans de Joe Biden, dont la cote de popularité ne décolle toujours pas. Les sondages nationaux le donnent derrière Donald Trump. Et plus grave, c’est aussi le cas dans les États clés.
Il a beau dire que les journalistes lisent les mauvaises études, répéter plusieurs fois par semaine depuis des mois son message sur ses résultats économiques, cela ne prend toujours pas.
Selon le Washington Post, il a exprimé sa frustration à ce sujet à son équipe avant le week-end de Thanksgiving, et Noël ne s’annonce pas vraiment plus joyeux pour lui.
Miser sur Nikki Haley pour battre Donald Trump
C’est la candidate qui monte dans la primaire républicaine : Nikki Haley a reçu le soutien du milliardaire Charles Koch, l’un des plus grands donateurs de la droite américaine. Un soutien de poids censé aider l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud à incarner une alternative modérée à Donald Trump, toujours loin devant dans les sondages.
C’est une promesse de fonds de campagne quasi illimité avec un objectif : battre Donald Trump dans la primaire républicaine qui débute en janvier 2024. Nikki Haley « est la mieux placée pour battre Trump, nos sondages internes le montrent », écrit le puissant groupe conservateur American for Prosperity en annonçant son soutien officiel à l’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’ONU dans la course à l’investiture républicaine.
Nikki Haley prend de plus en plus ouvertement ses distances avec Donald Trump. « Je suis en désaccord avec beaucoup de ses décisions, mais justement ou pas, il suscite le chaos », disait-elle le 16 décembre en meeting dans son État.
Trump encore loin devant
Depuis plusieurs semaines, la seule femme de la primaire a, certes, surgi dans les sondages et les levées de fonds, au point de contester la seconde position au gouverneur de Floride, Ron DeSantis, dans certains États, mais elle reste encore loin du grand favori. Trump écrase l’ensemble de ses rivaux d’au moins 40 points dans la totalité des sondages publics depuis des mois.
L’American for Prosperity est un groupe de lobbying libertarien lancé en 2004 et financé par deux frères milliardaires, David et Charles Koch. Ironie de l’histoire, il avait soutenu le mouvement Tea Party et contribué à l’élection de Donald Trump en 2016 et il va désormais injecter des millions de dollars dans la campagne de Nikki Haley pour le faire battre. Un pari qui laisse sceptiques la plupart des analystes américains.
Donald Trump inéligible pour 2024 ?
Une décision fracassante est survenue outre-Atlantique, alors que la Cour suprême du Colorado a déclaré Donald Trump inéligible à la présidence, en raison de son implication lors de l’assaut du Capitole il y a quelques années.
Par une majorité de quatre juges sur sept, la Cour suprême du Colorado a confirmé la décision de première instance, concluant que Donald Trump s’était « livré à une rébellion le 6 janvier 2021 » lors de l’assaut du Capitole.
Cette décision repose sur la section 3 du 14ème amendement de la Constitution, invoquée pour réclamer son inéligibilité, stipulant que toute personne ayant prêté serment de défendre la Constitution et ayant pris part à une insurrection ou une rébellion contre les représentants de l’État est rendue inéligible. Notamment, la Cour a souligné que cette disposition s’applique également à un président et à ses actes pendant son mandat.
L’assaut du Capitole
Le rappel des événements met en lumière le 6 janvier 2021, lorsque des partisans de Donald Trump avaient pris d’assaut le Capitole, lieu emblématique de la démocratie américaine, dans le but d’entraver la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden. Les inculpations à l’encontre de l’ancien président, tant au niveau fédéral, le 1er août, qu’au niveau de l’État de Géorgie le 14 août, pour des tentatives présumées illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020, avaient déjà suscité un débat juridique sur sa possible inéligibilité.
Sur une quinzaine de procédures en cours, la décision de la Cour suprême du Colorado est la première à aboutir à de telles conclusions, marquant ainsi une étape significative dans le débat entourant la candidature de Donald Trump pour l’élection présidentielle de 2024.